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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour
Autoren: Michel Zévaco
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enfermée dans ce château de province dont je ne pouvais sortir, où j’étais presque gardée à vue, je ne venais à Paris qu’en de rares occasions. Et encore le comte m’y surveillait-il étroitement…
    – Au fait ! s’écria le roi, mais il va s’apercevoir…
    – Non, Sire… pour le comte, je suis à Paris, en notre hôtel de l’île Saint-Louis. Et je ne dois venir à Versailles que demain ou après-demain…
    Le roi se rappela alors ce que du Barry lui avait dit pendant son dîner.
    Les paroles du comte concordaient parfaitement avec celles de Juliette.
    – Ce fut donc, reprit celle-ci, dans une de ces rares occasions où je pouvais venir à Paris, que j’eus la plus grande émotion de ma vie… Un jour, je vis un groupe de gentilshommes qui rentraient de la chasse ; à leur tête marchait un seigneur qui les éclipsait tous en noblesse, en élégance, en beauté… Je demandai au comte le nom de ce gentilhomme… il ne voulut pas me le dire… Mais moi, je compris que ce jeune seigneur avait emporté mon âme… Une deuxième fois, je le revis… Cette fois, il était dans carrosse doré, entouré d’épées étincelantes, et sur son passage, un peuple délirant d’amour criait : « Vive le roi !… »
    Juliette s’arrêta un instant.
    Il est facile d’imaginer l’effet que ces paroles, où se mêlaient l’amour et la flatterie, produisaient sur l’esprit de Louis.
    – Sire, continua Juliette, il m’est impossible de vous dire tout ce que j’ai souffert quand j’ai su que l’homme que j’adorais, c’était le roi de France !
    – Et pourquoi cela, madame ? Le roi passe-t-il donc pour si sévère ?…
    – Oh ! non, Sire… mais je comprenais si bien la distance qui me séparait de vous !… Jamais, jamais, me disais-je, le roi ne daignerait abaisser son regard jusque sur moi ! Un moment, après la fête de l’Hôtel de Ville, l’espoir se glissa dans mon cœur… mais je compris bientôt que ces paroles que vous m’y aviez adressées n’étaient que l’effet de cette charmante et haute politesse dont seul vous avez le secret… Le comte du Barry parlait de m’emmener en province… Alors je perdis la tête, je résolus de tout risquer, même la mort, pour appartenir à mon roi, ne fût-ce qu’une heure !… Oui, Sire, une heure d’amour et, après… la mort !…
    – Ne parlez pas de mort, madame, fit doucement Louis ; jeune et belle comme vous l’êtes, vous ne pouvez parler que d’amour…
    Dès lors, Juliette se sentit forte comme autrefois Dalila.
    – Cette résolution, dit-elle en palpitant, je voulus l’exécuter au plus tôt… Et pour cela, je m’adressai à M me  d’Etioles…
    En parlant ainsi, elle étudia avidement l’effet de ce nom brusquement jeté dans cet entretien.
    Le roi tressaillit. Un nuage passa sur son front…
    Jeanne !… Il l’oubliait !…
    Cet amour si pur qui lui donnait de si profondes impressions de sincérité, il l’oubliait !
    Un soupir gonfla sa poitrine.
    – Je comprends, Sire, dit amèrement Juliette, M me  d’Etioles vous aime comme je vous aime… et sans doute vous l’aimez aussi…
    – Madame, interrompit le roi presque avec froideur, je vous en prie, ne vous occupez pas du sentiment que M me  d’Etioles peut avoir pour moi, ni de celui que je puis avoir pour elle…
    Ce fut le seul mot sincère et pur que Louis eut dans cette conversation où l’amour sensuel jouait le grand rôle.
    La douce image de Jeanne lui paraissait au-dessus de ce qu’il entendait et de ce qu’il éprouvait !
    Il lui semblait qu’il la ternissait, cette noble image !…
    – Dites-moi simplement, acheva-t-il, comment vous avez pu avoir l’idée de vous adresser à madame d’Etioles…
    – C’est mon amie, Sire, dit audacieusement Juliette.
    – Votre amie ! s’écria le roi en tressaillant.
    Juliette sentit que le moment dangereux, la période aiguë était arrivée. Comme le duelliste au moment où, ayant battu le fer de son adversaire, il va se fendre à fond, elle prépara tout ce qu’elle avait de force, de sang-froid et de hardiesse dans sa pensée, dans ses attitudes, dans son regard, dans le son de sa voix.
    – C’est mon amie, dit-elle sourdement, et voyez s’il faut que je vous aime pour avoir trahi une amie aussi parfaite que M me  d’Etioles… une amie pour qui je donnerais mon sang avec joie… car si bonne, si douce, si intelligente et spirituelle, je ne connais pas de plus
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