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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak
Autoren: Charles De Coster
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grande, répondit Claes.
    – Elle est petite, répartit Josse, car nous faisons tous deux
lui s’entre-tuer et moi s’entre-battre des hommes pour notre profit
et plaisir.
    Puis il les conduisit en son ermitage, où ils menèrent noces et
festins durant onze jours sans trêve.

XIII
     
    Claes, en quittant son frère, remonta sur son âne, ayant
Ulenspiegel en croupe derrière lui. Il passa sur la grand’place de
Meyborg il y vit assemblés par groupes un grand nombre de pèlerins
qui, les voyant, entrèrent en fureur et brandissant leurs bâtons,
tous soudain crièrent : « Vaurien ! » à cause
d’Ulenspiegel, qui, ouvrant son haut-de-chausses, retroussait sa
chemise et leur montrait son faux visage.
    Claes, voyant que c’était son fils qu’ils menaçaient, dit à
celui-ci :
    – Qu’as-tu fait pour qu’ils t’en veuillent ainsi ?
    – Cher père, répondit Ulenspiegel, je suis assis sur le baudet,
ne disant rien à personne, et cependant ils disent que je suis un
vaurien.
    Claes alors l’assit devant lui.
    Dans cette posture, Ulenspiegel tira la langue aux pèlerins,
lesquels vociférant, lui montrèrent le poing, et, levant leurs
bâtons de bois, voulurent frapper sur Claes et sur l’âne.
    Mais Claes talonna son âne pour fuir leur fureur, et tandis
qu’ils le poursuivaient, perdant le souffle, il dit à son
fils :
    – Tu es donc né dans un bien malheureux jour, car tu es assis
devant moi, tu ne fais tort à personne et ils veulent
t’assommer.
    Ulenspiegel riait.
    Passant par Liége, Claes apprit que les pauvres Rivageois
avaient grand’faim et qu’on les avait mis sous la juridiction de
l’official, tribunal composé de juges ecclésiastiques. Ils firent
émeute pour avoir du pain et des juges laïques. Quelques-uns furent
décapités ou pendus et les autres bannis du pays, tant était
grande, pour lors, la clémence de monseigneur de la Marck, le doux
archevêque.
    Claes vit en chemin les bannis, fuyant le doux vallon de Liége,
et aux arbres près de la ville, les corps des hommes pendus pour
avoir eu faim. Et il pleura sur eux.

XIV
     
    Quand, monté sur son âne, il rentra au logis muni d’un sac plein
de patards que lui avait donné son frère Josse et aussi d’un beau
hanap en étain d’Angleterre, il y eut en la chaumière ripailles
dominicales et festins journaliers, car ils mangeaient tous les
jours de la viande et des fèves.
    Claes remplissait de
dobbel-kuyt
et vidait souvent le
grand hanap d’étain d’Angleterre.
    Ulenspiegel mangeait pour trois et patrouillait dans les plats
comme un moineau dans un tas de grains.
    – Voici, dit Claes, qu’il mange aussi la salière.
    Ulenspiegel répondit :
    – Quand, ainsi que chez nous, la salière est faite d’un morceau
de pain creusé, il faut la manger quelquefois, de peur qu’en
vieillissant les vers ne s’y mettent.
    – Pourquoi, dit Soetkin, essuies-tu tes mains graisseuses à ton
haut-de-chausses ?
    – C’est pour n’avoir jamais les cuisses mouillées, répondit
Ulenspiegel.
    Sur ce, Claes but un grand coup de bière en son hanap.
    Ulenspiegel lui dit :
    – Pourquoi as-tu une si grande coupe, je n’ai qu’un chétif
gobelet ?
    Claes répondit :
    – Parce que je suis ton père et le
baes
de céans.
    Ulenspiegel repartit :
    – Tu bois depuis quarante ans, je ne le fais que depuis neuf,
ton temps est passé, le mien est venu de boire, donc c’est à moi
d’avoir le hanap et à toi de prendre le gobelet.
    – Fils, dit Claes, celui-là jetterait sa bière au ruisseau qui
voudrait verser dans un barillet la mesure d’une tonne.
    – Tu seras donc sage en versant ton barillet dans ma tonne, car
je suis plus grand que ton hanap, répondit Ulenspiegel.
    Et Claes, joyeux, lui bailla son hanap à vider. Et ainsi
Ulenspiegel apprit à parler pour boire.

XV
     
    Soetkin portait sous la ceinture un signe de maternité
nouvelle ; Katheline était enceinte pareillement, mais, par
peur, n’osait sortir de sa maison.
    Quand Soetkin l’allait voir :
    – Ah ! lui disait la dolente engraissée, que ferai-je du
pauvre fruit de mes entrailles ? Le faudra-t-il
étouffer ? J’aimerais mieux mourir. Mais si les sergents me
prennent, ayant un enfant sans être mariée, ils me feront, comme à
une fille d’amoureuse vie, payer vingt florins, et je serai
fouettée sur le Grand-Marché.
    Soetkin lui disait alors quelque douce parole pour la consoler,
et l’ayant quittée, elle revenait songeuse au logis. Donc
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