Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
temps, on pouvait choisir ses plats à la carte… Les parties de billard, de trictrac ou de whist entre hommes puis, avec ces dames, les devinettes, les charades, les bouts-rimés, les poèmes aussitôt oubliés qu’inventés… Après souper, le tripot, puis la danse dans un des nombreux bals organisés en les meilleures maisons. Et la nuit avec sa maîtresse du moment…
    – Une actrice du Théâtre-Français!… dit l’un.
    – Ou de la Comédie-Italienne!… lança un autre.
    – Non, une cantatrice ou une danseuse de l’opéra!… affirma le troisième.
    Blacfort vida son verre d’eau-de-vie d’Amboise, repoussa l’assiette de prunes et de poires confites puis se leva, chancelant légèrement:
    – Nous retrouverons tout cela!… Nous reprendrons Paris!… Mais pour y parvenir, il faut nous montrer inflexibles.
    Titubant un instant, il saisit son sabre, coiffa son chapeau et sortit dans la nuit glacée.
    Le plus jeune des trois colonels dit alors à mi-voix:
    – Quant à moi, je ne veux pas voir cela dont il va finir de s’enivrer. La barbarie n’est point mon dessert.
    Les deux autres baissèrent la tête, sans aller là contre.
    1 Le plus grand admirateur du général vendéen Bonchamps fut Napoléon Bonaparte.

5
    Dès les premiers hurlements, Valencey d’Adana et ses compagnons s’étaient précipités dans la sacristie où le prêtre, saisi de convulsions, se roulait sur le sol.
    Le baron de Saint-Frégant, chirurgien de La Terpsichore , le gifla à deux reprises puis, fouillant dans sa mallette de cuir, en sortit un remède de sa composition.
    Cependant, il fallut la rude poigne du maître d’équipage Jules Dumesnil pour écarter les mâchoires du prêtre aussi récalcitrant que «réfractaire».
    Un peu à l’écart, très pâle, le jeune Bernardin des Essarts, marquis de La Mellerie, murmura:
    – Voici donc le spectacle que j’offre lorsque me prend le «Haut-Mal».
    Valencey d’Adana, qui avait l’oreille fine, s’approcha du jeune homme:
    – Cela n’a rien à voir, La Mellerie. En outre, vos crises sont fort rares et puis quoi, à la fin?… Ainsi l’a voulu la nature, mais l’homme y portera un jour remède…
    Il hésita et ajouta:
    – Comme il le fera pour les crises de pet du baron de Taillebourg.
    Au souvenir de l’ancien capitaine de La Betelgeuse , corvette qui flanquait jadis La Terpsichore , les deux hommes sourirent, La Mellerie ajoutant:
    – Lorsqu’il pétait en chapelet, on eût dit quelquefois un formidable combat naval à lui tout seul!
    Tandis que le prêtre reprenait ses esprits, s’asseyant sur les dalles glacées, l’Américain John O'Shea s’était approché d’un rayonnage placé légèrement de guingois.
    – N’y touchez pas!… hurla le prêtre qui, étrangement, retrouvait toute sa raison.
    Cela eut un effet tout opposé puisque O'Shea tira le meuble, lequel, fonctionnant comme une porte, ouvrait sur une petite pièce.
    Ignorant les malédictions du curé, on tendit une lanterne à O'Shea qui demeura un instant cloué sur place, tant le stupéfiait le spectacle offert à ses yeux…
    Ils étaient cinq. Six, si l’on ajoutait leur prisonnière.
    Volontaires de l’armée vendéenne, ils en avaient les fâcheuses habitudes. Ainsi, de se démobiliser d’eux-mêmes pour revenir dans leur ferme sitôt après une bataille et quelle que fût l’insistance de leurs chefs à les vouloir conserver sur place.
    L'armée vendéenne comptait peu d’éléments à demeure, d’où lui venait sa grande faiblesse. En général, les choses se faisaient par l’arrivée d’un ordre de réquisition tel que celui-ci, intercepté par des hussards républicains:
    « Au Saint Nom de Dieu, de par le Roi, la paroisse du Mesnouvil-Baugé est invitée à envoyer le plus d’hommes possible, le 1 er février, au château de Beaurain; on aura soin d’apporter des vivres et des armes.
    Marquis de Nontevrault »
    Il eût été malséant, comme bien on l’imagine, de ne pas déférer à pareille «invitation».
    Les cinq hommes étaient des paysans. Catholiques est un mot qui les définissait faiblement car, pour la majorité d’entre eux, «fanatiques» ou «idolâtres» eût mieux convenu. Et cependant, ce très fort sentiment religieux cohabitait parfaitement, en leurs âmes déconcertantes, avec une âpreté au gain qu’on rencontrait souvent en les campagnes de France.
    Apprenant le montant de la prime, cent louis, offerte par le général-comte de Blacfort pour
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher