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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
Autoren: Walter Scott
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belle ville, il laissait là l’aiguille, le fil, et la peau de chamois ; il tirait du coin obscur où il les avait déposés un bon morion et un bouclier, et il prenait sa longue lance sur la cheminée. Qu’on me dise quel jour lui ou moi nous nous sommes trouvés absens quand le prévôt passait la revue ! C’est ainsi que nous avons vécu, ma fille ; travaillant pour gagner notre pain, et combattant pour le défendre, je ne veux pas avoir un gendre qui s’imagine valoir mieux que moi ; et quant à ces lords et à ces chevaliers, je me flatte que tu te souviendras toujours que tu es d’une condition trop inférieure pour être leur femme, et trop haute pour être leur maîtresse. Et maintenant laisse là ton ouvrage, mon enfant ; car c’est aujourd’hui la veille d’une fête, et il convient que nous allions à l’office du soir. Nous prierons le ciel de t’envoyer demain un bon Valentin {25} .
    La Jolie Fille de Perth laissa donc le superbe gant de chasse qu’elle brodait pour lady Drummond, et mettant sa robe des jours de fête, elle se prépara à suivre son père au couvent des Dominicains, qui était à peu de distance de Curfew-Street, où ils demeuraient. Chemin faisant, Simon Glover, ancien bourgeois de Perth, généralement estimé, un peu avancé en âge, mais ayant aussi avancé sa fortune, recevait des jeunes et des vieux les hommages dus à son pourpoint de velours et à sa chaîne d’or, tandis que la beauté de Catherine, quoique cachée sous sa mante, qui ressemblait à celle qu’on porte encore en Flandre, obtenait les révérences et les coups de bonnet de ses concitoyens de tout âge.
    Tandis qu’ils marchaient, le père donnant le bras à sa fille, ils étaient suivis par un grand et beau jeune homme portant le costume le plus simple de la classe mitoyenne, mais qui dessinait avec avantage des membres bien proportionnés, et laissait voir des traits nobles et réguliers que faisait encore valoir une tête bien garnie de cheveux bouclés, et une petite toque écarlate qui convenait à ravir à cette coiffure. Il n’avait d’autre arme qu’un bâton qu’il tenait à la main car il était apprenti du vieux Glover, et l’on ne jugeait pas convenable que les personnes de sa classe se montrassent dans les rues portant l’épée où le poignard, privilége que les jackmen , c’est-à-dire les militaires au service particulier des nobles, regardaient comme leur appartenant exclusivement. Il suivait son maître à l’église, d’abord comme étant en quelque sorte son domestique, et ensuite pour prendre sa défense, si quelque circonstance l’exigeait ; mais il n’était pas difficile de voir, aux attentions marquées qu’il avait pour Catherine Glover, que c’était surtout à elle qu’il désirait consacrer tous ses soins. En général son zèle ne trouvait pas d’occasion pour s’exercer, car un sentiment unanime de respect engageait tous les passans à se ranger pour faire place au père et à la fille.
    Cependant quand on commença à voir briller parmi la foule les casques d’acier, les barrettes et les panaches des écuyers, des archers et des hommes d’armes, ceux qui portaient ces marques distinctives de la profession militaire montrèrent des manières moins polies que les citoyens paisibles. Plus d’une fois, quand, soit par hasard, soit peut-être par prétention à une importance supérieure, quelqu’un de ces individus prenait sur Simon le côté du mur, le jeune apprenti du gantier fronçait le sourcil avec l’air menaçant d’un homme qui désirait prouver l’ardeur de son zèle pour le service de sa maîtresse. Chaque fois que cela lui arrivait, Conachar, c’était le nom de l’apprenti, recevait une réprimande de son maître, qui lui donnait à entendre qu’il ne voulait pas qu’il intervînt en pareilles affaires, sans en avoir reçu l’ordre.
    – Jeune insensé, lui dit-il, n’as-tu pas vécu assez long-temps dans ma boutique pour avoir appris qu’un coup fait naître une querelle, et qu’un poignard coupe la peau aussi vite qu’une aiguille perce le cuir ? Ne sais-tu pas que j’aime la paix, quoique je n’aie jamais craint la guerre ; et que je me soucie fort peu de quel côté de la chaussée ma fille et moi nous marchons, pourvu que nous puissions cheminer paisiblement ? Conachar s’excusa sur le zèle qu’il avait pour l’honneur de son maître ; mais cette réponse ne satisfit pas le vieux bourgeois de Perth. –
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