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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby
Autoren: C.L. Grace
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nouvelles tragiques étaient arrivées de Londres : le saint roi lancastrien, Henri VI, avait été fait prisonnier et on l'avait enfermé à la Tour, lieu sinistre. Édouard et ses frères avaient juré leurs grands dieux qu'on ne toucherait pas à un cheveu de sa tête; cependant, peu après l'arrivée à Londres des chefs yorkistes victorieux, Henri était mort subitement et mystérieusement. Certains disaient qu'il avait fait une chute ; d'autres qu'il avait été poignardé à mort par des partisans yorkistes. On avait porté son corps à Chertsey, et déjà des pèlerins venaient sur sa tombe, annonçant des guérisons miraculeuses. Bourchier lui-même avait été sollicité pour proclamer que Henri VI était mort en martyr et devait être canonisé.
    —
    Si Dieu désire punir une maison, reprit lentement l'archevêque, il dispose de moyens plus subtils que de s'en prendre à notre cité de Cantorbéry. Vous en convenez, Kathryn?
    Le médecin garda le silence.
    Bourchier remua sur son siège et tendit les mains vers le feu.
    —
    Quoi qu'il en soit, Kathryn... Maîtresse Swinbrooke... Vous assurerez à ce Malachi toute l'aide et les moyens nécessaires.
    Il se tut, levant les yeux sur le crucifix en bois noir accroché au mur au-dessus du manteau de la cheminée.
    —
    Saints et martyrs, murmura-t-il. À présent, abandonnons les rats à leurs chasseurs. Malachi Smallbones dispose de trois semaines pour prouver ce dont il se vante.
    Il pianota sur sa cuisse.
    —
    Croyez-vous aux miracles, Maîtresse Swinbrooke?
    —
    Dieu peut accomplir ce qui lui plaît.
    Se penchant, Bourchier pressa la main de la jeune femme.
    —
    Vous feriez un bon théologien, Maîtresse. Connaissez-vous les frères du Sac?
    Luberon fit un rapide clin d'œil : à son tour, il mettait Kathryn en garde.
    L'archevêque poursuivit :
    —
    Parmi eux se trouvait un religieux, membre de la congrégation, un certain Roger Atworth, qui avait largement dépassé les soixante-quinze ans.
    C'était un ancien soldat devenu marchand ; il abandonna toute sa fortune pour entrer dans la confrérie. Atworth ne tarda pas à se faire une réputation de sainteté et de pieuse austérité. La métamorphose étonnait les gens, en particulier ceux qui l'avaient connu en France, dont Cécile, veuve de Richard, duc d'York, et mère de notre roi.
    Bourchier se tut. Kathryn porta son regard sur la petite tablette sous le crucifix contenant une relique sacrée. Murtagh avait une fois combattu pour Richard d'York. L'Irlandais avait souvent parlé de la duchesse Cécile, une femme hautaine mais très belle. Dans sa jeunesse, on l'appelait « la Rose de Raby ».
    —
    Voilà qui explique pourquoi la duchesse Cécile est si souvent venue à Cantorbéry.
    —
    Atworth devint son confesseur, puis son conseiller, déclara Bourchier.
    —
    Était-il un charlatan? voulut savoir Kathryn.
    —
    Oh, non ! Le prieur Anselm le tenait pour un homme bon et saint, connu pour la sévère discipline qu'il s'infligeait, mais plein de compassion envers autrui. Au monastère, Atworth menait une vie d'austérité. Il portait un cilice, observait le jeûne et priait. Cependant, le prieur Anselm a reconnu qu'Atworth était hanté par son passé. D'horribles méfaits furent perpétrés en France, murmura Bourchier. Avez-vous jamais entendu parler des Écorcheurs, Kathryn?
    —
    Qui n'en a pas entendu parler? Homo lupus homini : l'homme est un loup pour l'homme.
    —
    Je vous le concède.
    Bourchier s'éclaircit la gorge, puis :
    —
    Simon, Kathryn, voulez-vous un peu de vin ?
    Les deux hôtes secouèrent la tête en se souriant. Un gobelet de vin ajouté à la chaleur du feu les ferait dormir. L'archevêque se tapota la panse.
    —
    J'en boirais volontiers, mais mon médecin m'a dit d'attendre après les vêpres.
    Il eut un sourire de connivence à l'adresse de Kathryn et reprit :
    —
    Ah oui, les Écorcheurs. C'étaient des compagnies de mercenaires qui combattaient sous les bannières des grands seigneurs anglais. On disait qu'ils écorchaient vivants les Français, d'où leur nom. Pas étonnant qu'on ait surnommé les Anglais les « Maudits de Dieu » ou les « Diables sans queue » !
    Quoi qu'il en soit, Atworth était un Écorcheur, mais tel Saul sur le chemin de Damas, il s'aperçut qu'il avait fait fausse route et revint à Dieu. Pour résumer une longue histoire, Atworth est mort le jour de la fête de l'Annonciation.
    —
    Quel âge avait-il? demanda Kathryn.
    —
    À peu près
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