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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits
Autoren: Hugues De Queyssac
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nos chevaux et nos bêtes de somme restent en repli sous la garde de Raymond de Carsac et de nos archers. S’ils sont encore capables de viser juste… Philippe de Castelja et Guy de Vieilcastel se joindront à moi. Que décidez-vous en ce qui vous concerne ? »
    Mon destrier, éclat d’Orient, piaffait d’impatience. Moi aussi.
    Il humait l’odeur de la bataille. Il hennissait et encensait ciel et terre d’une écume baveuse. Ses sabots raclaient le sol caillouteux. Je serrai les rênes de peur qu’il ne prenne le mors aux dents.
     
    Le chevalier de Montfort lança un ordre bref et désigna un cabanon de vigneron qui dressait ses planches au bord du chemin. Il enjoignit aux personnes qu’il avait désigné de s’y retrancher jusqu’à notre retour et de rester à l’arme, sous le commandement du chevalier de Carsac.
    Un vol de noirs vautours et autres rapaces, des buses et ce qui ressemblait à des faucons pèlerins effectuaient déjà des circonvolutions dans le ciel où s’effilochaient, sous la brise d’automne, de maigres nuages que tentaient de rejoindre d’épaisses volutes de fumée grise. Les charognards attendaient en planant la fin de la tourmente pour recueillir les reliefs d’un festin macabre.
    La bride annoncée par le consul de Ribeauvillé ne devait pas encore avoir posé tapis de selle ni abaissé le pont-levis car, devant nous, des cavaliers sans gonfanons ni bannières brandissaient et jetaient des torches sur les toits de chaume, sur les portes ou les fenestrous.
     
    Je desforai mon épée d’arçon, une belle arme, une épée à une main et demie que je venais d’acquérir. Un bel acier forgé par un maître de Solingen. Une épée à dégorgeoir dont le fil était aussi tranchant que le rasoir du baron de Beynac. J’avais grande hâte d’en éprouver l’efficacité. Pour savoir si elle valait le prix dispendieux que j’avais dû bailler à l’un des maîtres forgerons de la ville de Colmar.
    Un hurlement espouvantable déchira l’air porté par le vent de noroît. D’une chaumière épargnée par les flammes. À moins de six cents pieds de l’endroit où je me tenais.
    Je huchai à gueule bec : « Salignac, Rouffignac, à moi ! », lançai un dernier regard sur mes arrières, ouvris la main senestre pour donner du mou aux rênes. Inutile d’éperonner. Mon destrier se cabra et prit le galop si vite que mes fesses glissèrent contre le troussequin. À deux doigts de vider les arçons, je repris l’équilibre et assurai mon assiette dans la selle.
    Un air frais sifflait à mes oreilles, embuait ma vue, me pinçait les oreilles, mais ne m’empêcha pas de fredonner ces vers composés par un troubadour des temps anciens :
     
    Dieu, quand ils crieront « Outrée ! »
    Sire, aidez nos pèlerins
    Pour qui suis espouvantée,
    Car félons sont les vilains.
     
    Devant le seuil de la chaumière d’où s’élevaient des cris rauques et des râles d’agonie, trois bidets broutaient des feuilles de pissenlit, indifférents au tumulte qui régnait dans le logis.
    La porte était entrebâillée. Je sautai à terre et poussai le battant du pied, tout en le retenant de la main dextre. Le spectacle qui s’offrit à mes yeux, je ne le vis tout d’abord pas, le temps que mes yeux s’accoutumassent à l’obscurité intérieure.
    À la lumière falote d’une bougie, deux routiers en guenilles lançaient les dés sur une table. Trois autres s’agitaient dans le coin le plus reculé de la pièce. Personne ne remarqua ma présence.
    « Six !
    — Vingt et un ! J’ai gagné le droit de forcer la pucelle avant toi, s’exclama l’un des bougres.
    — Regarde : pucelle, elle ne le restera pas longtemps, rétorqua l’autre joueur en s’esclaffant. Notre compain a baissé les chausses. Son cul est déjà rouge de plaisir. À n’en point douter, son sexe bien gorgé va en déchirer l’hymen avant toi ! T’as déjà vidé ta semence dans la vieille, renchérit-il en désignant un recoin sombre où gisait une forme inanimée.
    — La vieille m’a soulagé, mais je sens derechef une vigueur à en faire pâlir l’étalon le mieux membré ; la vieille avait de grosses mamelles, mais son con était trop sec et trop large pour que j’y prenne grand plaisir. Elle s’était offerte à la place de sa pucelle de fille… Comme si nous allions nous contenter d’un trou visité et revisité par feu son mari ! gloussa-t-il en remplissant leur godet.
    — Tu l’as
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