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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour
Autoren: Michel Zévaco
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du roi… autour de la meute et du cerf immobile. Sur tous les visages d’hommes, elle lut à livre ouvert l’ironie outrageante ; dans tous les yeux des femmes, elle vit briller la jalousie et la rage.
    Toute la cour de France était là pour l’hallali et la curée… Toute cette cour la poignardait de ses regards aigus…
    Alors, comme pour répondre à l’envie déchaînée par une héroïque et charmante bravade, comme si elle eût déclaré la guerre à toute la seigneurie assemblée, d’un geste de défi elle releva sa tête fine, posa sa main gantée sur l’encolure du cerf hypnotisé par les chiens, et, esquissant une révérence que la première dame d’honneur eût jugée impeccable :
    – Sire, je ne suis qu’une petite fille et vous êtes un grand roi… Je vois ces nobles seigneurs qui brûlent de daguer la bête… je vois ces dames de haut lignage qui attendent la curée… Sire, la petite fille, contre tant de pensées mortelles, vous demande une pensée vivante, humaine… la grâce de ce pauvre animal…
    Un murmure gronda dans la clairière, parmi les chasseurs.
    – Ceci est contraire à tous les usages de vénerie royale ! observa une voix âpre et rude déjà entendue.
    – Mordieu ! songea le roi, cette enfant se tient comme une duchesse et parle comme un grand poète…
    Et, se tournant vers celui qui, d’un mot, venait de traduire la colère des courtisans :
    – Comte du Barry, sonnez la retraite, dit-il froidement.
    – Sire !…
    Louis XV foudroya le comte d’un de ces regards de suprême insolence qui lui tenaient lieu de majesté.
    Du Barry, pâle, un éclair de fureur dans ses yeux fixés sur Jeanne, obéit alors, et sa fanfare éclata, se répercuta sous les futaies.
    – La Branche ! commanda le roi, rappelle les chiens.
    – Sire ! Sire ! murmurait Jeanne extasiée, rayonnante de son triomphe. Oh ! merci…
    Le premier piqueur, à l’appel de Louis XV, s’était élancé, faisait reculer la meute qui grondait, étonnée mais obéissant avec cette passivité qui est l’intelligence des bêtes bien dressées.
    – Vous le voyez, madame, dit alors le roi, j’ai voulu que le souvenir de notre rencontre ne vous fût pas désagréable… Pour moi, ajouta-t-il avec un sourire, ce souvenir me demeurera comme un charme.
    Et Jeanne, frémissante, éperdue, joignit les mains :
    – Jamais, Sire… jamais cette minute de mon existence ne sortira de mon âme… jamais !
    Louis XV tressaillit.
    Il eut comme une rapide hésitation.
    Puis, voyant tous les yeux dardés sur lui, il fit de la main un geste d’adieu et, s’élançant à cheval, s’éloigna au trot, suivi de ses piqueurs sonnant la retraite, de sa meute, de ses chasseurs et de ses amazones… En quelques instants toute cette vision de brillante cavalcade s’évanouit sous les frondaisons empourprées.
    Jeanne était demeurée à la même place, une main sur son cœur, le regard attaché à l’élégant cavalier qui, là-bas, s’en était allé, suivi de ses dames et de ses seigneurs.
    Et lorsque Louis XV eut disparu, un long soupir fit palpiter son sein.
    Alors, elle se tourna vers le cerf que la fatigue paralysait encore, et, comme si son cœur eût contenu un trop-plein qui voulait déborder, nerveusement, elle entoura la tête de l’animal avec ses deux bras, et, à pleine bouche, baisa brusquement le mufle gracieux du fauve…
    Quelques instants, le dix cors demeura tremblant sur ses jambes grêles, puis, voyant la clairière vide, souffla fortement, frappa du pied, et, au pas, comme rassuré, s’en alla, se perdit au fond des bois…
    Au loin, les cors affaiblis apportaient un écho de retraite.
    Vers ces échos, vers la cavalcade disparue, Jeanne laissa s’envoler un baiser du bout de ses doigts…
    Et vers cette cavalcade, aussi, ce fut un geste de menace implacable qui échappa à l’homme poudreux, au piéton déchiré, à François Damiens, du fond du fourré où il s’était caché, d’où il avait assisté à toute cette scène, et d’où enfin il s’éloignait à grands pas dans la direction du château…
    – Jeanne ! Jeanne ! criait en accourant la femme au teint couperosé, il t’a parlé ! Que t’a-t-il dit ? Et toi, qu’as-tu répondu ? Mon Dieu, mon Dieu, chère enfant ! Ah ! c’est maintenant que je ne regrette pas tout ce que j’ai dépensé pour ton éducation ! Voyons, parle-moi donc !…
    – Taisez-vous,
poison…
ma
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