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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere
Autoren: Eiji Yoshikawa
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ronde, et ses cheveux touffus liés dans
le dos par de la paille. Bien qu’il fût court – moins d’un mètre
soixante-dix –, il était solidement charpenté, le torse massif. Il
marchait d’un pas assuré, décidé.
    De la fumée se mit à s’échapper de
la fenêtre. Musashi leva sa manche pour se protéger le visage, mais trop
tard ; ayant respiré de la fumée, il ne put s’empêcher de tousser.
    — Qui est là ? cria de
la cuisine la vieille femme.
    Elle passa dans la grand-salle, et
dit :
    — ... Gonnosuke, as-tu bien fermé
le hangar ? Il me semble qu’il y avait un voleur de millet dans les
parages. Je l’ai entendu tousser.
    Musashi s’éloigna de la fenêtre
sur la pointe des pieds, et se cacha parmi les arbres du brise-vent.
    — Où ça ? cria
Gonnosuke, en arrivant à grands pas de derrière la maison.
    La vieille femme parut à la petite
fenêtre.
    — Il doit être tout près. Je
l’ai entendu tousser.
    — Tu es sûre que ce n’étaient
pas des bourdonnements d’oreilles ?
    — Je ne suis pas sourde. Et
je suis certaine d’avoir vu une tête à la fenêtre. La fumée du feu doit l’avoir
fait tousser.
    Lent, soupçonneux, Gonnosuke
s’avança de quinze ou vingt pas en regardant attentivement à droite et à
gauche, comme une sentinelle qui garde une forteresse.
    — Tu as peut-être raison,
déclara-t-il. Je crois sentir un être humain.
    En se fondant sur le regard du
Gonnosuke, Musashi attendit le bon moment. Quelque chose, dans l’attitude de
cet homme, conseillait la prudence. Il paraissait légèrement penché en avant à
partir de la taille. Musashi ne distinguait pas quel genre d’arme il portait,
mais lorsqu’il se tourna il constata que l’homme avait un bâton d’un mètre
vingt derrière le dos. Il ne s’agissait pas d’un gourdin quelconque : il
avait le poli d’une arme qui servait beaucoup, et paraissait faire partie
intégrante du corps de l’homme. Musashi ne doutait pas qu’il vivait avec à
longueur de journée, et en connaissait parfaitement l’usage. Musashi se montra
et cria :
    — Vous, là-bas... qui que
vous soyez ! Je viens chercher mes compagnons !
    Gonnosuke le foudroyait du regard
en silence.
    — ... Rendez-moi la femme et
l’enfant que vous avez enlevés sur la grand-route. S’ils sont indemnes, nous en
resterons là. Mais s’ils ont été blessés, gare à vous.
    La neige fondue qui alimentait les
cours d’eau, dans cette région, rendait la brise mordante, ce qui accentuait en
quelque sorte le silence.
    — ... Rendez-les-moi. Tout de
suite !
    La voix de Musashi était plus
mordante que le vent. Gonnosuke tenait son bâton, comme on disait, « à
revers ». Ebouriffé comme un hérisson, il se dressa de toute sa hauteur et
cria :
    — Espèce de vermine !
Qui oses-tu traiter de ravisseur ?
    — Toi ! Tu dois avoir vu
que l’enfant et la femme étaient sans défense ; alors, tu les as enlevés
et amenés ici. Je veux les voir !
    Le bâton s’écarta du flanc de
Gonnosuke d’un mouvement si rapide que Musashi ne savait pas où se terminait le
bras de l’homme et où commençait l’arme. Musashi sauta de côté.
    — ... Ne fais rien que tu
risques de regretter ensuite, dit-il, et il recula de quelques pas.
    — Pour qui te prends-tu donc,
espèce de sale fou ?
    Tout en crachant sa réponse, il
passa de nouveau rapidement à l’action, bien décidé à ne pas laisser un instant
de répit à Musashi. Quand ce dernier s’écartait de dix pas, il couvrait simultanément
la même distance.
    Deux fois, Musashi entreprit de
porter la main droite à la poignée de son sabre, mais les deux fois il y
renonça. Durant l’instant où il empoignerait son arme, son coude serait exposé.
Musashi avait vu la prestesse du bâton de Gonnosuke, et savait qu’il n’aurait
pas le temps d’achever son mouvement. Il constatait aussi que s’il faisait bon
marché de son robuste adversaire, il aurait des ennuis. Et s’il ne gardait pas
son calme, une simple respiration risquait de le mettre en péril.
    Musashi avait encore à jauger son
ennemi, qui, jambes raides et torse bombé, présentait l’image type de l’« Indestructible-Parfait ».
Déjà, Musashi commençait à sentir que ce fermier possédait une technique
supérieure à celle d’aucun spécialiste au sabre qu’il eût rencontré jusqu’alors,
et son regard donnait à penser qu’il avait maîtrisé cette Voie que Musashi
recherchait sans
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