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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour
Autoren: Michel Zévaco
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désiré vous voir, ma Jeanne adorée !… J’ai si passionnément souhaité ce moment !… Par pitié, regardez-moi…
    – Je n’ose… répondit-elle dans un souffle.
    Louis, rapidement, fit le tour de la bergère, et se trouva alors placé devant celle qu’il croyait être Jeanne.
    – Vous n’osez, balbutia-t-il… cher ange… me voici à vos genoux… Oh ! ma tête se perd… ce parfum de toi, cette main adorée que je serre… cette taille charmante que je tiens dans mes bras…
    Elle se courba, se rejeta en arrière, cacha son visage dans les coussins de la bergère…
    – Pauvre chère bien-aimée ! soupira le roi. Oh ! je comprends !… C’est cette lumière !… Tu as peur que je ne voie la confusion de ton front…
    Rapidement il se releva, courut à la veilleuse et l’éteignit…
    Alors, à tâtons, il revint vers la bergère, et saisit Juliette dans ses bras.
    – Eh bien ! fit-il d’une voix étranglée par l’émotion, ne me dis rien, si tu veux… tais-toi…
    – O mon roi ! balbutia Juliette d’une voix si faible qu’il eût été impossible d’en distinguer le son.
    – Jeanne, par grâce ! murmura Louis XV, ne m’appelle pas ainsi… il n’y a ici que ton amant passionné qui t’adore, qui veut jurer à tes genoux de t’adorer toujours…
    – Mon Louis bien-aimé ! soupira Juliette en livrant ses lèvres aux baisers du roi…
    Il n’entre pas dans notre pensée d’insister sur les roueries déployées par la fille galante pour tromper Louis XV. Le roi, aux genoux de Juliette, continuait ses protestations d’amour. Juliette parlait le moins possible, et toujours d’une voix si basse, à l’oreille de Louis, que même si le roi eût été de sang-froid, il n’eut pu reconnaître la supercherie.
    Quelques heures s’écoulèrent ainsi, pleines de charme pour le roi, pleines d’alarmes pour Juliette.
    La pendule, tout à coup, sonna quatre heures du matin.
    Comme nous croyons l’avoir dit, ce n’était pas absolument une vulgaire fille que cette Juliette Bécu. Par son attitude avec le chevalier d’Assas, on a vu qu’elle avait du cœur. Elle avait aussi de l’esprit ; et comme, par-dessus tout, elle ne manquait pas d’audace, il vint un moment où ce cœur, cet esprit, cette audace eurent une révolte contre l’anormale situation où elle se trouvait.
    En un mot, et sans vouloir entreprendre de psychologie, elle fut jalouse de ces baisers qui ne s’adressaient pas à elle, de ces serments qui allaient à une autre, de tout cet amour où elle ne jouait en somme qu’un rôle plutôt vilain, tandis que tout ce qu’il y avait de joli, de passionné, de tendre dans les paroles du roi passait au-dessus d’elle et allait à Jeanne.
    Sentiment à la fois bizarre et naturel, – bien féminin en tout cas.
    Juliette, venue pour jouer un rôle, fut prise à son rôle, comme on dit que l’illustre tragédienne Clairon s’y laissait prendre et versait des larmes brûlantes en jouant
Phèdre.
    Juliette, venue pour incarner Jeanne, s’indigna que Jeanne fut aimée en Juliette.
    Juliette voulut être aimée pour elle-même.
    Juliette enfin, sûre de ses charmes, sûre d’avoir soulevé les passions du roi qui avait frémi dans ses bras se dit, non sans un orgueil assez justifié :
    – Est-ce que je ne la vaux pas, après tout ?… Est-ce que je ne suis pas aussi belle… plus belle ?…
    Et ce fut ainsi que tout à coup, palpitante dans cette minute où elle éprouva l’une des plus violentes émotions de sa vie, elle courut à la cheminée, et alluma coup sur coup les six flambeaux de cire rose qui s’y trouvaient.
    Pour employer un mot vulgaire, mais dont la trivialité se relève d’on ne sait quelle grâce parisienne, c’était là un « fier toupet ». De cette hardiesse, elle eut soudain conscience. Dès que les flambeaux furent allumés, elle comprit soudain le danger de sa situation ; elle eut peur !…
    Vivement, elle se cacha le visage dans ses deux mains, et, tournée vers la cheminée, attendit ; ce fut un instant de terrible angoisse. Qu’allait dire cet homme qu’elle venait de jouer, de bafouer, alors que cet homme – le roi ! – pouvait d’un signe l’envoyer à la Bastille !…
    Louis, d’abord étonné de voir Jeanne s’échapper de ses bras pour courir à la cheminée, charmé de l’intention qu’il lui supposa, s’approcha de la jeune femme, et, doucement, l’obligea à se tourner vers lui.
    – Merci,
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