Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak
Autoren: Charles De Coster
Vom Netzwerk:
furieuse, la fumée épaisse et la
poussière haut soulevée, il allait quérir deux siens valets
déguisés en sergents de la commune, lesquels chassaient les
vieilles de la salle à grands coups de gaule, comme un troupeau
d’oies furieuses.
    Et Josse, considérant le champ de bataille, y trouvait des
lambeaux de cottes, de chausses, de chemises et vieilles dents.
    Et bien mélancolique il se disait :
    – Ma journée est perdue, aucune d’elles n’a laissé sa langue
dans la mêlée.

XII
     
    Claes, étant dans le baillage de Meyborg, traversait un petit
bois : l’âne cheminant broutait les chardons ;
Ulenspiegel jetait son couvre-chef après les papillons et le
rattrapait sans quitter le dos du baudet. Claes mangeait une
tranche de pain pensant bien l’arroser à la taverne prochaine. Il
entendait de loin une campane tintant et le bruit que fait grande
foule d’hommes parlant ensemblement.
    – C’est, dit-il, quelque pèlerinage et messieurs les pèlerins
seront nombreux sans doute. Tiens-toi bien, mon fils, sur le
roussin, afin qu’ils ne te puissent renverser. Allons-y voir. Or
ça, baudet, mange mes talons. Et le baudet de courir.
    Quittant la lisière du bois, il descendit vers un large plateau
bordé d’une rivière à son versant occidental ; du côté du
versant oriental était bâtie une petite chapelle dont le pignon
était surmonté de l’image de Notre-Dame et à ses pieds de deux
figurines représentant chacune un taureau. Sur les degrés de la
chapelle se tenaient, ricanant, un ermite sonnant de la campane,
cinquante estafiers tenant chacun des chandelles allumées, des
joueurs, sonneurs et batteurs de tambours, clairons, fifres,
scalmeyes et cornemuses et un tas de joyeux compagnons tenant des
deux mains des boites en fer pleines de ferrailles, mais tous
silencieux en ce moment.
    Cinq mille pèlerins et même davantage cheminaient sept par sept
en rangs serrés, coiffés de casques et portant des bâtons de bois
vert. S’il en venait de nouveaux coiffés et armes pareillement, ils
se rangeaient en grand tumulte derrière les autres. Passant ensuite
sept par sept devant la chapelle, ils faisaient bénir leurs bâtons,
recevaient chacun des mains des estafiers une chandelle et, en
échange, payaient un demi-florin à l’ermite.
    Et leur procession était si longue que les chandelles des
premiers étaient à bout de mèche tandis que celles des derniers
manquaient de s’éteindre par excès de suif.
    Claes, Ulenspiegel et l’âne, ébaubis, virent ainsi cheminer
devant eux une grande variété de porte-bedaines, larges, hautes
longues, pointues, fières, fermes ou tombant lâchement sur leurs
supports de nature. Et tous les pèlerins étaient coiffés de
casques.
    Ils en avaient venant de Troie et semblables à des bonnets
phrygiens, ou surmontés d’aigrettes de crin rouge ; d’aucuns,
quoique mafflus et pansards, portaient des casques à ailes
étendues, mais n’avaient nulle idée de volerie : puis venaient
ceux qui étaient coiffés de salades dédaignées des limaçons à cause
de leur peu de verdure.
    Mais le grand nombre portaient des casques si vieux et rouillés
qu’ils semblaient dater de Gambrivius, roi de Flandres et de la
bière, lequel roi vécut neuf cents ans avant Notre-Seigneur et se
coiffait d’une pinte, afin de n’être point forcé de ne pas boire
faute de gobelet.
    Tout à coup, tintèrent, geignirent, tonnèrent, battirent,
glapirent, bruirent, cliquetèrent cloches, cornemuses, scalmeyes,
tambours et ferrailles.
    À ce vacarme, qui fut un signal pour les pèlerins, ils se
retournèrent, se plaçant par bandes de sept, face à face, et
s’entreboutèrent chacun, en guise de provocation, leur chandelle
flambante sur la physionomie. Ce qui causa de grands éternûments.
Et le bois vert de pleuvoir. Et ils s’entre-battirent du pied, de
la tête, du talon et de tout. D’aucuns se ruaient sur leurs
adversaires à la façon des béliers, le casque en avant, qu’ils
s’enfonçaient jusqu’aux épaules, et allaient aveuglés tomber sur
une septaine de furieux pèlerins, lesquels les recevaient sans
douceur.
    D’autres pleurards et couards se lamentaient à cause des coups,
mais tandis qu’ils marmonnaient leurs dolentes paternôtres, se
ruaient sur eux rapides comme la foudre, deux septaines de pèlerins
s’entre-battant, jetant par terre les pauvres pleurards et marchant
dessus sans miséricorde.
    Et l’ermite riait.
    D’autres septaines, se
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher