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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere
Autoren: Eiji Yoshikawa
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près du foyer, la mère dit :
    — Très dangereux ! Dire
qu’il n’y avait aucune raison de se battre !
    Comme Gonnosuke se disposait à
prendre place à côté d’elle, elle secoua la tête.
    — ... Avant de t’asseoir,
dit-elle, fais visiter à ce samouraï la maison tout entière, pour qu’il voie
bien que ses amis ne sont pas ici.
    Puis, à Musashi :
    — ... Je tiens à ce que vous
vous en assuriez par vous-même.
    — Bonne idée, admit
Gonnosuke. Venez avec moi, monsieur. Examinez la maison de fond en comble. Il
me déplaît d’être soupçonné d’enlèvement.
    Déjà assis, Musashi déclina
l’invitation.
    — Inutile. D’après ce que
vous m’avez dit, je suis certain que vous n’avez rien à voir avec cet
enlèvement. Pardonnez-moi de vous en avoir accusé.
    — J’étais en partie
responsable, dit Gonnosuke d’un ton d’excuse. J’aurais dû m’informer sur ce
dont vous parliez avant de perdre mon calme.
    Musashi l’interrogea alors, non
sans quelque hésitation, sur la vache, en lui expliquant qu’il était tout à
fait sûr qu’il s’agissait de celle qu’il avait louée à Seta.
    — Je venais de la trouver par
hasard, répondit Gonnosuke. Ce soir, j’étais là-bas, à l’étang de Nobu, à
prendre au filet des loches, et sur le chemin du retour, j’ai vu la vache, une
patte enfoncée dans la vase. C’est marécageux, par là. Plus elle se débattait,
plus elle s’enfonçait. Elle faisait un foin de tous les diables ; aussi,
je l’ai dégagée. J’ai interrogé le voisinage ; elle ne semblait appartenir
à personne ; aussi, j’ai cru qu’on l’avait volée et ensuite abandonnée...
Dans une ferme, une vache vaut à peu près la moitié d’un homme, et celle-ci est
une bonne bête aux pis jeunes.
    Gonnosuke se mit à rire.
    — ... En somme, je me suis
dit que le ciel devait m’avoir envoyé cette vache parce que je suis pauvre et
ne peux rien faire pour ma mère sans un peu d’aide surnaturelle. Je veux bien
rendre la bête à son propriétaire, mais je ne sais pas qui c’est.
    Musashi nota que Gonnosuke
racontait son histoire avec la simplicité sincère d’un être né et élevé à la
campagne. Sa mère se mit à compatir :
    — Je suis sûre, dit-elle, que
ce rōnin s’inquiète au sujet de ses amis. Mange ton dîner, et emmène-le à
leur recherche. J’espère seulement qu’ils sont quelque part près de l’étang.
Les collines ne sont pas un endroit pour des étrangers. Elles pullulent de
bandits qui volent n’importe quoi : chevaux, légumes, tout ! Cette
affaire m’a bien l’air d’être leur ouvrage.
     
    La brise commençait par un
chuchotement, se développait en rafale violente, puis mugissait à travers les
arbres en malmenant les plantes plus petites.
    Au cours d’une accalmie où seul subsistait
l’inquiétant silence des étoiles, Gonnosuke leva sa torche pour attendre que
Musashi le rattrapât.
    — Je regrette, dit-il, mais
personne ne semble rien savoir d’eux. Il ne reste plus qu’une seule maison
entre ici et l’étang. Elle se trouve derrière ces bois, là-bas. Son
propriétaire est mi-fermier, mi-chasseur. S’il ne peut nous aider, il n’y a
plus nulle part où chercher.
    — Merci de vous donner tout
ce mal. Nous avons déjà fait plus de dix maisons ; aussi, je suppose qu’il
n’y a pas grand espoir qu’ils soient par ici. Si nous ne trouvons rien à cette
dernière maison, — renonçons et rentrons.
    Il était minuit passé. Musashi
avait espéré qu’ils trouveraient au moins une trace quelconque de
Jōtarō, mais nul ne l’avait vu. Les descriptions d’Otsū n’avaient
suscité que regards vides et longs silences paysans.
    — Si c’est à la marche que
vous pensez, pour moi ce n’est rien. Je pourrais marcher toute la nuit. Est-ce
que cette femme et cet enfant sont vos serviteurs ? Un frère ? Une
sœur ?
    — Ce sont les êtres qui me
sont les plus proches.
    Chacun eût aimé questionner
l’autre davantage sur lui-même, mais Gonnosuke se tut, s’avança d’un pas ou
deux, et guida Musashi le long d’un étroit sentier vers l’étang de Nobu.
    Musashi était curieux de l’adresse
au bâton de Gonnosuke et de la manière dont il l’avait acquise, mais son sens
des convenances l’empêcha de l’interroger là-dessus. Songeant que sa rencontre
avec cet homme était due à une mésaventure – ainsi qu’à sa propre
étourderie –, il en éprouvait pourtant une extrême
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