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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere
Autoren: Eiji Yoshikawa
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gratitude. Quelle
malchance c’eût été de ne pas connaître la technique éblouissante de ce grand
combattant !
    Gonnosuke s’arrêta et dit :
    — Mieux vaut que vous
attendiez ici. Ces gens-là doivent être endormis, et il ne faut pas les
effrayer. Je vais y aller seul, voir si je peux découvrir quelque chose.
    Il désignait la maison, dont le
toit de chaume avait l’air presque enfoui dans les arbres. Un froissement de
bambous accompagna sa course. Bientôt, Musashi l’entendit frapper fort à la
porte.
    Quelques minutes plus tard, il
revint avec une histoire qui paraissait fournir à Musashi son premier indice
véritable. Il avait fallu un moment à Gonnosuke pour faire comprendre à l’homme
et à sa femme ce qu’il demandait, mais la femme avait fini par lui raconter quelque
chose qui lui était arrivé l’après-midi même.
    Un peu avant le coucher du soleil,
en rentrant de faire des courses, la femme avait vu un jeune garçon courir en
direction de Yabuhara, les mains et la figure couvertes de boue, un long sabre
de bois passé dans son obi. Lorsqu’elle l’eut arrêté pour lui demander ce qui
n’allait pas, il lui répondit en lui demandant où se trouvait le bureau du
représentant du shōgun. Après quoi, il lui déclara qu’un méchant homme
avait emporté la personne avec laquelle il voyageait. Elle lui représenta qu’il
perdait son temps ; jamais les gens du shōgun n’organiseraient des
recherches pour une personne du commun. S’il s’agissait de quelqu’un
d’important, ils retourneraient la moindre miette de crottin de cheval, le
moindre grain de sable, mais ils n’avaient que faire des gens ordinaires. En
tout cas, pour une femme d’être enlevée ou pour un voyageur d’être détroussé
par des brigands de grand chemin n’avait rien de bien extraordinaire. Des
choses pareilles se produisaient matin, midi et soir.
    Elle avait dit à l’enfant d’aller,
au-delà de Yabuhara, à un endroit appelé Narai. Là, à un croisement facile à
repérer, il trouverait un marchand d’herbes en gros. Cet homme, du nom de Daizō,
écouterait son histoire et selon toute probabilité s’offrirait à l’aider. A la
différence des fonctionnaires, Daizō non seulement avait de la compassion
envers les faibles, mais se donnait beaucoup de mal pour les secourir s’il
estimait que leur cause le méritait. Gonnosuke termina en disant :
    — Il m’a semblé que l’enfant
était Jōtarō. Qu’en pensez-vous ?
    — J’en suis convaincu,
répondit Musashi. Je suppose que le mieux serait d’aller à Narai le plus rapidement
possible, trouver ce Daizō. Grâce à vous, j’ai au moins une idée de ce que
je dois faire.
    — Pourquoi ne pas passer chez
moi le reste de la nuit ? Vous pourriez partir dans la matinée, après
avoir pris le petit déjeuner.
    — Vraiment ?
    — Sûr. En traversant l’étang
de Nobu, nous pouvons rentrer en moins de la moitié du temps que nous avons mis
pour venir ici. J’ai demandé à l’homme ; il nous permet de prendre son bateau.
    L’étang, au bout d’une petite
marche pour descendre la colline, ressemblait à une gigantesque peau de
tambour. Entouré de saules pourpres, il pouvait avoir douze à treize cents
mètres de diamètre. L’ombre obscure du mont Koma se reflétait dans ses eaux,
ainsi qu’un ciel plein d’étoiles.
    Musashi tenant la torche,
Gonnosuke manœuvrant la perche, ils glissaient en silence au milieu de l’étang.
Le reflet de la torche dans l’eau calme était bien plus rouge que la torche
même.
     
     
Crochets venimeux
     
    De loin, la torche et son reflet
avaient l’air d’un couple d’oiseaux de feu nageant à travers la calme surface
de l’étang de Nobu.
    — Quelqu’un vient !
chuchota Matahachi. Bon, nous irons par là, dit-il en tirant sur la corde avec
laquelle il avait attaché Otsū. Allons !
    — Je ne bougerai pas !
protesta la jeune fille.
    — Debout !
    Avec l’extrémité de la corde, il
lui fouetta le dos, encore et encore. Mais chaque coup renforçait sa
résistance. Matahachi perdit courage.
    — ... Allons, viens,
implora-t-il. Je t’en prie, marche.
    Comme elle refusait toujours de se
lever, la colère du jeune homme explosa de nouveau, et il la saisit au collet.
    — ... Tu viendras, que ça te
plaise ou non.
    Otsū tenta de se tourner vers
l’étang pour crier, mais il la bâillonna rapidement avec un mouchoir. Enfin, il
parvint à l’entraîner jusqu’à un minuscule
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