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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour
Autoren: Michel Zévaco
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chère
poison…
taisez-vous !
    Et Jeanne, exubérante, sous le coup de cette joie intense, inconnue, irrésistible, qui fait rire aux éclats et qui fait sangloter, Jeanne s’envolait en une course gracieuse, entraînait les fillettes, conduisait la ronde, follement, et, à pleine voix, le cœur battant, jetait aux échos sa triomphante ritournelle :
    Cigale, ma cigale, allons, il faut chanter,
    Car les lauriers des bois sont déjà repoussés…
    Sont déjà repoussés…
    – Comment, chère madame Poisson, observa discrètement la femme blonde, elle vous appelle
poison !
    – Un caprice de cette folle enfant… mais cela m’est bien égal… Ah ! chère madame du Hausset, voilà une journée que je ne donnerais pas pour un million !
    – Et M. de Tournehem ?… Il n’arrive pas…
    – C’est pourtant à la clairière de l’Ermitage qu’il m’a donné rendez-vous, reprit M me  Poisson radieuse. Mais qu’il vienne ou ne vienne pas… tant pis !… Ah ! que je suis heureuse !
    Et Jeanne la bergère avec son blanc panier
    Allant cueillir la fraise et la fleur d’églantier,
    Allons, il faut chanter.
    Entrez dans la danse,
    Voyez comme on danse…
    Là-bas, la chanson de Jeanne éclatait, plus envolée plus triomphale. La ronde quittait la clairière, s’enfonçait sous bois… et… tout à coup, un silence lourd… quelque chose comme un grand frisson d’angoisse sur toute cette joie…
    Là, sous les buissons épineux, sous la jonchée des feuilles, perdue en ce coin de forêt, solitaire, déjà rongée par les mousses, apparaissait une grande dalle de marbre couchée à terre… Une tombe !… Oui, une tombe !…
    Et sur cette tombe, un homme, debout, le front dans la main, les yeux voilés de larmes… une grande douleur, sans doute !…
    Et c’était contre ce marbre solitaire, contre cette tombe, contre cet homme, contre cette douleur que la ronde exubérante, la joie fiévreuse de Jeanne, la folle chanson éperdue de bonheur venaient de se heurter, glacées soudain, les ailes brisées.
    q

Chapitre 2 LA TOMBE SANS NOM
    J eanne s’était arrêtée, toute pâle. Il lui parut que c’était là un symbole de sa destinée… Joie, amour, chansons légères, enivrements, visions rayonnantes, tout cela aboutissait à une tombe… ce serait là sa vie !
    Timidement, elle leva les yeux vers cet homme qui pleurait, et un léger cri lui échappa :
    – Mon oncle ! Mon bon oncle !…
    – Jeanne !… Antoinette !…
    « Chère enfant !…
    L’instant d’après, la jeune fille était dans les bras de l’homme qu’elle appelait son oncle, et celui-ci l’accablait de paternelles caresses… Il semblait avoir doublé le cap de la quarantaine et portait avec une noble aisance un riche costume de ville, habit marron, veste à grands ramages en satin blanc, tricorne galonné de soie, longue canne à pomme d’or.
    C’était une franche et loyale physionomie, empreinte en ce moment d’une indéfinissable tristesse.
    – Nous vous attendons depuis deux heures, dans la clairière, reprit Jeanne maintenant rassurée et souriante ; « maman Poison » est là… Madame du Hausset aussi…
    – J’arrivais, ayant laissé mon carrosse à l’Ermitage, et je me dirigeais vers la clairière, guidé par ta jolie voix… lorsque je me suis arrêté devant ce marbre…
    – Vous pleuriez, mon bon oncle !… Oh ! pourquoi ?… dites-le à votre petite Jeanne, à votre petite Toinon… dites-lui votre chagrin.
    – Oui… tu vas le savoir, enfant… et tiens ! c’est pour cela même que je t’ai fait venir à la clairière…
    A ce moment, M me  Poisson, écartant les branchages de sa lourde main, montra sa figure couperosée, et poussa de grands cris avec une nuance d’inquiétude et de respect exagéré :
    – Monsieur de Tournehem ! quel bonheur de vous voir !… Cette mignonne ne comptait plus sur vous !…
    – Madame Poisson, dit alors M. de Tournehem, voulez-vous avoir l’obligeance d’aller m’attendre à l’Ermitage où vous retrouverez mon carrosse ?…
    – Mais…
    – Emmenez aussi M me  du Hausset et les enfants, interrompit Tournehem d’un ton bref.
    M me  Poisson exécuta la révérence, jeta un dernier regard sournois sur Jeanne, et partit, emmenant les fillettes qui, toutes, embrassèrent leur grande amie, – la souveraine de leurs jeux quand elle venait à l’Ermitage.
    De Tournehem s’assura que la matrone était réellement partie,
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