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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits
Autoren: Hugues De Queyssac
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de vastes cheminées, s’affairaient maîtres queux, échansons, gâte-sauces, maîtres boulangers, mazeliers et une nuée de servantes et de pages. Volailles, pigeons, poissons éviscérés, mortiers, pilons jonchaient la grande table de service. Il régnait dans cette salle une douce chaleur qui contrastait avec la glaciale humidité régnant à l’extérieur.
    On nous proposa aussitôt un vin chaud parfumé à la cannelle : il nous réjouit le gosier que nous avions sec. J’observai Foulques de Montfort du coin de l’œil : il trempa les lèvres dans le gobelet de terre cuite qu’on lui présenta, pour ne pas embuffer nos hôtes. Il n’en but qu’une gorgée…
     
    Pour monter aux étages nobles, nous suivîmes un chambrier au visage quelque peu efféminé et imberbe. Le second palier donnait accès par un étroit couloir à une première, puis une deuxième chambre d’hôtes du logis seigneurial.
    De splendides tapisseries de haute lice représentant des scènes de chasse étaient tendues le long des murs pour protéger du froid et de l’humidité. Le sol était couvert de carreaux en terre cuite posés sur un lit de briques et tiédis par un ingénieux système de circulation d’air chaud en provenance d’une cheminée, nous apprit-on. Le plafond, où s’entrecroisaient sommiers et fortes solives, était décoré de motifs floraux.
    Le mobilier était de grande richesse : de somptueux coffres de forme romane avec leurs arcatures (à côté desquels nos propres coffres de pèlerins, qui avaient déjà été rangés le long des murs, faisaient bien piètre figure), de confortables lits à baldaquin capables d’accueillir trois ou quatre personnes, des hausse-pieds, un lutrin, des faudesteuils de bois sculptés, une écritoire contenant plusieurs parchemins de veelin, un encrier, des gommes arabiques, un grattoir et des plumes finement taillées.
    Notre chambrier nous apprit que des chevaucheurs se tenaient prêts à porter les messages que nous souhaiterions faire parvenir à nos proches, à notre famille ou à nos amis.
     
    Sur une table massive, des chandeliers dispensaient une lumière jaune et parfumée à la cire d’abeilles. Des gobelets, des pots en argent, des aiguières en cristal enchâssé dans des supports d’argent et de vermeil laissaient éclater la robe dorée d’un délicat vin de Haute Alsace !
    Nous étions rendus dans nos chambres et nous écarquillions tous les yeux, peu habitués depuis notre départ de la Dourdonne à autant de splendeur et de confort lors de nos différentes haltes.
    Et, pour notre plus grand bonheur, de grands baquets en cuivre fumaient en attendant que nous plongions nos corps sur le drap grossier qui les tapissaient, dans une eau parfumée, ô merveille, aux essences de pins !
    Dans l’une des deux chambres, trônait une grande cheminée en grès. Sur la hotte était peinte une fresque représentant l’arbre généalogique des seigneurs de Rathamhausen. Dans l’âtre, des bûches de chêne flambaient allègrement et, dans un angle de chacune des chambres, une petite porte donnait accès aux commodités.
    Les pièces où nous étions logés servaient aussi d’antichambre à la salle des fêtes, une grande salle d’apparat où nous serions invités à dîner, le surlendemain, lorsque l’on cornerait l’eau.
    Sur l’heure, une table avait été dressée sur des tréteaux dans la chambre qu’occuperaient nos écuyers et dans la nôtre. Une grande pièce d’étoffe, brodée et d’une blancheur immaculée les recouvrait ; des pages nous serviraient prochainement le souper et nous approvisionneraient en bois de chauffe dès que nous aurions terminé nos ablutions, se rengorgea notre jeune chambrier à la mine chafouine.
    Ils porteraient aussi nos effets de route à la lingerie où nous pourrions les faire récupérer tous les soirs aussi longtemps qu’il nous plairait de résider en ce château, surenchérit-il en effectuant une gracieuse courbette.

    Le lendemain, Foulques de Montfort, Raymond de Carsac, Guy de Vieilcastel, Philippe de Castelja, Onfroi de Salignac et Guilbaud de Rouffignac se levèrent avant potron-minet pour participer à une première chasse au sanglier, organisée par le comte d’Œttingen.
    Ils m’avaient invité à rejoindre les équipages en me secouant comme un prunier. Mal leur en prit. Après une nuit d’insomnie peuplée des ronflements de mes compains de lit, de rêves oniriques, de combats épiques sur les
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