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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
Autoren: Walter Scott
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pour porter du secours à son père nourricier dans cette lutte terrible avant que quelque autre guerrier du clan de Chattan eût le temps d’arriver jusqu’à lui. Il n’en était qu’à quinze pas, bien déterminé à prendre sa part dans ce combat à mort, quand son père nourricier tomba, la poitrine fendue d’un coup d’épée, depuis la clavicule presque jusqu’au cœur, et murmurant encore en rendant le dernier soupir : – Bas air son Eachin. – Le malheureux jeune homme vit en même temps le dernier de ses amis succomber, et l’ennemi mortel qui l’avait poursuivi avec acharnement pendant tout le combat, debout devant lui, à la distance de la longueur de son épée, et brandissant cette arme pesante qui lui avait ouvert un chemin à travers tant d’obstacles pour attaquer sa vie. Peut-être cette vue suffit-elle pour porter au plus haut point sa timidité naturelle ; peut-être aussi se rappela-t-il au même instant qu’il n’avait plus d’armure, et que plusieurs autres ennemis, blessés à la vérité et marchant d’un pas inégal, mais altérés de sang et de vengeance, approchaient de lui à la hâte. Le fait est que son cœur se resserra, sa vue s’obscurcit, ses oreilles tintèrent, sa tête fut attaquée de vertige, toute autre considération disparut devant la crainte de la mort dont il était menacé. Il porta pourtant au hasard un coup d’épée à Henry, et évitant celui qui lui fut adressé en retour, en sautant lestement à reculons, il se précipita dans le Tay avant que l’armurier eût le temps de lever le bras une seconde fois. Des huées bruyantes que le mépris fit partir de toutes parts le poursuivirent pendant qu’il traversait ce fleuve à la nage, quoique parmi tous ceux qui faisaient de lui un objet de dérision il n’y en eût peut-être pas douze qui eussent montré plus de courage dans les mêmes circonstances. Henry suivit des yeux le fuyard avec surprise, et en silence, mais il ne put réfléchir sur les conséquences de sa fuite, à cause de la faiblesse qui sembla l’accabler dès qu’il ne fut plus animé par le combat. Il s’assit sur le bord du fleuve, et chercha à arrêter le sang qui coulait de plusieurs de ses blessures.
    Les vainqueurs reçurent le tribut d’applaudissemens qui leur était dû. Le duc d’Albany et plusieurs autres seigneurs entrèrent dans la lice, et Henry fut honoré de leur attention particulière.
    – Si tu veux t’attacher à moi, mon brave, lui dit Douglas, je changerai ton tablier de cuir pour un ceinturon de chevalier, et je te donnerai un domaine de cent livres de revenu annuel pour que tu puisses soutenir ton rang.
    – Je vous remercie bien humblement, milord, répondit l’armurier avec un ton d’accablement. J’ai déjà répandu bien assez de sang et le ciel m’en a puni en ne me permettant pas d’atteindre le seul but que j’avais en vue en prenant part à ce combat.
    – Comment, l’ami ! dit Douglas, n’as-tu pas combattu pour le clan de Chattan ? n’as-tu pas remporté une glorieuse victoire ?
    –  J’ai combattu pour ma propre main, répondit Smith avec un ton d’indifférence ; et cette expression devint un proverbe qui est encore aujourd’hui en usage en Écosse. Le bon roi Robert survint en ce moment, monté, sur un palefroi marchant à l’amble. Il était entré dans la lice pour faire donner des secours aux blessés.
    – Comte de Douglas, dit-il, vous fatiguez ce pauvre jeune homme en lui parlant d’affaires temporelles, quand il paraît n’avoir que peu de temps pour songer aux spirituelles. N’a-t-il pas ici quelques amis pour le transporter en lieu où l’on puisse pourvoir aux besoins de son corps et de son âme ?
    – Il compte autant d’amis qu’il se trouve d’hommes braves dans Perth, sire, dit sir Patrice Charteris, et je me regarde comme un de ceux qui prennent à lui le plus d’intérêt.
    – La caque sent toujours le hareng, dit le hautain Douglas en détournant son cheval ; la proposition de recevoir l’ordre de la chevalerie de la main de Douglas l’aurait rappelé des portes, de la mort si une goutte de sang noble avait coulé dans ses veines.
    Sans faire attention au sarcasme du puissant comte Douglas, le chevalier de Kinfauns descendit de cheval, dans l’intention de soutenir dans ses bras Henry Smith, qui était tombé à la renverse d’épuisement ; mais il fut prévenu par Simon Glover, qui venait d’arriver avec plusieurs des premiers
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