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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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méthodes indiennes de la guerre d’Amérique, Valencey d’Adana avait accepté. Mais un second courrier lui apprenant qu’une bande vendéenne avait enlevé Victoire et errait sans doute dans le pays avec la prisonnière précipita encore l’expédition: il fallait trouver cette bande!
    Mahé le tira de sa rêverie:
    – La lettre de Nicolas te dénonçant, au reste faussement, car ce n’est pas tes mots, au gros Capet 1 a sans doute nourri sa haine et explique mieux ton exil.
    Le ci-devant prince ne semblait pas autrement choqué:
    – Nicolas ne change guère: c’est pensé salement et dégoûtamment écrit.
    Ils sourirent mais pas longtemps: du fond de l’église leur parvinrent d’atroces hurlements. Ils sortirent leurs lourds sabres de marine d’un même mouvement.
    1 Louis XVI.

4
    D’autres troupes vendéennes arrivaient et, comme toujours lorsque l’armée royale défilait, les femmes acquises à cette cause se mirent à genoux en disant leur chapelet.
    Une auberge avait été réquisitionnée par les officiers. On brûlait sur des fagots l’enseigne de l’endroit, À la Convention nationale , tandis que, pendu à un chêne, le corps de l’aubergiste oscillait sous la poussée violente du vent.
    Sans susciter le moindre émoi.
    Le général-comte de Blacfort fut accueilli aux cris de «Vive le roi, vive la noblesse, vive le clergé!»
    Avec ravissement, il vit une poignée de soldats bleus capturés obligés de marcher sur des cocardes tricolores en criant «Vive le roi!» Ceux qui refusaient étaient immédiatement sabrés.
    Dans leur fuite précipitée, les républicains avaient abandonné un échafaud, celui-là même qui, deux jours plus tôt, avait servi à guillotiner cinq prêtres réfractaires. Les paysans trouvèrent là un excellent prétexte pour exécuter des prisonniers, soldats ou fonctionnaires municipaux ainsi que des bourgeois libéraux.
    Un groupe de cavaliers de la chouannerie, venus du nord, fut accueilli chaudement. Comme les Vendéens, ils avaient attaché à la queue de leurs chevaux des cocardes tricolores et des épaulettes dorées d’officiers républicains tués au combat.
    Les aristocrates étaient bien davantage turbulents que les soldats-paysans. Avec leurs vestes vertes à collets blancs ou noirs, on les remarquait de loin même si certains, en raison du froid, portaient des redingotes vert épinard.
    Avec une attention polie, Blacfort assista à une triple exécution contre le mur de l’église: d’une salve, une escouade abattit le maire, le médecin et un avocat au visage ensanglanté, marqué par les coups, car on le soupçonnait d’appartenir à la franc-maçonnerie, appelée ici «l’officine du diable».
    Peu après, Blacfort fut reçu dans la maison de feu le médecin dont on avait chassé la famille, y compris les enfants en bas âge, en pleine nuit et sur les chemins venteux. Un dîner fin l’attendait en compagnie de trois officiers supérieurs. De ce fait, on avait différé la mise à mort de la baronne républicaine.
    – C'est un honneur de vous compter parmi nous, général!… lança le doyen, un vieux colonel, ancien de la garde constitutionnelle du roi qui avait sauvé sa peau de justesse lors de la journée du 10 août 1792.
    Blacfort inclina légèrement la tête.
    – Sachez, colonel, que cet honneur est partagé.
    On passa aussitôt à table.
    Blacfort possédait indiscutablement l’art de la conversation. Non qu’il eût acquis beaucoup de connaissances, mais son esprit s’était jadis aiguisé au contact de Valencey d’Adana et, dans une moindre mesure, de Mahé. Pourtant, il ne songeait jamais à ces lointaines années où les trois jeunes gens discutaient parfois jusqu’au coucher du soleil.
    On servit d’abord une soupe au lait et au fromage puis des saucissons fumés et, comme deux colonels se querellaient sur le nom local de ces produits, Blacfort les fit taire d’un regard qu’il tempéra aussitôt d’un trait d’humour:
    – Messieurs, n’oubliez pas qu’on m’appelle «le pacificateur».
    On sourit, mais le plus jeune des officiers songea: «On t’appelle aussi “le boucher”, et plus souvent!»
    Blacfort s’était fait une spécialité d’arriver sur les arrières des troupes vendéennes combattantes. C'est lui qui, tout aussitôt, destituait les autorités en place, nommait de nouveaux responsables et procédait à la répression, généralement féroce.
    On apporta des lentilles froides en salade et des
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