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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
Autoren: Walter Scott
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vie humaine, déjà trop courte pour le repentir, ou pour encourager par un sentiment de sécurité ceux que la crainte pourrait empêcher sans cela de s’exposer au péril. L’art de forger des armes offensives et défensives est criminel pour un homme dont le caractère toujours violent trouve dans ce travail un piége et une occasion de pécher. Renoncez donc entièrement à fabriquer des armes de quelque espèce que ce soit, et méritez le pardon du ciel en abjurant tout ce qui peut vous faire retomber dans votre péché habituel.
    – Et que ferai-je pour gagner ma vie ? demanda Smith, quand j’aurai abandonné la profession pour laquelle Henry de Perth s’est fait connaître depuis le Tay jusqu’à la Tamise ?
    – Votre art vous offre des ressources louables et innocentes, répondit Catherine. Si vous renoncez à forger des épées et des boucliers, vous pouvez vous consacrer à fabriquer la bêche utile et le fer de l’honorable charrue, tous ces outils qui contribuent à soutenir la vie ou à en augmenter l’agrément. Vous pouvez forger des barres et des serrures pour défendre la propriété du faible contre l’oppression du plus fort et les agressions des brigands. La foule se rendra encore chez vous, et votre honorable industrie se trouvera…
    Ici Catherine fut interrompue. Ses déclamations contre les tournois et les joutes contenaient une doctrine toute nouvelle pour son père, et cependant il les avait entendues en se disant tout bas qu’elle pourrait bien n’avoir pas tout-à-fait tort. Il désirait même secrètement que celui dont il avait le projet de faire son gendre ne s’exposât pas volontairement aux périls que le caractère entreprenant et la force prodigieuse de Smith lui avaient fait braver jusqu’alors trop aisément. Jusqu’à ce point il aurait désiré que les argumens de Catherine produisissent quelque effet sur l’esprit de son amant, qu’il savait être aussi docile quand l’affection exerçait son influence sur lui, qu’il était opiniâtre et intraitable quand il était attaqué par des remontrances hostiles ou des menaces. Mais les raisonnemens de sa fille contrarièrent ses vues quand il l’entendit insister pour prouver que celui qu’il voulait choisir pour gendre devait renoncer à la profession la plus lucrative qui existât alors en Écosse, et qui rapportait plus de profit à Henry de Perth qu’à aucun autre armurier du royaume. Il avait quelque idée confuse qu’il ne serait pas mal de faire perdre à Smith l’habitude qu’il avait de recourir trop souvent aux armes, quoiqu’il ne pût sans en être fier se voir lié avec un homme qui les maniait avec tant de supériorité, ce qui n’était pas un petit mérite dans ce siècle belliqueux. Mais quand il entendit sa fille recommander à son amant, comme la route la plus courte pour arriver à cet état pacifique d’esprit, de renoncer à cette profession lucrative dans laquelle il n’avait pas de rival, et qui d’après les querelles particulières qui avaient lieu tous les jours et les guerres fréquentes à cette époque était sûre de lui rapporter un profit considérable, il ne put retenir plus long-temps sa colère. Catherine avait à peine donné à son amant le conseil de fabriquer des instrumens d’agriculture, que son père, convaincu qu’il avait raison, ce dont il avait douté dans la première partie des remontrances de sa fille, s’écria avec vivacité :
    – Des barres et des serrures ! des fers de charrue et des dents de herse et pourquoi pas des pelles et des pincettes ? Il ne lui faudrait plus qu’un âne pour porter ses marchandises de village en village, et tu en conduirais un second par le licou… As-tu tout-à-fait perdu le bon sens, Catherine ? ou t’imagines-tu que dans ce siècle de fer on trouve beaucoup de gens disposés à donner de l’argent pour autre chose que ce qui peut les mettre en état d’ôter la vie à leurs ennemis ou de défendre la leur ? Ce qu’il nous faut à présent, sotte fille, c’est une épée pour nous protéger, et non des charrues pour ouvrir la terre afin de lui confier des grains que nous ne verrons peut-être jamais produire une moisson. Quant au pain dont on a besoin chaque jour, le plus fort s’en empare, et il vit ; le faible s’en passe, et meurt de faim. Heureux celui qui comme mon digne fils a le moyen de gagner sa vie autrement qu’à la pointe de l’épée qu’il fabrique ! Prêche-lui la paix autant que
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