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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits
Autoren: Hugues De Queyssac
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dit. C’est ben pourquoi je lui ai tranché la gorge juste après. Elle n’a eu que ce qu’elle méritait, à la parfin ! » cracha le partenaire de débauche du premier joueur en baissant le pouce, le bras tendu dans la direction où se répandait ce qui n’était plus qu’un amas de chairs défroquées. La blancheur des jambes escambillées contrastait avec la bure sombre d’une robe retroussée jusqu’à la taille que surmontait un corsage blanc maculé de vermillon.
    Les dés roulèrent sur le bois avant de s’immobiliser.
     
    « Mes beaux sires, je vous salue ! Je me présente : chevalier Bertrand Brachet de Born, venu de la comté du Pierregord pour vous servir ! La maison est-elle bonne et les hôtesses accueillantes ? m’enquis-je, l’épée dans le dos.
    — Bienvenue chevalier ! Pucelle effarouchée est sur le point de se faire déflorer ! Viens donc jouer aux dés ton prochain tour ! Regarde-la, bien serrée aux mains et aux pattes par deux solides gaillards. Elle gigote encore vivement, telle une oie qui ne restera pas blanche bien longtemps ! éructa celui qui m’adressait la parole, la paupière lourde, le nez en chou-navet, la lippe baveuse, l’haleine vineuse.
    — Mais qui es-tu donc ? Je ne t’ai point vu en notre compagnie ? s’inquiéta le premier fredain.
    — Je suis l’archange saint Georges venu terrasser les dragons ! Jouez, mes amis, jouez ! Je ne saurais tarder à vous honorer de ma présence », m’exclamai-je en m’avançant prestement vers le mur où trois autres fredains de routiers accomplissaient leur sale besogne. Les ivrognes éclatèrent de rire en lançant quelques graveleuses saillies.
     
    La pauvrette, ceinturée à la taille par l’un des larrons fut retournée comme une crêpe, forcée à s’agenouiller. Ses lèvres mordirent le sol. La terre, dans sa bouche, étouffa ses cris.
    Un deuxième larron lui saisit les poignets, un troisième lui replia les jambes à la saignée des genoux pour la placer en position de levrette. Celui qui l’avait ceinturée arracha les aiguillettes de ses chausses pour saisir d’une main ce qui lui tenait lieu de virilité, tout en maintenant une cuisse de l’autre, bien écartée pour la mieux enfourcher.
     
    Arnaud de la Vigerie, soi-disant désormais sire de Largoët et d’autres lieux découverts par marée basse à en accroire notre évêque Élie de Salignac, avait tenté d’accomplir cette sinistre besogne sur la personne de celle qui n’était encore point mon épouse, ma gente Marguerite, ma Mie bien-aimée. Lors d’une halte dans les souterrains qui reliaient les forteresses de Beynac et de Commarque. Cinq ans plus tôt {2} .
    Je dégainai tout doucement mon braquemart de la main dextre, la poignée de mon épée serrée à m’en faire blanchir les phalanges, bien en main, à senestre.
    L’un des soudards arracha la coiffe de la jeune fille. Des cheveux d’une blondeur étonnante jonchèrent le sol et ondulèrent tels des épis de blé caressés par une brise estivale. La pauvrette hoquetait.
    Une main crasseuse aux doigts noueux et aux ongles répugnants lui saisit les cheveux, lui releva et lui tourna brutalement la tête. Certainement pour mieux jouir dans ses yeux de la douleur de son déchirement. Elle réussit un bref instant à retourner sa tête vers moi. Je vis une bave terreuse couler à la commissure des lèvres, un regard implorant chargé de désespoir m’adresser une ultime supplique.
    Ses lèvres s’entrouvrirent. Un cri sauvage jaillit lorsque la lame de mon braquemart se fraya un chemin dans le trou du cul du mécréant qui s’apprêtait à l’empaler. Le sang gicla. J’enfonçai brutalement la lame jusqu’à la garde.
     
    Dans un ultime spasme, l’homme tourna la tête vers moi, les yeux exorbités, étonné d’avoir éprouvé une jouissance d’une autre nature, aussi profonde. Plus mortelle. Son corps s’affaissa entre les jambes de la pucelle, écrasant sous son poids l’une d’icelles qu’il maintenait encore peu avant d’une poigne de fer. Ses doigts relâchèrent leur étreinte. Son corps roula sur le côté lorsque la jeune fille parvint péniblement à se dégager.
    L’un des soudoyers, celui qui lui avait tenu les poignets, s’était redressé. Il eut grand tort. Mon épée siffla et lui trancha le col. Sa tête s’écrasa sur la table de jeu, souillant les dés à l’instant où je plongeai mon braquemart dans la gorge du troisième larron.
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