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La passagère du France

La passagère du France

Titel: La passagère du France
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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l’Académicien, Sophie et Béatrice étaient restées affalées sur le canapé et elles y étaient encore quand le téléphone intérieur les sortit de leur léthargie. Elles laissèrent sonner. Au bout d’un moment la sonnerie s’arrêta et Sophie regretta alors de ne pas avoir décroché. Elle se demandait qui les avait appelées avec cette insistance et elle pensa à l’officier. Aussi, quand la sonnerie retentit à nouveau, elle se rua sur le combiné.
    — Qui c’est ? chuchota Béatrice, intriguée.
    — Michèle du pressing, chuchota à son tour Sophie tout en mettant la main sur le micro du téléphone pour ne pas être entendue à l’autre bout.
    Qu’est-ce que Michèle pouvait bien leur vouloir ? La conversation se poursuivait et, aux réponses de Sophie, Béatrice ne pouvait pas déceler la moindre indication sur la raison de l’appel. Mais elle voyait le visage de Sophie s’éclairer.
    — Vous croyez ? disait cette dernière... Ah bon !... Mais comment ? Vous êtes bien sûre ? Il ne faudrait pas que... Roger, dites-vous ?... D’accord, d’accord. 21 heures donc, c’est ça ? ... Bon bon, mais je ne sais pas si... Je ne pourrais rien faire, vous savez... Oui, on ne sait jamais... mais... Bon, bon, je vais essayer, d’accord.
    Quand elle raccrocha, Sophie avait retrouvé le sourire.
    Béatrice, elle, affichait une mine consternée et son bonnet de bain pendait sur le côté. Sophie éclata de rire en la voyant ainsi.
    — Mais qu’est-ce qui te prend ? dit Béatrice.
    — Allez ! répondit Sophie, hilare, va vite retirer cet abominable bonnet de bain et finis de te préparer que je prenne la suite. On n’a plus une minute à perdre !
    — On sera au deuxième dîner et on ira au bal ! Vite, vite ! ! ! Michèle a résolu notre affaire !

 
    47
    En cette soirée prestigieuse, toutes les lumières de la salle Chambord étaient allumées et diffusaient un scintillement rosé d’une finesse jamais obtenue auparavant par aucun éclairage d’aucune sorte. C’était magique. Les invités sous ces sunlights modernes affichaient des mines d’une fraîcheur juvénile et ils souriaient, privilégiés parmi les privilégiés, avec le sentiment d’être sur cette terre, en cet instant précis, à l’endroit idéal. Et ce sentiment les confortait dans l’idée qu’ils appartenaient à l’élite du monde. Une élite sûre d’elle et pleine d’avenir.
    Sophie ne partageait pas ce sentiment, bien au contraire. Après l’immense joie qui l’avait gagnée quand elle avait su qu’elles iraient au bal, l’inquiétude s’était installée. Elle ne serait pas ce soir une invitée comme les autres, insouciante. Investie d’une mission et peu habituée à s’occuper des autres elle avait la sensation affreuse d’avoir fait la plus grosse erreur qui soit en s’intéressant au cas de Gérard et d’Andrei. Parce que, depuis qu’elle avait mis le doigt dans cet engrenage, il lui avait été impossible de profiter du voyage, impossible de se laisser aller à la merveilleuse vanité des choses humaines. Elle avait maintenant entre les mains le destin d’un homme et elle prenait conscience que ce qui lui avait paru être une affaire simple qui se réglerait avec un peu de bonne volonté, se transformait en parcours du combattant. Là était tout le problème. Sophie ne se sentait en rien l’âme d’une justicière, elle avait simplement voulu rendre service et elle avait surtout pensé que ça ne lui prendrait que peu de temps et d’efforts. Or voilà que cette affaire des deux marins l’avait menée jusqu’à Jackie Kennedy et maintenant à ce dîner où on attendait d’elle qu’elle produise un miracle pour eux. Mais comment ?
    Elle avait passé une robe Courrèges courte, blanche et très structurée. Comme le lui avait expliqué Michèle au téléphone, Roger les attendait, elle et Béatrice. Et cette fois il était bel et bien là. Il les avait guidées vers une table un peu excentrée, idéale pour pouvoir observer la table du commandant où serait Jackie Kennedy.
    — Comme ça, en les ayant sous la main, vous aurez le temps de réfléchir à ce que vous pouvez faire, lui avait dit Michèle.
    — Faire quoi ? avait répondu Sophie.
    — Vous trouverez. Bonne chance, on compte sur vous.
    « On compte sur vous ! » Sur le moment, au téléphone avec Michèle, Sophie n’avait pas bien mesuré le poids de ces paroles. Elle n’avait pensé qu’à la chance de
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