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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
Autoren: Walter Scott
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leurs mains.
    – Ah ! je gagerais une couronne d’or que tu as eu une querelle à ce sujet avec quelque armurier d’Édimbourg.
    – Une querelle ! non, mon père ; mais j’avoue que j’ai mesuré mon épée avec un d’entre eux sur le mont Saint-Léonard, pour l’honneur de notre bonne ville. Certainement vous ne pouvez croire que je voulusse avoir une querelle avec un confrère.
    – Sûrement non. Mais comment ton confrère s’en est-il tiré ?
    – Comme un homme qui n’aurait sur sa poitrine qu’une feuille de papier se tirerait d’un coup de lance ; ou pour mieux dire, il ne s’en est pas tiré du tout, car lorsque je suis parti il était encore dans la cabane de l’ermite attendant la mort tous les jours, et le père Gervais m’a dit qu’il s’y préparait en bon chrétien.
    – Et as-tu mesuré ton épée avec quelque autre ?
    – Pour dire la vérité, je me suis battu avec un Anglais à Berwick, pour la vieille question de la suprématie {29} , comme ils l’appellent. Je suis bien sûr que vous n’auriez pas voulu que je ne soutinsse pas une pareille cause ; et j’ai eu le bonheur de le blesser au genou gauche.
    – Bravo ! par saint André ! Et à qui as-tu eu affaire ensuite ? demanda Simon, riant des exploits de son ami pacifique.
    – J’ai combattu contre un Écossais dans le Torwood, parce que nous doutions lequel de nous maniait le mieux la claymore. Or vous sentez que cette question ne pouvait se décider qu’en mettant notre savoir-faire à l’épreuve. Il en a coûté deux doigts au pauvre diable.
    – C’est assez bien pour le bourgeois le plus paisible de Perth, qui ne touche jamais une lame que pour la fourbir. As-tu quelque chose de plus à nous dire ?
    – Presque rien ; car ce n’est guère la peine de parler d’une correction que j’ai administrée à un montagnard.
    – Et pourquoi la lui as-tu administrée, homme de paix ?
    – Je ne saurais trop le dire, si ce n’est que je le rencontrai au sud du pont de Stirling.
    – Eh bien ! je vais boire à ta santé, et tu es le bienvenu chez moi après tous ces exploits. Allons, Conachar, évertue-toi, mon garçon ; sers-nous à boire, et tu prendras pour toi-même une coupe de cette bonne ale.
    Conachar emplit deux coupes d’ale et les présenta à son maître et à Catherine avec le respect convenable ; après quoi, mettant le pot sur la table, il se rassit.
    – Comment ! drôle ! s’écria Glover ; est-ce ainsi que tu agis ? Offre donc une coupe à mon hôte, au digne maître Henry Smith.
    – Maître Smith peut se servir lui-même, s’il a envie de boire, répondit le jeune Celte. Le fils de mon père s’est déjà assez dégradé pour une soirée.
    – Tu as le chant bien haut pour un jeune coq, dit Henry ; mais au fond tu as raison, mon garçon : celui qui a besoin d’un échanson pour boire mérite de mourir de soif.
    Le vieux Simon ne montra pas tant de patience en voyant la désobéissance de son jeune apprenti.
    – Sur ma parole, s’écria-t-il, et par la meilleure paire de gants que j’aie jamais faite, tu lui présenteras une coupe de cette ale, si tu veux que toi et moi nous passions cette nuit sous le même toit.
    En entendant cette menace, Conachar se leva d’un air sombre, et s’approchant de Smith qui avait déjà pris la coupe en main, il la remplit ; et tandis que Henry levait le bras pour la porter à sa bouche, il feignit de faire un faux pas, se laissa tomber en le heurtant, et la liqueur écumante se répandit sur la figure et les vêtemens de l’armurier. En dépit de son penchant belliqueux, Smith avait réellement un bon caractère ; mais une telle provocation lui fit perdre patience : il saisit le jeune homme au gosier, qui lui tomba le premier sous la main ; et le serrant pour repousser Conachar, il s’écria : – Si tu m’eusses joué un pareil tour partout ailleurs, gibier de potence, je t’aurais coupé les deux oreilles, comme je l’ai déjà fait à plus d’un montagnard de ton clan.
    Conachar se releva avec l’activité d’un tigre, et s’écriant : – Tu ne t’en vanteras jamais une seconde fois, – il tira de son sein un petit couteau bien affilé, et s’élançant sur Henry Smith, il chercha à le lui enfoncer dans le cou au-dessous de la clavicule, ce qui lui aurait fait une blessure mortelle. Mais celui qu’il attaquait ainsi mit une telle promptitude à lui arrêter le bras, que la lame du couteau ne fit que
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