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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre
Autoren: Eiji Yoshikawa
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vêtements soient secs, mais n’essayez pas de me retenir davantage. Il y
a un homme qui m’attend au pont de Seta.
    Avec force gloussements, les
femmes lui promirent qu’il partirait de bonne heure, tout en le poussant
presque en haut de l’escalier. Au seuil du salon, il fut accueilli par une voix
d’homme :
    — Tiens, tiens, je veux être
pendu si ce n’est pas mon ami Inugarni Sensei  !
    Matahachi crut un moment qu’il y
avait erreur sur la personne, mais lorsqu’il regarda dans la pièce, le visage
lui parut vaguement familier.
    — Qui donc êtes-vous ?
demanda-t-il.
    — Avez-vous oublié Sasaki Kojirō ?
    — Que non, se hâta de
répondre Matahachi. Mais pourquoi m’appelez-vous Inugami ? Mon nom est Hon’iden,
Hon’iden Matahachi.
    — Je sais, mais je me
souviens toujours de vous tel que vous étiez cette nuit-là, avenue Gojō, à
faire de drôles de grimaces à une troupe de corniauds errants. Il me semble qu’Inugami –
dieu des chiens – est un nom qui vous convient.
    — Cessez ! Il n’y a pas
là de quoi plaisanter. J’ai passé par votre faute, cette nuit-là, un terrible
quart d’heure.
    — Je n’en doute pas. A la
vérité, si je vous ai fait chercher aujourd’hui, c’est que je veux vous rendre
service, pour changer. Entrez donc, asseyez-vous. Donnez du saké à cet homme,
les filles.
    — Je ne peux rester. J’ai
rendez-vous à Seta. Je ne puis me permettre d’être ivre aujourd’hui.
    — Avec qui avez-vous
rendez-vous ?
    — Avec un certain Miyamoto. C’est
un ami d’enfance, et...
    — Miyamoto Musashi ?
Avez-vous pris rendez-vous avec lui quand vous étiez à l’auberge du col ?
    — Comment l’avez-vous su ?
    — Oh ! je sais tout sur
vous, tout sur Musashi également. J’ai rencontré votre mère — Osugi, c’est
bien ça ? — au grand temple du mont Hiei. Elle m’a mis au courant de tous
ses ennuis.
    — Vous avez parlé avec ma
mère ?
    — Oui. Une femme
merveilleuse. Je l’admire, comme l’admirent tous les prêtres du mont Hiei. J’ai
tâché de l’encourager.
    Il rinça sa coupe dans une cuve d’eau,
l’offrit à Matahachi et reprit :
    — ... Tenez, buvons ensemble
pour laver notre vieille inimitié. Inutile de vous soucier de Musashi si vous
avez Sasaki Kojirō dans votre camp.
    Matahachi refusa la coupe.
    — ... Pourquoi ne buvez-vous
pas ?
    — Impossible, il faut que je
parte.
    Tandis que Matahachi se levait, Kojirō
le saisit fermement par le poignet en lui disant :
    — Asseyez-vous !
    — Mais Musashi m’attend.
    — Ne soyez pas stupide !
Si vous vous attaquez tout seul à Musashi, il vous tuera instantanément.
    — Vous faites complètement
fausse route ! Il a promis de m’aider. Je vais avec lui à Edo pour
repartir à zéro dans la vie.
    — Vous voulez dire que vous
feriez confiance à un homme tel que Musashi ?
    — Oh ! Je sais, beaucoup
de gens disent qu’il ne vaut rien. Mais c’est parce que ma mère est allée
partout le calomnier. Pourtant, elle se trompe, elle s’est trompée d’un bout à
l’autre. Maintenant que j’ai parlé avec lui, j’en suis plus certain que jamais.
Il est mon ami, et je vais apprendre de lui à devenir quelqu’un, moi aussi.
Même si je m’y prends un peu tard.
    En proie au fou rire, Kojirō
frappait le tatami de sa main.
    — Comment avez-vous pu être
aussi naïf ? Votre mère m’a bien dit que vous étiez d’une extraordinaire
naïveté, mais être dupé par...
    — C’est faux !
Musashi...
    — Silence ! Ecoutez-moi.
D’abord, comment avez-vous pu songer à trahir votre propre mère en vous alliant
à son ennemi ? C’est inhumain. Même moi, pour qui elle n’est rien, j’ai
été si ému par cette vaillante vieille dame que j’ai juré de lui donner tout l’appui
en mon pouvoir.
    — Votre opinion m’indiffère.
Je vais rencontrer Musashi ; n’essayez pas de m’en empêcher. Toi, la
fille, apporte mon kimono. Il doit être sec maintenant.
    Levant ses yeux d’ivrogne, Kojirō
lui ordonna :
    — N’y touche pas avant que je
ne te le dise. Et maintenant, écoutez, Matahachi : si vous avez l’intention
d’aller avec Musashi, vous devriez au moins en parler d’abord à votre mère.
    — Je continue mon chemin
jusqu’à Edo avec Musashi. Si je deviens quelqu’un là-bas, tout le problème se
résoudra de lui-même.
    — On croirait entendre
Musashi. A la vérité, je parierais qu’il vous a soufflé ces
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