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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre
Autoren: Eiji Yoshikawa
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on
lisait : « Meoto no taki. » La raison de ce nom « Chutes d’eau
masculine et féminine » était facile à comprendre : des rochers
divisaient les chutes en deux parties, la plus grande très virile d’aspect, l’autre
petite et discrète.
    Le bassin et les rapides écumants
sous les chutes allumèrent en Jōtarō un renouveau d’énergie.
Mi-bondissant, mi-dansant, il dévala la berge abrupte en criant vers le haut,
tout excité :
    — Il y a des poissons, en
bas.
    Quelques minutes plus tard, il
cria :
    — ... Je peux les attraper. J’ai
lancé une pierre, et l’un d’eux s’est retourné, mort.
    Peu après, sa voix, à peine
audible au-dessus du rugissement des cascades, se répercuta d’une autre
direction encore. Dans l’ombre de la petite hutte, Musashi et Otsū étaient
assis parmi d’innombrables arcs-en-ciel minuscules, faits par le soleil
brillant sur l’herbe mouillée.
    — Où croyez-vous que cet
enfant soit allé ? demanda-t-elle. Il est vraiment impossible à tenir.
    — Vous croyez ? J’étais
pire à son âge. Mais Matahachi était tout le contraire, sage comme une image.
Je me demande où il est. Il m’inquiète bien plus que Jōtarō.
    — Je suis contente qu’il ne
soit pas ici. S’il y était, je devrais me cacher.
    — Pourquoi ? je crois qu’il
comprendrait si nous lui expliquions.
    — J’en doute. Lui et sa mère
ne sont pas comme tout le monde.
    — Otsū, êtes-vous sûre
que vous ne changerez pas d’avis ?
    — A quel sujet ?
    — Je veux dire : ne
risquez-vous pas de décider qu’en réalité vous voulez épouser Matahachi ?
    La jeune fille eut une grimace de
surprise.
    — Absolument pas !
répondit-elle, indignée.
    Ses paupières devinrent d’un rose
d’orchidée, et elle se couvrit le visage de ses mains, mais le léger
tremblement de son col blanc avait presque l’air de crier : « Je suis
à vous, et à personne d’autre ! »
    Regrettant ses paroles, Musashi
tourna les yeux vers elle. Depuis plusieurs jours maintenant, il regardait la
lumière jouer sur le corps de la jeune fille : la nuit, la lueur
clignotante d’une lampe, le jour, les chauds rayons du soleil. En voyant sa
peau scintiller de transpiration, il avait songé à la fleur de lotus. Séparé de
sa couche par un simple paravent mince, il avait respiré la faible fragrance de
ses tresses noires. Maintenant, le rugissement de l’eau s’assimilait à la
pulsation de son sang, et il se sentait la proie d’une impulsion puissante.
    Soudain, il se leva pour gagner un
endroit ensoleillé où l’herbe hivernale était encore haute, puis s’assit
pesamment et soupira. Otsū vint s’agenouiller à côté de lui, lui entoura
les genoux de ses bras et ploya le cou pour lever les yeux vers le visage
silencieux, effrayé du jeune homme.
    — Qu’y a-t-il ?
demanda-t-elle. M’en voulez-vous de ce que j’ai dit ? Pardonnez-moi, je
regrette.
    Plus il devenait tendu – et
plus dur son regard – plus étroitement elle s’accrochait à lui. Puis,
tout d’un coup, elle l’étreignit. Son parfum, la chaleur de son corps l’accablèrent.
    — Otsū ! cria-t-il
impétueusement en la saisissant dans ses bras musculeux et en la renversant sur
l’herbe.
    La rudesse de cette étreinte coupa
le souffle à la jeune fille. Elle se débattit pour se libérer, et se blottit à
son côté.
    — Il ne faut pas ! Il ne
faut pas faire ça ! cria-t-elle d’une voix rauque. Comment avez-vous pu ?
Vous, entre tous...
    Les sanglots l’interrompirent. La
peine horrifiée qui se lisait dans ses yeux glaça soudain la brûlante passion
du jeune homme, qui revint à lui en un sursaut.
    — Quoi ! s’écria-t-il.
Quoi ?
    Submergé de honte et de colère,
lui-même se trouvait au bord des larmes.
    Elle était partie, ne laissant
derrière elle qu’un sachet détaché de son kimono. Le fixant de ses yeux
aveugles, Musashi poussa un gémissement puis tourna la face contre terre et
laissa couler dans l’herbe flétrie ses larmes de chagrin et de frustration. Il
avait le sentiment qu’elle s’était moquée de lui – qu’elle l’avait
trompé, vaincu, torturé, couvert de honte. Les paroles de la jeune fille – ses
lèvres, ses yeux, ses cheveux, son corps – ne l’avaient-elles pas
appelé ? Otsū n’avait-elle pas travaillé à lui enflammer le cœur,
puis, au moment où les flammes avaient jailli, ne s’était-elle pas enfuie,
terrorisée ?
    En vertu
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