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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
Autoren: Walter Scott
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lui effleurer la peau suffisamment pour en tirer du sang. Tenant le bras de l’apprenti d’une main qui le serrait comme une paire de tenailles, il le désarma en un instant. Conachar se voyant à la merci de son formidable antagoniste, sentit une pâleur mortelle succéder sur ses joues à la rougeur dont la colère les avait animées, et il resta muet de honte et de crainte. Enfin Smith, lui lâchant le bras, lui dit avec le plus grand calme : – Il est heureux pour toi que tu ne sois pas digne de ma colère. Tu n’es qu’un enfant, je suis un homme ; je n’aurais dû rien dire qui pût te provoquer mais que ceci te serve de leçon.
    Conachar eut un instant l’air de vouloir lui répondre ; mais il sortit tout à coup de l’appartement avant que Simon fût assez revenu de sa surprise pour pouvoir parler. Dorothée cherchait partout des simples et des onguens. Catherine s’était évanouie en voyant couler le sang.
    – Permettez-moi de partir, père Simon, dit Henry d’un ton mélancolique ; j’aurais dû deviner que mon ancien guignon m’aurait suivi ici, et que j’aurais occasionné une scène de querelle et de sang dans un endroit où j’aurais voulu apporter la paix et le bonheur. Ne faites pas attention à moi, et donnez tous vos soins à Catherine. La vue de ce qui vient de se passer l’a tuée, et tout cela par ma faute !
    – Ta faute, mon fils ! – C’est la faute de ce brigand montagnard. C’est une malédiction pour moi que de l’avoir dans ma maison ; mais il retournera sur ses montagnes demain matin, ou il fera connaissance avec la prison de la ville. – Attenter à la vie de l’hôte de son maître dans la maison même de son maître ! Cela rompt tous les liens entre nous. – Montre-moi ta blessure.
    – Catherine ! répéta Henry ; songez à Catherine.
    – Dorothée en aura soin. – La surprise et la frayeur ne tuent point : mais les poignards et les couteaux sont plus dangereux : D’ailleurs si elle est ma fille suivant le sang, tu es mon fils d’affection, mon cher Henry. – Laisse-moi voir ta blessure. Le couteau est une arme perfide dans la main d’un montagnard.
    – Je ne m’en soucie pas plus que de l’égratignure d’un chat Sauvage ; et maintenant que les couleurs commencent à reparaître sur les joues de Catherine, vous allez voir qu’il n’en sera plus question dans un moment.
    À ces mots il s’approcha d’un petit miroir qui était suspendu à la muraille dans un coin, prit dans sa poche de la charpie pour l’appliquer sur la blessure légère qu’il avait reçue, et écarta de son cou et de ses épaules le pourpoint de peau qui les couvrait. Ses formes mâles n’étaient pas plus remarquables que la blancheur de sa peau dans les parties de son corps qui n’avaient pas été, comme ses mains et son visage, exposées aux intempéries de l’air et aux suites de son métier laborieux. Il se servit à la hâte de sa charpie pour arrêter le sang, et après en avoir avec un peu d’eau fraîche fait disparaître les dernières traces, il boutonna son pourpoint et se tourna vers Catherine, qui, quoique encore pâle et tremblante, était pourtant revenue de son évanouissement.
    – Me pardonnerez-vous, lui dit-il, de vous avoir offensée à l’instant même de mon retour ? Ce jeune homme a été assez fou pour me provoquer, et j’ai été plus fou de me laisser provoquer par un pareil blanc-bec. Votre père ne me blâme pas, Catherine ; et vous, ne pouvez-vous me pardonner ?
    – Je n’ai rien à pardonner, répondit Catherine, quand je n’ai pas le droit d’être offensée. Si mon père trouve bon que sa maison devienne un théâtre de querelles nocturnes, il faut bien que j’en sois témoin, je ne saurais l’empêcher. J’ai peut-être eu tort d’avoir interrompu par mon évanouissement la suite d’un si beau combat. Ma seule excuse c’est que je ne puis supporter la vue du sang.
    – Et est-ce de cette manière que vous recevez mon ami après sa longue absence ? lui demanda son père. Mon ami ! c’est mon fils que je dois dire ; il manque d’être assassiné par un drôle dont je débarrasserai demain cette maison, et vous le traitez comme s’il avait eu tort de repousser le serpent qui voulait l’empoisonner de son venin !
    – Il ne m’appartient pas, mon père, répondit la Jolie Fille de Perth, de décider qui a eu raison ou tort dans la querelle qui vient d’avoir lieu ; je n’ai même pas vu assez
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