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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere
Autoren: Eiji Yoshikawa
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rajusta
ses sandales, et bomba le torse d’un air menaçant.
    — ... Je me disais bien que
j’avais déjà vu ta vilaine figure quelque part. Tu es le va-nu-pieds de chez le
marchand de saké de Kitano.
    — Oui, et je sais maintenant
pourquoi vous vous soûliez à mort. Vous viviez avec une vieille garce
quelconque, et vous n’aviez pas le cran de lui tenir tête. Pas vrai ?
    Jōtarō n’aurait pu
toucher un point plus sensible.
    — Sale petit morveux !
    Matahachi tenta de le saisir au
collet, mais Jōtarō plongea et ressortit de l’autre côté de la vache.
    — Si je suis un sale petit
morveux, qu’est-ce que vous êtes ? Un sale ours mal léché ! Effrayé
par une femme !
    Matahachi s’élança pour contourner
la vache, mais de nouveau Jōtarō se glissa sous le ventre de l’animal
et réémergea de l’autre côté. Ce jeu de scène se reproduisit trois ou quatre
fois, avant que Matahachi réussît à refermer la main sur le col de l’enfant.
    — Bon, maintenant, répète ça
encore une fois.
    — Sale ours mal léché !
Effrayé par une femme !
    Le sabre de bois de
Jōtarō n’était qu’à demi dégainé quand Matahachi, ayant solidement
empoigné le gamin, l’envoya voltiger assez loin de la route, dans une touffe de
bambous. Il atterrit sur le dos dans un petit cours d’eau, étourdi et presque
inconscient.
    Le temps de reprendre ses esprits
suffisamment pour regagner la route en se faufilant comme une anguille, il
était trop tard. La vache trottait pesamment sur la route, Otsū toujours
sur son dos ; Matahachi courait devant, la corde en main.
    — ... Le salaud !
gémissait Jōtarō, accablé par sa propre impuissance.
    Trop étourdi pour se relever, il
restait là, par terre, fumant de colère et jurant comme un charretier.
     
    Sur une colline, environ un
kilomètre et demi plus loin, Musashi reposait ses jambes en se demandant
vaguement si les nuages bougeaient ou, comme il semblait, s’ils restaient
suspendus à tout jamais entre le mont Koma et les larges vallonnements, à ses
pieds.
    Il tressaillit, comme à une
communication sans parole, se secoua et se releva.
    Il pensait en effet à Otsū,
et plus il pensait à elle, plus il s’irritait. Le bassin tourbillonnant, sous
les chutes, l’avait bien purifié de sa honte et de son ressentiment, mais, à
mesure que les jours passaient, les doutes ne cessaient de revenir. Est-ce
qu’il avait été mal de sa part de se révéler à la jeune fille ? Pourquoi
donc l’avait-elle repoussé, s’était-elle écartée de lui comme si elle le
méprisait ?
    — Laisse-la, dit-il à voix
haute.
    Pourtant, il savait bien qu’il ne
faisait que se duper lui-même. Il avait dit à Otsū que lorsqu’ils
arriveraient à Edo, elle pourrait étudier ce qui lui convenait le mieux
cependant qu’il suivrait sa propre voie. Implicitement, c’était là une promesse
pour un avenir plus éloigné. Musashi avait quitté Kyoto avec la jeune fille. Il
avait des responsabilités envers elle.
    « Qu’adviendra-t-il de
moi ? Etant donné que nous sommes deux, qu’adviendra-t-il de mon
sabre ? » Il leva les yeux sur la montagne et se mordit la langue,
honteux de sa mesquinerie. Regarder le grand pic, voilà qui rendait humble.
    Il se demanda ce qui pouvait bien
les retarder, et se leva. Il voyait la forêt sur plus d’un kilomètre en
arrière, mais personne.
    « Se pourrait-il qu’on les
ait retenus à la barrière ? »
    Le soleil allait bientôt se
coucher ; ils auraient dû le rattraper depuis longtemps.
    Soudain, il éprouva de
l’inquiétude. Il devait être arrivé quelque chose. Sans réfléchir, il se mit à
dévaler la colline, si rapidement que les animaux des champs détalaient dans
toutes les directions.
     
     
     
Le guerrier de Kiso
     
    Musashi n’avait pas couru bien
loin lorsqu’un voyageur lui cria :
    — Dites donc, vous n’étiez
pas tout à l’heure avec une jeune femme et un petit garçon ?
    Musashi s’arrêta net.
    — Si, répondit-il, le cœur
battant. Il leur est arrivé quelque chose ?
    Apparemment, il était le seul à ne
pas avoir appris l’histoire que l’on se transmettait de bouche en bouche sur la
grand-route. Un jeune homme avait abordé la jeune fille et... l’avait enlevée.
On l’avait vu fouetter la vache... la mener sur une route latérale, près de la
barrière. A peine le voyageur avait-il achevé de répéter son histoire, que
Musashi était en chemin.
    Il eut beau courir
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