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La passagère du France

La passagère du France

Titel: La passagère du France
Autoren: Bernadette Pecassou-Camebrac
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participer au dîner et au bal. Maintenant, dans le bruissement de la salle qui se remplissait au fur et à mesure, dans cette assemblée sophistiquée, elle doutait fortement de la possibilité d’accomplir sa mission.
    Mon Dieu, se dit-elle, un peu perdue, en regardant l’assemblée, comment faire quelque chose ici pour ces marins ? Ce ne sont que des gens riches et comblés qui n’ont aucune envie de s’entendre solliciter pour deux marins qu’ils ne connaissent même pas.
    — Quelle folie ! dit-elle à Béatrice. Comment ai-je pu me mettre dans une histoire pareille ?
    — Je t’avais prévenue !
    — On n’avait pas le droit de ne rien faire ! N’oublie pas que tu as une sacrée part de responsabilité dans ce qu’il leur arrive.
    — Et alors ! Tu as une solution à part me dire de battre ma coulpe pendant des heures ?
    — Non, avoua Sophie, abattue.
    — Écoute, conclut Béatrice, que cette affaire dérangeait au plus haut point depuis le début et qui sentait là l’occasion de faire enfin fléchir Sophie. Jackie Kennedy, tu oublies. Tu ne peux pas faire de miracles et c’est déjà bien beau que tu t’en sois occupé autant. Tu ne vas pas en plus gâcher ce dernier soir !
    Sophie avait envie de se laisser convaincre. Elle réfléchissait en écoutant son amie et elle se disait que, même si elle remuait ciel et terre ce soir, ce ne serait de toute façon pas efficace. Les invités étaient là pour faire la fête, pas pour s’embarrasser avec des histoires d’injustices.
    — Après tout, dit-elle comme pour se persuader, tu as raison. J’ai fait ce qu’il fallait et même au-delà. Tu te rends compte que j’ai été jusqu’à en parler à la femme du président des États-Unis !
    — Mais je te le dis depuis le début ! Tu as fait le maximum ! Cette histoire concerne les responsables du France, pas une simple passagère comme toi. Il devenait urgent que tu t’en rendes compte ! Alors maintenant, s’il te plaît, oublie, passe à autre chose.
    Sophie acquiesça et Béatrice poussa un long soupir de soulagement. Le commandant et les derniers invités devaient arriver d’une minute à l’autre. La soirée allait commencer et la chasse aux relations prestigieuses aussi. Le bal serait idéal.

 
    48
    Chantal n’avait pas pu rester en place.
    — Va prendre l’air, ça te soulagera, lui avait dit Michèle qui la voyait tourner en rond dans le pressing.
    Elle ne se l’était pas fait dire deux fois. Elle n’avait même pas pris le temps d’attendre les ascenseurs et grimpait les escaliers quatre à quatre. Son coeur battait de plus en plus fort, elle étouffait. Quand elle arriva au dernier palier du dernier pont, elle dut s’arrêter et s’appuyer contre la cloison. Petit à petit elle reprit sa respiration, son coeur se calma et elle put alors ouvrir la porte du pont supérieur.
    Devant elle le spectacle était éblouissant. Amarré au quai 88, le France dominait les abords de New York. Sur l’autoroute qui longeait l’Hudson, les phares des voitures filaient rapidement, laissant dans leur sillage des traces de lumières reliées entre elles comme des rubans de couleurs. Partout, où que Chantal regarde, à l’horizon des routes ou vers le haut des gratte-ciel, partout il y avait des lumières. La ville dans la nuit était fascinante. Encore étourdie de sa course, trop éblouie, Chantal leva la tête plus haut, pour dépasser les buildings. Elle cherchait le ciel.
    Il était là. Aussi proche et inaccessible que le ciel de France qu’elle avait regardé si souvent, petite, depuis la fenêtre de sa chambre quand elle trouvait que la vie était trop dure. Ce soir, il y avait plein d’étoiles. Elle connaissait les ciels de l’hiver et les aimait plus que tout. Pour leur netteté. Rien de trouble, seulement la lune, les étoiles et le bleu de la nuit. Si elle était montée tout en haut du paquebot, c’était parce qu’en bas elle ne trouvait plus sa respiration. Une part de sa vie allait se jouer ce soir. Une part de sa vie était entre les mains de cette passagère, à quelques ponts au-dessous, au milieu des coupes de Champagne et des musiques assourdissantes de la salle Chambord. En venant sur ce pont, sachant que tous les officiers et les riches invités qui y logeaient étaient au dîner, Chantal avait cru que l’attente serait moins dure et que, dans le silence, elle s’apaiserait. Or, c’était l’inverse. Face aux milliers de lumières qui
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