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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
Autoren: Walter Scott
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pense. À ces mots le comte, saluant le roi, prit le chemin qui conduisait à son logement, laissant Albany se tirer d’affaire comme il le pourrait.
    – À cause de la rébellion de March et de la guerre contre l’Angleterre ? se dit le duc à lui-même. – Oui, et à cause de ton propre intérêt, comte orgueilleux ; car tout impérieux que tu es, tu n’oserais le séparer du mien. – Eh bien ! puisque cette tâche tombe sur moi, il faudra bien m’en acquitter.
    Il suivit le roi dans son appartement. Robert prit son siége ordinaire, et regarda son frère avec étonnement.
    – Comme tes traits sont défaits, Robin ! lui dit-il. Je voudrais que tu réfléchisses plus sérieusement quand il s’agit de faire répandre le sang, puisque tu es si profondément affecté quand il est répandu. Et cependant, Robin, je ne t’en aime que davantage en voyant que ton bon naturel se montre quelquefois, même à travers ta politique étudiée.
    – Plût au ciel ! mon frère, mon roi, dit Albany d’une voix étouffée, que je n’eusse rien de plus funeste à vous apprendre que ce que nous avons vu sur la plaine ensanglantée que nous venons de quitter ! Je ne donnerais que bien peu de regrets aux misérables sauvages dont les cadavres y sont empilés. Mais… Il s’interrompit.
    – Comment ! s’écria le roi frappé de terreur ; quel est ce nouveau malheur ? Rothsay… oui, ce doit être lui, c’est Rothsay… Explique-toi ! quelle nouvelle folie a-t-il faite ? que peut-il lui être arrivé ?
    – Sire, mon roi, le cours des folies de mon infortuné neveu est fini avec lui.
    – Il est mort ! il est mort ! s’écria l’infortuné père désespéré. – Albany, comme ton frère, je te conjure de… Mais non, je ne suis plus ton frère ; c’est comme ton roi, homme subtil et ténébreux, que je t’ordonne de m’apprendre toute la vérité, quelque affreuse qu’elle soit.
    Albany bégaya : – Sire, les détails ne me sont qu’imparfaitement connus. Mais il n’est que trop certain que mon malheureux neveu a été trouvé, la dernière nuit, mort dans son appartement par suite d’une maladie soudaine, à ce que j’ai entendu dire.
    – Ô Rothsay ! ô mon bien-aimé Robert ! plût à Dieu que je fusse mort pour toi, mon fils ! mon cher fils !
    Ainsi parlait, en employant les expressions touchantes de la Sainte-Écriture, ce père infortuné, privé de la plus douce espérance, et arrachant sa barbe et ses cheveux blancs ; tandis qu’Albany, muet et bourrelé de remords, n’osait interrompre l’explosion de sa douleur. Mais l’angoisse du roi se changea presque au même instant en un accès de fureur si contraire à son caractère doux et timide, que les remords d’Albany firent place à la crainte.
    – Et telle est la fin de tes maximes morales et de tes punitions religieuses ! s’écria Robert. Mais le père insensé qui remit son fils entre tes mains, qui livra l’innocent agneau au boucher est un roi, et tu l’apprendras à tes dépens. Le meurtrier restera-t-il en présence de son frère ? les mains teintés du sang du fils de ce frère ? Non ! – Holà ! holà ! quelqu’un ! – Mac Louis ! – mes Brandanes ! – Trahison ! – au meurtre ! – aux armes, si vous aimez Stuart !
    Mac Louis, à la tête de plusieurs gardes, entra précipitamment dans l’appartement.
    – Meurtre et trahison, s’écria le malheureux roi. Brandanes, votre noble prince… Son chagrin et son agitation ne lui permirent pas de leur annoncer la fatale nouvelle qu’il avait dessein de leur apprendre. Enfin il reprit son discours entrecoupé : – Qu’on prépare sur-le-champ une hache et un billot dans la cour. Qu’on arrête… Il ne put encore venir à bout de finir cette phrase.
    – Qui faut-il arrêter, sire, demanda Mac Louis, qui voyant le roi dominé par l’influence d’une fureur si peu conforme à sa douceur ordinaire, fut presque tenté de croire que son cerveau était dérangé par les horreurs inouïes du combat sanglant dont il venait d’être témoin. Qui faut-il que j’arrête, sire ? répéta-t-il ; je ne vois ici que le duc d’Albany, le frère de Votre Majesté.
    – Tu as raison, dit le roi, son court accès de fureur commençant déjà à se calmer ; il n’y a ici personne qu’Albany, personne que le fils de mon père, personne que mon frère. Ô mon Dieu ! donnez-moi la force de résister à cette colère criminelle qui brûle dans mon
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