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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour
Autoren: Michel Zévaco
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blonde et frêle ; l’autre vigoureuse, plantureuse, couperosée, qui se mit à crier :
    – Jeanne ! Jeanne !… Pourquoi courir ainsi, mon enfant ? Te voilà en nage… tu t’abîmes le teint… et tu te décoiffes.
    Sans répondre, Jeanne s’empara d’une aumônière, jetée sur l’herbe près des écharpes ; elle y puisa un louis et, toujours courant, revint au piéton.
    A ce moment, le son du cor se rapprocha, sonnant la
vue
et le
bien aller.
    A ce moment aussi, débouchait sur la clairière le jeune cavalier à la fine rapière, tandis qu’un chasseur, trompe en sautoir, couteau à la ceinture, contournait l’étang au galop de son cheval blanc d’écume…
    – Tenez… prenez… dit Jeanne, câline et douce.
    – Je ne demande pas l’aumône, répondit le piéton sourdement.
    – Oh ! fit-elle, la voix émue, vous voulez donc me faire de la peine ?…
    L’homme, farouche, hésita, trembla…
    Puis, lentement, sa main s’ouvrit…
    Jeanne y glissa la pièce d’or !
    Alors, elle battit des mains gaiement.
    Mais comme l’inconnu demeurait immobile et sombre, elle reprit gravement :
    – Je crois que je pourrais vous être utile… si vous vouliez me confier votre nom ?
    L’homme eut un sursaut, un étrange regard… puis il murmura :
    – Je m’appelle François Damiens…
    Le chasseur, à cet instant, arrivait sur le groupe, arrêtait son cheval, d’une secousse, et, le ton bref, la voix dure, il laissait tomber cet ordre :
    – Holà ! manant ! il faut t’en aller d’ici !… vous aussi, petites !… vous aussi, madame !
    Jeanne se retourna, toisa le chasseur avec une moue d’exquise impertinence, et partit d’un rire clair :
    – Monsieur, vous tenez mal votre trompe de chasse ; c’est une faute, cela, elle me prouverait que vous n’êtes pas gentilhomme, s’il était besoin de le prouver !
    – Madame ! gronda le chasseur, devenu blanc de colère.
    – Allez, monsieur, allez demander à M. de Dampierre une leçon de vénerie, et à tout Français que vous rencontrerez une leçon de politesse… cela fait, vous reviendrez.
    Elle pirouetta sur les hauts talons de ses souliers de satin rose.
    Livide, le chasseur poussa son cheval. Il allait l’atteindre… la renverser…
    Les enfants crièrent. Le chemineau serra son bâton d’épine dans sa main. Il eut un grondement, leva sa trique… mais avant qu’elle se fût abattue, le cheval du chasseur reculait soudain…
    Le jeune cavalier, qui venait d’entrer dans la clairière, d’un bond furieux s’était placé entre la jeune fille et le chasseur, et avait saisi la bride qu’il secoua violemment ; en même temps, sa voix éclatait, vibrante :
    – Par la mort-dieu, monsieur, êtes-vous donc enragé ?…
    Poitrail contre poitrail, les deux bêtes piaffaient, hennissaient… Regard contre regard, les deux hommes se menaçaient.
    – Ah çà ! continuait le jeune inconnu, on insulte donc les femmes, par ici !
    Le chasseur jeta un juron ; mais, se calmant aussitôt :
    – Prenez garde, monsieur, dit-il avec une glaciale politesse, prenez garde ! Je fais ici mon service qui est de déblayer le chemin de la chasse…
    – Et moi, je fais le mien qui est de courir sus au malotru !
    – Prenez garde, vous dis-je !
    – Quand vous seriez le grand veneur en personne, arrière, monsieur, arrière !
    Le chasseur porta violemment la main à son côté, et s’apercevant alors qu’un couteau remplaçait son épée absente :
    – C’est bon ! gronda-t-il, la moustache hérissée. Nous nous retrouverons, mon jeune don Quichotte… si toutefois on vous trouve !
    – Vous allez vous faire couper les oreilles, monsieur l’écraseur de femmes. On me trouve toujours quand on me cherche ! Et même quand on ne me cherche pas !
    – Votre nom, alors ! rugit le chasseur.
    – Le vôtre, s’il vous plaît ?
    – Comte du Barry, écuyer servant de Sa Majesté.
    – Et moi, chevalier d’Assas, cornette au régiment d’Auvergne, en congé régulier, se rendant à Paris, rue Saint-Honoré, à l’enseigne des Trois-Dauphins, où il sera demain et les jours suivants pour y attendre d’être pourfendu par monsieur le comte du Barry !
    – C’est bon, chevalier d’Assas ! Vous n’attendrez pas longtemps ! bégaya le chasseur, ivre de rage. Et vous, madame, vous aurez de mes nouvelles !
    – Ce me sera grand honneur, dit-elle en éclatant de son rire clair, d’une si jolie
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