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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere
Autoren: Eiji Yoshikawa
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cesse.
    Mais il n’avait guère le temps de
l’évaluer. Les coups succédaient aux coups, de seconde en seconde, presque,
tandis que la bouche de Gonnosuke vomissait un juron après l’autre. Tantôt il
se servait des deux mains, tantôt d’une seule, exécutant avec une souple
dextérité le coup par-dessus la tête, le coup latéral, le coup d’estoc et de
taille. Un sabre, étant nettement divisé en lame et en poignée, n’a qu’une
seule pointe, mais les deux bouts d’un bâton peuvent être mortels. Gonnosuke
maniait le sien avec la même agilité qu’un fabricant de bonbons sa pâte :
tantôt il était long, tantôt court, tantôt invisible, tantôt haut, tantôt
bas... partout à la fois, semblait-il. De sa fenêtre, la vieille femme pressait
son fils de faire attention :
    — Gonnosuke ! Il ne
ressemble pas à un samouraï ordinaire !
    Elle avait l’air aussi impliquée
dans le combat que lui.
    — Ne t’inquiète pas !
    Savoir qu’elle regardait semblait
hausser l’esprit combatif de Gonnosuke à un niveau plus élevé encore.
    A ce moment, Musashi esquiva un
coup porté à son épaule ; du même élan il se glissa près de Gonnosuke et
lui saisit le poignet. L’instant suivant, le fermier se trouvait les quatre fers
en l’air.
    — Attendez ! cria la
mère en brisant le montant de la fenêtre dans son excitation.
    Ses cheveux se dressaient sur sa
tête ; elle semblait frappée par la foudre de voir son fils à terre. Son
expression hagarde empêcha Musashi de faire ce qui logiquement aurait dû
suivre : tirer son sabre et achever Gonnosuke.
    — Très bien,
j’attendrai ! cria-t-il en se mettant à califourchon sur la poitrine de
Gonnosuke pour le clouer au sol.
    Gonnosuke se débattait vaillamment
pour se libérer. Le dos arqué, ses jambes, sur lesquelles Musashi n’avait
aucune prise, volaient dans les airs, puis se rabattaient sur le sol. Musashi
ne pouvait faire plus que de le maintenir au sol. La mère s’élança de la porte
de la cuisine en vitupérant :
    — Regarde-toi ! Comment
donc as-tu pu te fourrer dans un pétrin pareil ?
    Mais elle ajouta :
    — ... Ne renonce pas. Je suis
là pour t’aider.
    Comme elle avait demandé à Musashi
d’attendre, il supposait qu’elle allait se jeter à genoux pour le supplier de
ne pas tuer son fils. Mais un coup d’œil lui montra qu’il se trompait
lourdement. Derrière elle, elle tenait la lance, maintenant tirée de son
fourreau ; il aperçut la lueur de la lame. Et il sentit les yeux de la
vieille lui brûler le dos.
    — ... Sale rōnin !
cria-t-elle. Tu veux faire le malin ? Tu nous prends pour de simples
lourdauds de fermiers, n’est-ce pas ?
    Musashi ne pouvait se retourner
pour repousser une attaque venue de l’arrière : Gonnosuke se tortillait de
manière à placer Musashi dans une position avantageuse pour sa mère.
    — Ne t’inquiète pas,
mère ! disait-il. Je me débrouillerai. Ne t’approche pas trop.
    — Garde ton calme, lui
recommandait-elle. Tu ne dois pas te laisser vaincre par des gens de son
espèce. Souviens-toi de mes ancêtres ! Qu’est-il advenu du sang que tu as
hérité du grand Kakumyō, qui s’est battu aux côtés du général de Kiso.
    — Je n’oublierai pas !
hurla Gonnosuke.
    A peine ces mots étaient-ils
sortis de sa bouche qu’il parvint à lever la tête et à planter ses dents dans
la cuisse de Musashi ; en même temps, il lâchait son bâton pour frapper
des deux mains son adversaire. La vieille choisit cet instant pour viser de sa
lance le dos de Musashi.
    — Attendez ! cria ce
dernier.
    Ils étaient parvenus à un stade où
l’affaire ne semblait pouvoir se régler que par la mort de l’un d’eux. Si
Musashi avait été absolument certain qu’en l’emportant il pourrait délivrer
Otsū et Jōtarō, il aurait insisté. Or, il lui semblait plus
valeureux d’observer une pause afin de discuter. Il se tourna vers la vieille
pour lui dire d’abaisser sa lance.
    — Que dois-je faire, mon
fils ?
    Gonnosuke avait beau se trouver
encore cloué au sol, il nourrissait aussi des arrière-pensées. Peut-être ce rōnin
avait-il une raison quelconque de croire que ses compagnons étaient là. Il
était absurde de risquer la mort sur un malentendu.
    Une fois qu’ils se furent séparés,
il ne leur fallut que quelques minutes pour comprendre qu’il s’agissait d’une
grosse erreur. Tous trois regagnèrent la maison et le feu ardent.
S’agenouillant
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