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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre
Autoren: Eiji Yoshikawa
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prêtre la vit, il s’enflamma de passion. La
vertu qu’il avait si péniblement acquise au cours des années l’abandonna.
Englouti dans le brûlant désir... »
    « Allons, comment était-ce ?
Il semble que j’en aie oublié une partie. Ah ! oui... »
    — ... « Il retourna à sa
cabane faite de branches, et pria devant l’image du Bouddha mais la vision de
la femme persistait. Il avait beau invoquer le nom du Bouddha, sa propre voix
sonnait comme le souffle de l’illusion. Dans les nuages, au-dessus des
montagnes, au crépuscule, il croyait voir les peignes de la chevelure de la
femme. Cela le rendait triste. Lorsqu’il levait les yeux vers la lune
solitaire, sa face lui répondait par un sourire. Il était perplexe et
honteux... Craignant que de telles pensées ne l’empêchassent d’aller au paradis
lorsqu’il mourrait, il résolut de rencontrer la demoiselle afin de lui révéler
ses sentiments. De la sorte, il espérait avoir une mort paisible... Aussi
alla-t-il au palais impérial, et, ayant planté fermement son bâton dans le sol,
attendit-il, debout, tout un jour et toute une nuit »...
    — Pardon, monsieur. Vous, là,
sur la vache !
    L’homme semblait être un ouvrier à
la journée comme on en trouve dans le quartier du commerce en gros. Il passa
devant la vache, lui flatta le mufle et regarda, par-dessus sa tête, celui qui
la montait.
    — Vous devez venir du Mudōji,
dit-il.
    — C’est ma foi vrai. Comment
le savez-vous ?
    — J’ai prêté cette vache à un
marchand. Je suppose qu’il l’a laissée là-bas. Je l’ai louée ; aussi
vais-je devoir vous prier de me payer pour l’usage que vous en avez fait.
    — Bien volontiers. Mais
dites-moi, jusqu’où me laisseriez-vous l’emmener ?
    — Dès l’instant que vous
payez, vous pouvez l’emmener n’importe où. Vous n’aurez qu’à la remettre à un
marchand de gros de la ville la plus proche de l’endroit où vous allez. Alors,
quelqu’un d’autre la louera. Tôt ou tard, elle reviendra ici.
    — Ça me coûterait combien si
je l’emmenais à Edo ?
    — Il va falloir que je
demande à l’étable. De toute manière, c’est juste sur votre chemin. Si vous
décidez de la louer, vous n’aurez qu’à laisser votre nom au bureau.
    Le quartier du commerce de gros se
trouvait proche du gué d’Uchidegahama. Etant donné que beaucoup de voyageurs passaient
par là, Musashi se dit que c’était l’endroit rêvé pour se restaurer et acheter
certaines choses dont il avait besoin.
    Une fois conclus les arrangements
concernant la vache, il prit son petit déjeuner sans se presser et se mit en
route pour Seta, en savourant la perspective de revoir Otsū. A son propos,
il n’avait plus aucune hésitation. Jusqu’à leur rencontre sur la montagne, elle
avait toujours suscité une certaine peur en lui ; mais cette fois, c’était
différent : sa pureté, son intelligence et sa dévotion, par cette nuit de
clair de lune, avaient rendu sa confiance en elle plus profonde que l’amour.
    Il ne lui faisait pas seulement
confiance ; il savait qu’elle avait confiance en lui. Il avait juré qu’une
fois qu’ils seraient de nouveau réunis, il ne lui refuserait rien – à
condition, bien sûr, que cela ne mît pas en péril son mode de vie d’homme d’épée.
Ce qui l’avait inquiété auparavant c’était la peur que s’il s’autorisait à l’aimer,
son sabre perdît de son tranchant. Pareil au vieux prêtre de l’histoire, il
risquait de perdre la Voie. Qu’Otsū fût bien disciplinée, maintenant cela
ne faisait aucun doute ; elle ne deviendrait jamais un obstacle ou une
entrave. Maintenant, l’unique problème qui se posait à Musashi, c’était de s’assurer
que lui-même ne se noierait pas dans l’étang profond de l’amour.
    « Quand nous arriverons à
Edo, se dit-il, je veillerai à ce qu’elle reçoive le type de formation et d’éducation
dont une femme a besoin. Tandis qu’elle étudiera, je prendrai Jōtarō
avec moi et, ensemble, nous trouverons un plan encore plus élevé de discipline.
Et puis un jour, le moment venu... » La lumière reflétée par le lac lui
baignait le visage d’une lueur doucement miroitante.
    Les deux sections du pont de Kara,
l’une de quatre-vingt-seize largeurs de colonnes, et l’autre de vingt-trois
largeurs de colonnes, étaient reliées par une petite île. Sur l’île se dressait
un saule ancien, jalon pour les voyageurs. Le pont lui-même
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