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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits
Autoren: Hugues De Queyssac
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tiers parcours de notre destination et sommes attendus avant les premières neiges, m’enquis-je sous le regard amusé de Foulques.
    — Messire Brachet, il ne m’appartient pas de me prononcer pour messire le comte. Je suis en cette place pour le servir et me faire obéir des soldats de la garnison en ma qualité de capitaine de céans et non en qualité de négociateur ; je ne puis que vous inviter à faire part de vos doléances à icelui, me répondit-il un peu trop sèchement à mon goût.
    — Soyez quiet, capitaine, le comte et moi saurons nous entendre et nous comprendre. Au fait, une chasse à courre, avez-vous dit ? Et nous devrions courir sus à quel gibier ? s’enquit Foulques de Montfort pour détendre les esprits.
    — Vous chasserez le sanglier, le cerf, le daim. Ou l’ours, il n’a pas encore hiberné. Nos forêts se comptent au nombre des plus giboyeuses de la Chrétienté. Nous ne sommes pas en guerre contre l’Anglais et n’empalons, euh, n’embrochons dans l’âtre de notre monumentale cheminée que des… »
    Le capitaine me vit me raidir sous l’allusion. En une geste de grande sagesse, comprenant qu’il était allé un peu trop loin, il me prit par le bras et me promit de me faire visiter les cuisines du château. Pour me mettre l’eau à la bouche, ajouta-t-il en s’esbouffant.
    « À présent, messires, je vous invite à me suivre. Votre logis vous attend. Le vôtre et celui de vos écuyers. Bien chauffés ! Cette forteresse est une véritable glacière ! Vous y trouverez grande plaisance et nos blondes servantes sont d’un naturel accort… Au point de souhaiter prolonger votre séjour et profiter des dernières belles journées d’automne », renchérit-il.
    Je jetai un coup d’œil vers mon taciturne compain de pèlerinage. Il s’était renfrogné. Chassez le naturel et il revient au galop ! ne pus-je m’empêcher de penser in petto.
     
    Par une curieuse association d’idées, mon esprit vagabonda vers ma demi-sœur Isabeau de Guirande, vers le Livre sacré des hérétiques albigeois, vers le trésor des Templiers, vers la salle souterraine de l’ancien chapitre des derniers chevaliers de l’Ordre, près le village fortifié de Commarque…

    Dès que nos écuyers nous eurent rejoints (le capitaine de céans avait ordonné de les faire quérir avec nos linges de rechange, tandis que nos valets d’armes seraient logés dans les communs avec les serviteurs du château), une fois la troisième porte franchie, nous gravîmes les marches qui menaient à la Kernbourg, c’est-à-dire le haut-château. De là, les gardes pouvaient prendre sous leur tir la basse-cour que nous venions de quitter.
    Nous dûmes passer encore six portes lourdement bardées. À senestre, une nouvelle porte barrait l’escalier qui donnait sur le chemin de ronde, tandis qu’à dextre, gisaient de nombreux boulets destinés aux engins de jet.
     
    L’escalier se rétrécit alors pour déboucher sur une autre porte munie d’une forte serrure. Un pont-levis à flèche enjambait une fosse aux ours. Iceux se dressèrent à notre approche en nous jetant un regard lourd de menaces. La passerelle fut rouillée en douceur sur un signe du capitaine par l’effet d’un ingénieux système à bascule et à contrepoids que j’avais déjà observé ailleurs.
    De l’autre côté, encore une autre porte protégée par une poivrière. Sur le linteau d’icelle, deux lions encadraient le blason armorié des Hohenstaufen, dont notre capitaine nous apprit qu’ils avaient été les premiers bâtisseurs de la forteresse.
    Après le passage d’une sixième porte, nous étions rendus dans une cour supérieure qui baignait dans la lumière du soleil couchant. Cette esplanade au cœur de la Kernbourg était surveillée par un poste de guet.
    Devant nous se dressait à présent le donjon quadrangulaire, dont la masse gigantesque dominait la cour à l’est, à plus de trente toises ! Des hourds bordaient le sommet du donjon renforcé par une bretèche. Tout en haut, de nombreuses archères en complétaient le système de défense et éclairaient la courtine posée sur des corbeaux de pierre.
     
    Notre guide nous indiqua la présence du cellier, des caves et des cuisines à dextre, et d’une grande citerne à senestre, alimentée par des gargouilles qui drainaient l’eau de pluie. Pour satisfaire au désir de nos écuyers qui humaient de fortes odeurs de rôts, nous découvrîmes les cuisines.
    Devant
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