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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
Autoren: Walter Scott
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qu’un homme a de plus cher ; j’ai perdu honneur, renommée, amis, et quels amis ! ajouta-t-il en se couvrant le visage des deux mains : oh ! leur amour surpassait l’amour d’une femme. Pourquoi cacherais-je mes pleurs ? Tout le monde a vu ma honte, tout le monde doit voir mon chagrin : oui, tout le monde peut le voir, mais qui en aura pitié ? Catherine, tandis que je courais le long de la vallée comme un insensé, les hommes et les femmes me criaient : – Fi ! fi ! Le mendiant à qui je jetai une pièce d’argent pour en acheter une bénédiction s’en détourna avec dédain en s’écriant : – Malédiction au lâche ! Chaque cloche dont j’entendais le son me semblait répéter : – Honte au fuyard ! Les troupeaux en bêlant et en mugissant, les vents en sifflant, ces eaux furieuses en grondant, faisaient entendre à mes oreilles : – Infamie au poltron ! Mes fidèles Leichtachs sont à ma poursuite, et ils me crient d’une voix faible – Frappe un seul coup pour nous venger : nous sommes morts pour toi !
    Tandis que le malheureux jeune homme prononçait ces paroles incohérentes, un léger bruit se fit entendre dans les buissons. – Il n’y a qu’un moyen, s’écria-t-il en sautant sur le parapet et en jetant en même temps un coup d’œil effrayé vers les buissons qu’une couple de domestiques traversaient avec précaution dans le dessein de le surprendre ; mais dès l’instant qu’il en vit sortir une figure humaine, il leva les mains au-dessus de sa tête d’un air égaré, et s’écriant : Bas an air Eachin ! il se précipita dans la cataracte qui écumait sous ses pieds.
    Il est inutile de dire qu’un duvet de chardon, seul, aurait pu ne pas être brisé en pièces par une pareille chute. Mais les eaux du fleuve étaient très hautes, et les restes du malheureux jeune homme ne se retrouvèrent jamais. La tradition fournit plus d’un supplément à son histoire : suivant les uns, le jeune chef du clan de Quhele gagna la rive à la nage bien au-dessous de Campsie-Linn, et tandis qu’il errait, livré au désespoir, dans les déserts de Rannoch, il y rencontra le père Clément qui habitait un ermitage dans cette solitude, comme les anciens moines d’Écosse nommés Culdes. Il convertit, dit-on, le repentant Conachar, qui partagea la cellule, les exercices religieux et les privations du bon père, jusqu’à l’instant où la mort les retira tous les deux de ce monde.
    Une autre légende beaucoup plus étrange suppose qu’il fut sauvé de la mort par les Daione-Shie, c’est-à-dire les fées, et qu’il continue à errer dans les bois et les endroits solitaires, armé comme les anciens montagnards, mais portant son épée de la main gauche. Le fantôme semble toujours plongé dans un profond chagrin. Quelquefois il paraît disposé à attaquer le voyageur, mais quand on lui résiste avec courage il prend toujours la fuite. Cette légende est fondée sur deux points particuliers de son histoire, sa timidité naturelle et le suicide qu’il commit, circonstances sans exemple dans l’histoire d’un chef montagnard.
    Lorsque Simon Glover, après avoir veillé à ce que son ami Henry Smith reçût les secours dont il avait besoin dans sa maison de Curfew-Street, arriva dans la soirée du même jour à Campsie, il y trouva sa fille attaquée d’une forte fièvre, suite de l’agitation que lui avaient occasionnée les scènes dont elle avait été si récemment témoin, et surtout la catastrophe qui l’avait séparée tout à coup de l’infortuné compagnon de sa première jeunesse. L’affection de Louise en fit une garde-malade si attentive et si soigneuse, que Glover déclara que ce ne serait pas sa faute si elle avait à l’avenir recours à sa viole autrement que pour s’amuser elle-même.
    Il se passa quelque temps avant que Simon se hasardât à informer sa fille des derniers exploits de Henry et des blessures sérieuses qu’il avait reçues dans le combat ; et il eut soin de faire valoir la circonstance encourageante que son amant fidèle avait refusé les honneurs et les richesses plutôt que de devenir un soldat de profession et de s’attacher à Douglas. Catherine soupira profondément en écoutant la relation du combat sanglant qui avait eu lieu le dimanche des Rameaux sur le North-Inch. Mais elle avait probablement réfléchi, que les hommes prennent rarement l’avance sur leur siècle en fait de civilisation, et qu’un courage
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