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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
Autoren: Walter Scott
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distinctement ce qui s’est passé pour pouvoir dire qui a été l’agresseur, et qui n’a fait que se défendre. Mais bien certainement notre ami maître Henry ne niera pas qu’il ne vive dans une atmosphère perpétuelle de querelles, de combats et de sang. S’il entend vanter l’adresse de quelqu’un à manier la claymore, devient jaloux de sa réputation, et il faut qu’il mette son savoir-faire à l’épreuve. S’il est témoin d’une querelle, il se jette au beau milieu ; s’il a des amis, il se bat avec eux par honneur ; s’il a des ennemis, il les combat par esprit de haine et de vengeance ; et ceux qui ne sont ni ses amis ni ses ennemis, il les attaque parce qu’ils se trouvent au nord ou au sud d’une rivière. Ses jours sont des jours de combats, et il passe sans doute ses nuits à se battre en rêve.
    – Ma fille, dit Simon, ta langue se donne trop de licence. Les querelles et les combats sont l’affaire des hommes, et non celle des femmes, et il ne convient à une jeune fille ni d’en parler ni même d’y songer.
    – Mais si l’on se les permet en notre présence, mon père, il est un peu dur de nous défendre d’en parler et d’y songer. Je conviendrai avec vous que ce vaillant bourgeois de Perth a un des meilleurs cœurs qu’on puisse trouver dans l’enceinte de cette ville, – qu’il s’écarterait de trois cents pas de son chemin plutôt que de marcher sur un insecte, – qu’il n’aimerait pas plus à tuer une araignée de gaîté de cœur que s’il était certain parent du roi Robert, d’heureuse mémoire {30}  ; que lors de la dernière, querelle qu’il eut avant son départ, il se battit avec quatre bouchers pour les empêcher de tuer un pauvre boule-dogue qui ne s’était pas bien comporté dans le combat du taureau, et que ce ne fut pas sans peine qu’il évita d’avoir le sort du chien qu’il protégeait. Je conviendrai aussi que le pauvre ne passe jamais devant la porte du riche armurier sans y trouver des alimens et des aumônes. Mais à quoi sert sa charité, quand son bras condamne aux pleurs et à l’indigence autant de veuves et d’orphelins que sa bourse en soulage.
    – Écoutez seulement un mot, Catherine, avant de continuer à adresser à mon ami cette litanie de reproches qui ont bien quelque apparence de bon sens, mais qui dans le fond ne sont pas d’accord avec tout ce que nous voyons et ce que nous entendons. Quel est le spectacle auquel s’empressent de courir notre roi et toute sa cour, nos nobles, nos dames, nos abbés, nos moines et nos prêtres ? n’est-ce pas un tournoi, une joute ? N’y sont-ils pas pour admirer les prouesses de la chevalerie, pour être témoins des hauts faits de braves chevaliers, pour voir des actions glorieuses et honorables exécutées par les armes et au prix du sang ? En quoi diffère ce que font ces nobles chevaliers de ce que fait notre bon Henry Gow dans sa sphère ? Qui a jamais entendu dire qu’il ait abusé de sa force et de son adresse pour faire le mal ou favoriser l’oppression ? et qui ne sait combien de fois il en a fait usage pour servir la bonne cause dans notre ville ? Ne devrais-tu pas, toi, parmi toutes les femmes de la ville, te faire une gloire et un honneur de ce qu’un homme ayant un cœur si bien placé et un bras si vigoureux se soit déclaré ton bachelier ? De quoi les dames les plus orgueilleuses sont-elles le plus fières, si ce n’est de la prouesse de leur galant ? Et le plus hardi chevalier d’Écosse a-t-il fait des exploits plus remarquables que mon brave fils Henry, quoiqu’il ne soit que d’humble extraction ? N’est-il pas renommé dans la haute et basse Écosse comme le meilleur armurier qui ait jamais forgé une claymore et le meilleur soldat qui l’ait jamais tirée du fourreau ?
    – Vous êtes en contradiction avec vous-même, mon père, si vous permettez à votre fille de parler ainsi. Remercions Dieu et tous les saints d’être nés dans une humble et paisible condition qui nous place au-dessous de l’attention de ceux qu’une haute naissance et plus encore l’orgueil conduisent à la gloire par des œuvres de cruauté sanguinaire, que les grands et les puissans appellent des faits de chevalerie. Votre sagesse conviendra qu’il serait absurde à nous de vouloir nous parer de leurs plumes et porter leurs splendides vêtemens : pourquoi donc imiterions-nous les vices dans lesquels ils se donnent pleine carrière ? pourquoi
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