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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre
Autoren: Eiji Yoshikawa
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rendit à la véranda.
    — ... Vous ne vous ennuyez
pas ? demanda-t-il.
    — Non ; j’ai de nombreux
sujets de réflexion.
    — Ça vous ferait plaisir, d’apprendre
une bonne nouvelle ?
    — Laquelle ?
    — Au sujet de Musashi. J’ai
entendu dire qu’il n’est pas tellement loin d’ici.
    — Où ?
    — Depuis des jours et des
jours, je demande partout si l’on sait où il se trouve, et aujourd’hui j’ai
appris qu’il séjourne au Mudōji, sur le mont Hiei.
    — Dans ce cas, je suppose que
tout va bien pour lui.
    — Sans doute, mais je crois
que nous devrions y aller sans tarder, avant qu’il ne s’en aille. J’ai faim.
Pourquoi ne pas vous préparer pendant que je mange quelque chose ?
    — Il y a des boulettes de riz
enveloppées de feuilles. Elles sont dans cette boîte, là-bas. Sers-toi.
    Quand Jōtarō eut fini
ses boulettes, Otsū n’avait pas bougé de la table.
    — Qu’est-ce qui se passe ?
demanda-t-il en la considérant d’un œil soupçonneux.
    — Je ne crois pas que nous
devrions y aller.
    — Ça, alors... Par moments,
vous mourez de ne pas voir Musashi, et l’instant suivant, vous prétendez que
vous ne voulez pas le voir.
    — Tu ne comprends pas. Il
connaît mes sentiments. Le soir où nous nous sommes rencontrés sur la montagne,
je lui ai dit tout ce qu’il y avait à dire. Nous pensions ne jamais nous revoir
en vie.
    — Mais vous pouvez le revoir ;
aussi, qu’est-ce que vous attendez ?
    — Je ne sais pas ce qu’il
pense, s’il est satisfait de sa victoire ou s’il se contente de rester à l’abri.
Quand il m’a quittée, je me suis résignée à n’être plus jamais avec lui dans
cette vie. Je ne crois pas que je devrais y aller à moins qu’il ne m’envoie chercher.
    — Et s’il ne le fait pas
avant des années ?
    — Je continuerai de faire ce
que je fais en ce moment précis.
    — Rester assise là, à
regarder le ciel ?
    — Tu ne comprends pas. Mais
peu importe.
    — Qu’est-ce que je ne
comprends pas ?
    — Les sentiments de Musashi.
Je sens vraiment que maintenant, je peux lui faire confiance. Je l’aimais de
tout mon cœur et de toute mon âme, mais je ne pense pas que je croyais en lui
complètement. Maintenant, je crois en lui complètement. Tout a changé... Nous
sommes plus proches que les branches d’un même arbre. Même si nous sommes
séparés, même si nous mourons, nous serons encore ensemble. Aussi, rien ne peut
plus faire que je me sente seule. Maintenant, je prie uniquement pour qu’il
trouve la Voie qu’il cherche.
    Jōtarō explosa.
    — Vous mentez ! s’écria-t-il.
Les femmes ne peuvent-elles pas même dire la vérité ? Si vous voulez agir
comme ça, très bien, mais ne me répétez plus jamais combien vous avez envie de
voir Musashi. Pleurez toutes les larmes de votre corps ! Ça m’est
complètement égal.
    Il s’était donné beaucoup de peine
pour découvrir où Musashi s’était rendu après Ichijōji – et
voilà ce qui arrivait ! Il ignora Otsū, et n’ouvrit plus la bouche du
reste de la journée.
    Juste après la tombée du jour, une
torche rougeâtre traversa le jardin, et l’un des samouraïs du seigneur
Karasumaru frappa à la porte. Il tendit une lettre à Jōtarō, en
disant :
    — C’est de Musashi à Otsū.
Sa Seigneurie a dit qu’Otsū devait prendre bien soin d’elle-même.
    Il tourna les talons et repartit. « C’est
bien l’écriture de Musashi, se dit Jōtarō. Il doit être vivant. »
Puis, avec une certaine indignation : « Cette lettre est adressée à Otsū,
pas à moi, à ce que je vois. » Venant du fond de la chaumière, Otsū
dit :
    — Ce samouraï a apporté une
lettre de Musashi, n’est-ce pas ?
    — Oui, mais je ne crois pas
que ça vous intéresse, répliqua-t-il, boudeur, en cachant la lettre derrière
son dos.
    — Oh ! arrête, Jōtarō.
Laisse-moi la lire ! implora Otsū.
    Il résista un moment, mais, à la
première menace de larmes, jeta l’enveloppe à la jeune fille.
    — Ha ! triompha-t-il.
Vous prétendez que vous ne voulez pas le voir, mais vous ne pouvez pas attendre
de lire sa lettre.
    Tandis qu’elle s’accroupissait
auprès de la lampe, le papier tremblant dans ses doigts blancs, la flamme
semblait exprimer une gaieté particulière, présage de bonheur et de chance. L’encre
étincelait comme un arc-en-ciel, et les larmes, sur les cils de la jeune fille,
comme des joyaux. Soudain transportée en un monde dont
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