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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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spécialiste des missions aussi confidentielles que délicates. Occupant déjà cette charge sous la monarchie, il n’était pas pour rien dans le ralliement des gardes-françaises qui, le 14 juillet 1789, avaient rejoint la foule, permettant le succès de l’émeute. Il ne rendait de comptes qu’au tout-puissant Comité de salut public et plus spécialement à son étoile montante, Maximilien Robespierre.
    La pluie, qui s’était interrompue, reprit avec violence tandis que les fugitifs arrivaient à hauteur d’un bâtiment appartenant sans doute aux douanes.
    Par gestes, Valencey d’Adana donna ses ordres. Tous se comprenaient parfaitement, ayant coulé ou arraisonné des centaines de navires, ayant combattu de nuit, s’étant livrés à des dizaines d’abordages d’une extrême violence et ayant même affronté les Anglais à terre après la victoire navale de la baie de Chesapeake.
    Portes et fenêtres furent bousculées à coups de botte à la même seconde tandis qu’on jetait à l’intérieur un tonnelet de poudre à mèche courte qui explosa immédiatement. Les marins de la République envahirent aussitôt le local pour constater qu’ils devaient encore affronter une demi-douzaine de Vendéens, réputés excellents combattants.
    Cependant, contrairement aux «Bleus», les partisans du roi ne se trouvaient pas sur leur terrain d’élection, le bocage, quand les marins, habitués à combattre sur le pont d’un navire, n’étaient pas gênés par l’exiguïté des lieux, ce qui leur assura une rapide supériorité.
    L'officier vendéen ne se trompa pas d’ennemi, faisant face à Valencey d’Adana. Il ne fut pas sans remarquer que son adversaire républicain, un officier de marine, portait épinglée sur le côté droit de sa poitrine une décoration rarissime: un aigle d’or à tête blanche avec ruban bleu clair bordé de blanc, «l’ordre de Cincinnatus», la plus prestigieuse décoration américaine décernée à seulement trois cent soixante volontaires sur les douze à quinze mille Français ayant combattu pendant la guerre d’Indépendance. Elle voisinait avec une autre, croix de Malte en or à fleurs de lys avec épée passée à travers une couronne de lauriers: l’ordre de Saint-Louis, la plus haute décoration militaire de la ci-devant monarchie. Mais la cocarde tricolore au tricorne levait toute ambiguïté, ce qui décupla la haine du Vendéen et le rendit maladroit: quelques secondes plus tard, l’extrémité du sabre de Valencey d’Adana lui pénétrait dans l’œil, ressortant par le cervelet.
    Pour les autres, le combat continuait. Il fallait se garder des coups d’épée mais plus encore de l’arme classique des chouans, la faux à lame redressée dans l’axe du manche. Le frêle marquis de La Mellerie évita de justesse un coup de «bâton à riboules», c’est-à-dire garni de clous, avant de décapiter à demi son adversaire d’un puissant coup de sabre. Pour les autres, la messe était dite.
    Jacques Dumesnil examina attentivement un couteau de sabotier en usage pour égorger les soldats républicains puis, d’un coup de pistolet, acheva un blessé.
    Les six marins, le sabre à la main, observèrent avec surprise les cadavres de leurs adversaires.
    – Leur chef mis à part, ce sont de pauvres paysans, assurément!… grommela Mahé de Campagne-Ampillac d’un ton désolé.
    – Des brigands de la Vendée, suppôts des despotes, valets des oppresseurs et des tyrans!… rectifia le baron de Saint-Frégant.
    – Fouillons-les!… proposa John O'Shea.
    Valencey d’Adana ne fit pas de commentaire, s’intéressant à la tenue de ceux qu’il serait appelé à combattre, tenue qu’il allait croiser plus souvent qu’il ne l’eût souhaité.
    Au nord de la Loire, on nommait ces paysans des «chouans» parce qu’ils se ralliaient au cri de la chouette, mais leur aspect différait peu de celui des Vendéens et moins encore leurs insignes. Ainsi voyait-on sur leur poitrine, cousus avec du fil rouge, scapulaires et Sacré-Cœur. Ils portaient la cocarde blanche au chapeau et un chapelet passé dans la boutonnière.
    Dans un coin de la pièce, roulé avec soin, le drapeau blanc du roi frappé de fleurs de lys et du Sacré-Cœur.
    – Ça sent l’eau bénite!… remarqua Mahé.
    Feu l’officier qui commandait le détachement avait la taille ceinte de l’écharpe blanche et, sur sa plaque de ceinturon, voisinaient fleurs de lys et couronne d’or.
    Dans leurs poches,
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