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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour
Autoren: Michel Zévaco
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Juliette, il faut que mon visage ait produit bien peu d’impression sur Votre Majesté… Tout mon malheur vient de m’être imaginé… follement… que dans cette fête de l’Hôtel de Ville… le roi avait pu abaisser un regard sur moi… Je vois que je m’étais trompée !…
    – La comtesse du Barry ! s’écria le roi en reconnaissant alors tout à fait Juliette.
    Et, retirant le chapeau qu’il avait mis sur sa tête, il salua galamment.
    Louis XV n’aimait pas le comte du Barry.
    Cette figure sombre lui semblait faire tache dans sa cour d’élégants seigneurs légers et spirituels.
    En outre, Louis XV était au fond passablement bourgeois.
    Cette idée très bourgeoise qu’il venait de tromper du Barry, et que c’était une plaisante aventure que d’avoir trompé l’un des plus fidèles (bien que des moins aimables) serviteurs de sa cour, le fit sourire.
    Que cette figure sombre devint une triste figure, cela amena un éclair de gaîté dans ses yeux.
    Et, par contre coup, il fut disposé à moins de malveillance pour Juliette.
    Peut-être Juliette eut-elle l’intuition de ce qui se passait en ce moment dans l’esprit du roi.
    Car un sourire furtif détendit ses lèvres jusqu’ici crispées par la crainte.
    Et puis, Juliette se savait très belle…
    Une jolie femme qui a une juste idée de sa beauté et, par conséquent, de sa puissance, se sent toujours forte devant l’homme – cet homme fût-il un roi.
    Royauté… beauté… deux puissances qui se valent. Et encore il serait difficile de dire laquelle des deux est la plus redoutable et si une femme belle et méchante n’est pas plus à craindre qu’un roi méchant.
    A cela le lecteur pourra nous répondre peut-être que beauté et méchanceté sont rarement unies ; et nous pourrions philosopher là-dessus à perte d’haleine.
    Revenant donc à Juliette, nous dirons simplement que si elle n’était pas foncièrement méchante, elle était au moins très rusée. Au regard moins sévère du roi, à sa parole moins dure, elle comprit que le plus gros du danger était passé pour elle.
    – La comtesse du Barry ! s’était écrié Louis XV.
    – Oui, Sire, répondit Juliette en accentuant les palpitations de son sein à mesure qu’elle se calmait ; la comtesse du Barry qui vous supplie de lui pardonner un subterfuge uniquement inspiré par…
    – Par qui, madame ? Achevez, je vous prie…
    – Par personne, Sire… ou plutôt par un dieu tyrannique auquel une pauvre femme comme moi ne pouvait longtemps résister, puisque c’est vers vous qu’il me conduisait… Ce dieu, vous savez comment il se nomme…
    En adoptant tout à coup le style précieux et maniéré de l’époque où le grand Watteau lui-même n’a pas craint de déshonorer ses adorables paysages par la présence des petits Amours joufflus ; où l’amour, cette grande et noble pensée de l’humanité, s’appelait Cupidon… en se mettant à parler comme les petits-maîtres, Juliette se rapprochait de l’esprit du roi.
    Louis XV, qui n’avait pas osé venir trouver Jeanne sans y être expressément poussé ; Louis XV qui, au fond, s’effarait de cette grande passion débordante et sincère ; Louis XV qui demeurait timide, étonné, saisi d’une sorte de respect devant l’amour de Jeanne, fut tout de suite à son aise avec le petit dieu malin, le Cupidon de Juliette.
    Aimer profondément, être aimé par une âme embrasée, cela le terrifiait.
    Marivauder, coqueter, mettre des fanfreluches à l’aventure, et se passionner en style rocaille, cela était selon son tempérament – le tempérament d’une époque légère, gracieuse, d’une société raffinée dont toute la morale peut se résumer dans ce mot de l’un de ses poètes :
    Glissez, mortels, n’appuyez pas.
    Mot très joli, après tout, mais qui devait engendrer celui-ci qui est terrible :
    « Après nous le déluge ! »
    Louis XV se dépouilla de son manteau, le jeta sur le pied du lit, s’assit dans un fauteuil, et, impertinent après avoir été sévère :
    – Ainsi, dit-il, vous n’avez pu résister au dieu qui vous a prise par la main pour vous conduire ici ?
    – Hélas ! ses traits ont vite trouvé le chemin de mon cœur, dit sérieusement Juliette.
    – Pardieu, madame, l’aventure est plaisante, je l’avoue, et vous devriez bien me raconter cela…
    – Sire… un mot tout d’abord : cette aventure… la regrettez-vous, maintenant ?
    – Non ! répondit
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