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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits
Autoren: Hugues De Queyssac
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difficile à maîtriser si je n’apazimais pas mon corps bandé comme un arc gallois.
     
    Marguerite dut le sentir. Elle posa sur mes joues, sur mon menton et sur mon col, trois patounes discrètes, puis elle glissa entre mes lèvres entrouvertes la pointe de sa langue.
    Le contact de cette bouche, de ces lèvres pulpeuses pressées contre les miennes, nos langues qui se mêlaient et se dérobaient tour à tour pour mieux se chercher et se fuir dans la moite douceur de nos salives, se fouillaient savamment à la recherche de sensations que je croyais pourtant connues.
    Ce doigté, cette tendresse, étaient-ils ceux de mon épouse ou bien ceux de la princesse Échive de Lusignan ? Je tentai d’ouvrir les yeux. Sans succès. Mes paupières étaient lourdes. Ou bien la pièce était trop obscure. Est-ce que je rêvais ?
    Pour m’assurer que tel n’était point le cas, je tentai de glisser l’une de mes mains à la recherche furtive de lèvres d’une autre nature. Au fond, peu me chaut, me dis-je. Marguerite, Échive, Éléonore de Guirande… Carpe Diem ! Depuis combien de jours n’avais-je pas eu de relations charnelles ? Ni éprouvé autant de plaisir ?
    Ma bien-aimée devait être allongée à mes côtés. Ma dextre chercha l’objet de mes convoitises. Elle ne trouva que le drap.
     
    Les yeux toujours clos, je basculai péniblement sur le côté, comme si mon esprit engourdi ne commandait que mollement mes sens en ébullition. De l’autre main, la senestre, je tâtonnai. À la chaude, mes doigts découvrirent enfin un bas tissé de laine et de soie, un genou, une cuisse qui s’écarta, s’escambilla peu à peu pour me permettre de paillarder, au centre de la toison, des lèvres fines et mouillées d’un plaisir qui devait être attendu. Ou espéré.
    Au moment où je glissai un doigt léger pour savourer le liquide chaud et épais qui lubrifiait les accès les plus secrets, les plus intimes de son corps, je sentis une main pastisser, puis saisir tout à trac ma virilité, l’encercler, la relâcher, la presser à nouveau, en caresser les bourses, remonter lentement vers son extrémité, parcourir de l’ongle le prépuce.
    Alors que mes doigts s’agitaient de plus en plus rapidement en une estampie convulsive à l’intérieur de la gorge chaude et profonde qui m’était offerte pour une jouissance partagée, elle haleta, un spasme violent l’agita et un léger râle sortit de sa bouche. Ses cuisses, souillées du plaisir que je lui avais donné, se refermèrent brusquement sur ma main, bloquant mes doigts un court instant avant de les libérer et de m’inviter à m’étendre sur le dos.
    Une langue savante parcourut tout de gob l’extrémité d’un membre prêt à se libérer à tout instant, en définit le contour, l’encercla, l’abandonna, revint pour mieux le pastisser entre ses lèvres gouleyantes.
    Cette gente fée sut se retirer à temps, retarder le moment fatal par des caresses d’une autre nature en d’autres lieux, jusqu’à ce qu’elle décide par un lent va-et-vient de la main, fruit d’une science de l’érotisme connue, parait-il, des seules folieuses dans les bordeaux, que le moment était venu de libérer la poussée de la sève. Sa main n’eut pas à accélérer fort longtemps son mouvement pour produire un effet qui m’arracha un cri rauque.

    Lorsque je sortis enfin de ma torpeur, de ce sommeil matinal et énamouré, je me dressai séant sur le lit, les yeux péniblement écarquillés à la recherche de celle qui avait comblé mes fantasmes en me biscottant de si accorte façon.
    Dans la chambre, où ne filtrait que la maigre lueur qui perçait les vitraux des deux minuscules fenestrous à meneaux percés sur l’un des murs, je ne vis tout d’abord rien.
    Lorsque je pris conscience, les yeux enfin ouverts, le chef lourd, de l’endroit où j’étais étendu, plus épuisé que la veille, je ne vis rien. Rien que mon corps qui s’escumait. J’étais seul, dans un endroit inconnu, sur un lit qui n’était pas le mien.
    Je lançai un regard affolé sur les draps, puis sur la tenture de la courtine. Des traces de semence, bien visibles, me narguaient, dégoulinaient sur ma poitrine et sur mon ventre. Comment, Diable, avais-je pu, dans mon sommeil, me livrer à un plaisir aussi solitaire que contraire aux saintes lois de l’Église ? Le résultat d’une trop longue abstinence, tentai-je de me consoler. Tout de même ! Cela ne s’était plus produit depuis
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