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La passagère du France

La passagère du France

Titel: La passagère du France
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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l’Académicien. Il revenait chercher le magazine. Il pensait en avoir un autre, mais tout le monde se l’était arraché dès l’arrivée à New York. Or il voulait montrer sa photo en pages intérieures à Joseph Kessel.
    — Je vous le rendrai dès demain. Mais... dit-il en découvrant Béatrice à moitié nue qui se terrait dans le canapé avec son visage rouge et son bonnet de bain de travers sur la tête, vous m’avez l’air bizarre toutes les deux. Que se passe-t-il ?
    — Rien, dit Sophie en désignant la porte, on a juste envie de terminer notre toilette en paix.
    — Allons, allons, je suis un vieux briscard et je vois bien qu’il y a autre chose et que ça ne va pas fort. Qu’y a-t-il ?
    Sophie tenta une pirouette.
    — Il y a qu’on se croyait assez fortes pour soulever des montagnes et on vient de s’apercevoir qu’on s’est trompées ! Ça vous va comme explication ?
    — Oh là, je sens que je ne viens pas au bon moment. Je ne vous dérange pas plus longtemps, fit-il et, juste avant de refermer la porte, il se retourna : Pour soulever des montagnes, dit-il en prenant un air mystérieux, je ne connais qu’une seule chose.
    — L’amour, lâcha-t-il. Il n’y a que l’amour qui soulève des montagnes.
    Et il partit enfin.
    — Nous voilà bien avancées, dit Béatrice, contrariée d’avoir été surprise dans sa tenue peu flatteuse. Quand je pense qu’il brigue l’Académie ! Si c’est pour sortir de telles fadaises, j’en fais autant.
    Mais Sophie restait songeuse. Les paroles de l’Académicien semblaient avoir touché chez elle quelque chose de profond. Les événements avaient beau lui dire de se méfier, quelque chose en elle gardait à l’officier toute sa confiance. Mieux, plus le mystère autour de lui s’épaississait, plus elle s’attachait à lui.

 
    45
    Du pressing, Michèle avait beaucoup réfléchi à tout ce qui s’était passé et elle tournait et retournait les choses dans sa tête. Que ce soit cette Sophie qui ait pris les choses en main pour aider Gérard et Andrei, ça l’avait impressionnée, et maintenant elle se sentait en reste. Elle avait donc décidé de ne pas lâcher l’affaire. Il fallait aller jusqu’au bout pour désamorcer la sanction des deux marins qui pouvait coûter cher à tout le monde. Elle s’empara du téléphone, son instrument favori.
    En décrochant à l’autre bout, Roger eut bien envie de l’envoyer promener. Elle commençait à le faire suer avec ses exigences sans queue ni tête et il ne comptait pas obtempérer à chaque fois qu’une lubie lui passait par la tête.
    — Michèle, dit-il fermement après l’avoir écoutée, il faudrait savoir ce que tu veux avec tes passagères. Un coup il faut les virer des dîners, et maintenant il faut les y mettre. Je ne peux pas balader les gens comme ça au gré de tes humeurs. Surtout ce soir. C’est impossible ! Impossible, je te dis, il faut te le répéter combien de fois ? Elles sont au premier service, elles y restent. Je n’ai pas le pouvoir de les passer au second.
    — Tu dis que tu n’as aucun pouvoir à la salle à manger ? cria Michèle. À qui veux-tu faire croire ça ? Tu y fais la pluie et le beau temps. Allez, Roger, rends-moi ce dernier service, fit-elle, soudain plus mielleuse, et je te jure que tes chemises passeront en catégorie luxe et toujours en premier.
    — Ça m’est bien égal de passer le premier ! hurla-t-il. Je ne peux pas faire ce que tu me demandes, un point c’est tout !
    Mais on ne se débarrassait pas de Michèle aussi facilement. Elle jouait le chaud et le froid et ne lâchait jamais.
    — Ça t’est peut-être égal de passer le premier, mais ça pourrait te faire drôle si tu passais toujours en dernier, par exemple. Et faire ton service avec des chemises sales et grises, ça ne te plairait pas, je suppose, toi qui es un maniaque de la blancheur et du repassage impeccable !
    — Oh, mais dis donc ! C’est du chantage, ça, Michèle ! Ce n’est pas bon du tout.
    — Non, ce n’est pas bon, comme tu dis. C’est pour ça qu’il faut arriver à se comprendre. Sinon, tu auras la solution de faire ta lessive dans l’évier de ta cabine et le repassage sur ta couchette.
    — Michèle, je n’aime pas que tu me parles comme ça !
    — Mais comment veux-tu que je te parle à la fin ! Je te demande un petit service et tu fais des façons. Alors il faut bien que je me débrouille, surtout que, cette fois, ce
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