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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre
Autoren: Eiji Yoshikawa
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était souvent
appelé « pont du saule ».
    — Le voilà ! s’écria Jōtarō
en s’élançant hors du magasin de thé sur la plus courte section du pont où il
fit signe à Musashi d’une main et désigna de l’autre le magasin de thé. Le
voilà, Otsū ! Vous le voyez ? Il monte une vache.
    Et il explosa en une petite danse.
Bientôt, Otsū fut debout à côté de lui, agitant la main, lui son chapeau
de vannerie. Un large sourire illuminait le visage de Musashi tandis qu’il approchait.
    Il attacha la vache à un saule, et
le trio pénétra dans le magasin de thé. Bien qu’Otsū eût appelé Musashi frénétiquement
alors qu’il était encore à l’autre bout du pont, maintenant qu’il se trouvait à
côté d’elle, les mots lui manquaient. Rayonnante de bonheur, elle laissait la
parole à Jōtarō.
    — Votre blessure est guérie,
disait l’enfant, en extase. Quand je vous ai vu sur la vache, j’ai pensé que c’était
peut-être que vous ne pouviez pas marcher. Mais nous avons pourtant réussi à
arriver ici les premiers, non ? Dès qu’Otsū a reçu votre lettre, elle
a été prête à partir.
    Musashi souriait, approuvant du
chef, murmurant des « oh » et des « ah » ; pourtant le
babil de Jōtarō sur Otsū et son amour, devant des inconnus, le
rendait mal à l’aise. Il insista pour passer sur une petite terrasse, derrière,
ombragée par un treillage de glycine. Otsū demeurait trop intimidée pour
parler, et Musashi devenait taciturne. Mais Jōtarō ne s’en souciait
pas ; son rapide bavardage se mêlait au bourdonnement des abeilles et des
taons. Il fut interrompu par la voix du patron, disant :
    — Vous feriez mieux de
rentrer. Un orage se prépare. Regardez comme le ciel s’assombrit au-dessus d’Ishiyamadera.
    Il s’affairait, enlevant les
stores de paille, et plaçant des volets de bois contre la pluie aux parois de
la véranda. La rivière était devenue grise ; des rafales de vent agitaient
frénétiquement les grappes de glycine couleur lavande. Tout d’un coup, un
éclair zébra le ciel, et des torrents de pluie se déversèrent.
    — Un éclair ! cria Jōtarō.
Le premier de cette année. Dépêchez-vous, Sensei . Oh ! la pluie est
arrivée juste au bon moment. C’est parfait.
    Mais si pour Jōtarō l’averse
était « parfaite », elle embarrassait Musashi et Otsū :
retourner ensemble à l’intérieur leur donnerait l’impression d’être des
amoureux de roman. Musashi resta en arrière, et Otsū, rougissante, se tint
au bout de la terrasse, guère mieux protégée contre les éléments que les fleurs
de glycine.
     
    L’homme, brandissant une natte de
paille au-dessus de sa tête pour courir à travers le déluge, avait l’air d’un
vaste parapluie ambulant. Il se précipita sous l’auvent d’un porche de
sanctuaire, lissa la broussaille de ses cheveux mouillés, et leva un œil
interrogateur vers les nuées.
    — On se croirait en plein
été, grommela-t-il.
    On n’entendait aucun son, hormis
la pluie battante, mais un éclair lui fit porter ses mains aux oreilles.
Matahachi se blottit avec effroi près d’une statue du dieu de la foudre, qui se
dressait à côté du portail.
    Aussi soudainement qu’elle avait commencé,
la pluie cessa. Les nuages noirs se déchirèrent, le soleil rayonna, et la rue
ne fut pas longue à retrouver son aspect normal. Quelque part au loin,
Matahachi percevait le son des shamisens. Comme il se remettait en route, une
femme vêtue en geisha traversa la rue et s’avança droit vers lui.
    — Vous vous appelez bien
Matahachi ? demanda-t-elle.
    — Oui, répondit-il d’un ton
soupçonneux. Comment le savez-vous ?
    — L’un de vos amis se trouve
en ce moment dans notre magasin. Il vous a vu par la vitrine, et m’a dit d’aller
vous chercher.
    Jetant un coup d’œil autour de
lui, il constata que dans le voisinage il y avait plusieurs bordels. En dépit
de ses hésitations, la femme l’entraîna vers le sien.
    — Si vous avez autre chose à
faire, dit-elle, inutile de rester longtemps.
    A leur entrée, les filles se
jetèrent littéralement sur lui, lui essuyant les pieds, lui enlevant son kimono
mouillé, insistant pour qu’il montât au salon. Quand il demanda qui était l’ami
en question, elles éclatèrent de rire et lui répondirent qu’il ne tarderait pas
à le savoir.
    — Eh bien ! dit
Matahachi, j’ai été dehors sous la pluie ; aussi je resterai jusqu’à ce
que mes
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