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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
Autoren: Walter Scott
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récemment arrangées avec soin, complétaient son portrait. Vingt-huit ans pouvaient être son âge.
    Toute la famille parut également charmée de revoir inopinément un ancien ami. Simon Glover lui secoua la main à plusieurs reprises. Dorothée lui fit ses complimens, et Catherine lui offrit la main d’elle-même. Henri la prit dans les siennes, comme s’il avait eu dessein de la porter à ses lèvres ; mais il y avait sur les joues de la Jolie Fille de Perth un sourire mêlé de rougeur qui semblait augmenter la confusion du galant. Simon voyant l’hésitation de son ami, s’écria avec un ton de franche gaieté :
    – Ses lèvres ! mon garçon, ses lèvres ! C’est ce que je ne dirais pas à tous ceux qui passent le seuil de ma porte. Mais, par saint Valentin dont c’est demain la fête, je suis si charmé, de te revoir dans notre bonne ville de Perth, qu’il serait difficile de dire ce que je pourrais te refuser.
    Gow, Smith, le Forgeron, car ces trois dénominations s’appliquaient au même individu, et désignaient, comme nous l’avons dit plus haut, sa profession, se trouvant encouragé de cette manière, prit un baiser modeste sur les lèvres de Catherine, qui s’y prêta avec un sourire d’affection qui aurait pu convenir à une sœur ; et elle lui dit ensuite : – Permettez-moi d’espérer que je revois à Perth un homme repentant et corrigé.
    Henry lui tenait la Main, comme s’il allait lui répondre ; mais il la laissa échapper tout-à-coup, en homme qui perd courage à l’instant d’en montrer ; et reculant comme s’il eût été effrayé de la liberté qu’il venait de prendre, ses joues basanées rougissant de plaisir et de timidité, il s’assit près du feu, du côté opposé à celui où se trouvait Catherine.
    – Allons, Dorothée ! s’écria Simon ; dépêche-toi, vieille femme ! Le souper !… Et Conachar !… où est Conachar ?
    – Il est allé se coucher avec un mal de tête, dit Catherine en hésitant.
    – Va l’appeler, Dorothée, reprit Glover ; je ne souffrirai pas qu’il se conduise ainsi. Son sang montagnard est sans doute trop noble pour étendre une nappe sur la table, et pour donner une assiette ; et il s’attend à entrer dans l’ancien et honorable corps des maîtres gantiers, sans avoir rempli tous ses devoirs d’apprenti ! Va l’appeler, te dis-je ; je ne veux pas être négligé ainsi.
    On entendit bientôt Dorothée appeler l’apprenti volontaire sur l’escalier, ou plutôt sur l’échelle qui conduisait au grenier qui lui servait de chambre, et où il avait fait une retraite prématurée. Conachar répondit en murmurant, et bientôt après il rentra dans la cuisine servant de salle à manger. Ses traits hautains, quoique beaux, étaient chargés d’un sombre nuage de mécontentement ; et tandis qu’il couvrait la table d’une nappe, et qu’il y plaçait les assiettes, le sel, les épices, et d’autres assaisonnemens, qu’il s’acquittait en un mot des devoirs d’un domestique de nos jours, et que l’usage du temps imposait à tous les apprentis, il était évidemment dégoûté et indigné des fonctions serviles qu’il était obligé de remplir. La Jolie Fille de Perth le regardait avec quelque inquiétude, comme si elle eût craint que sa mauvaise humeur manifeste n’augmentât le mécontentement de son maître ; et ce ne fut que lorsque les yeux de Conachar eurent rencontré pour la seconde fois ceux de Catherine, qu’il daigna déguiser un peu sa répugnance, et mettre une plus grande apparence de soumission et de bonne volonté dans son service.
    Et ici nous devons informer nos lecteurs que, quoique les regards échangés entre Catherine Glover et le jeune montagnard indiquassent qu’elle prenait quelque intérêt à la conduite de l’apprenti, l’observateur le plus attentif aurait été fort embarrassé pour découvrir si le sentiment qu’elle éprouvait était plus vif que celui qui était naturel à une jeune personne à l’égard d’un jeune homme de son âge, habitant la même maison, et avec lequel elle vivait dans une habitude d’intimité.
    – Tu as fait un long voyage, mon fils Henry, dit Glover, qui lui avait toujours donné ce titre d’affection, quoiqu’il ne fût aucunement parent du jeune artisan ; tu as vu bien d’autres rivières que le Tay, et bien d’autres villes que Saint-Johnstoun {27} .
    – Mais je n’ai vu ni ville ni rivière qui me plaise à moitié autant et
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