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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
Autoren: Walter Scott
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instrumens, et se précipitèrent l’un contre l’autre le poignard à la main. Chacun d’eux songeant à donner la mort à son adversaire plutôt qu’à se défendre, le musicien du clan de Quhele fut tué presque sur-le-champ, et celui du clan de Chattan tomba au même instant mortellement blessé. Il ramassa pourtant son instrument, et les sons expirans de son pibroch continuèrent à animer les combattans, jusqu’au moment où la vie abandonna celui qui les faisait entendre. L’instrument dont il se servit, ou du moins la partie qu’on appelle le chalumeau se conserve encore aujourd’hui dans la famille d’un chef montagnard, où elle est en grande vénération sous le nom de Federat Dhu, ou chalumeau noir {105} .
    Cependant, durant cette dernière charge, le jeune Tormot avait été, comme ses frères, dévoué par son père à la défense du jeune chef, et le fer impitoyable de Smith lui avait fait une blessure mortelle. Les deux guerriers qui restaient du clan de Quhele avaient aussi succombé, et Torquil, avec son fils nourricier et Tormot, forcés de battre en retraite, s’arrêtèrent sur le bord du Tay pour y faire un dernier effort, tandis que huit à dix hommes qui restaient du clan de Chattan s’avançaient à intervalles inégaux aussi vite que leurs blessures le leur permettaient pour les attaquer. Torquil arrivait à peine à l’endroit où il avait résolu de vendre sa vie bien cher, quand Tormot tomba à ses pieds et expira à l’instant. Sa mort arracha à son père le premier, le seul soupir qu’il eût poussé pendant ce combat terrible.
    – Mon fils Tormot ! s’écria-t-il ; le plus jeune et le plus cher de tous mes fils ! Mais si je sauve Eachin, tout est sauvé ! Mon cher fils nourricier, j’ai fait pour toi tout ce que peut faire un homme, excepté le dernier sacrifice. Laisse-moi détacher les agrafes de cette fatale armure, et prends celle de Tormot ; elle est légère et elle t’ira bien. Pendant ce temps je vais courir sur ces blessés qui s’avancent, et je les traiterai de mon mieux. J’espère qu’ils ne me donneront pas trop forte besogne, car ils se suivent l’un l’autre comme des chevaux épuisés. Au moins, mon fils chéri, si je ne puis te sauver, je te montrerai comment un homme doit mourir.
    Tout en parlant ainsi, Torquil détachait les agrafes du haubert du jeune chef, sa superstition lui persuadant qu’il romprait ainsi le charme dont l’avaient frappé la crainte et la nécromancie.
    – Ô mon père ! et plus que mon père ! s’écria le malheureux Eachin, restez près de moi ! vous ayant à mon côté je sens que je puis combattre jusqu’au dernier soupir.
    – Impossible ! répondit Torquil. Il faut que je les empêche d’arriver pendant que tu mettras l’armure de Tormot. Dieu te protège à jamais, enfant chéri de mon âme !
    Brandissant son épée, Torquil du Chêne se précipita en avant, en poussant ce même cri fatal qui avait tant de fois retenti sur cette plaine ensanglantée : – Bas air son Eachin ! Ces mots se firent entendre trois fois prononcés d’une voix de tonnerre, et chaque fois qu’il poussa ce cri de guerre, il fit mordre la poussière à un des guerriers du clan de Chattan qu’il rencontrait successivement. – Bravo, vieux faucon ! courage ! s’écrièrent les spectateurs en voyant des efforts prodigieux qui semblaient même en ce dernier moment pouvoir encore changer la fortune du jour. Tout à coup le silence succéda à ces cris, et l’on entendit un cliquetis d’épées aussi terrible que si le combat n’eût fait que commencer, par la rencontre de Henry Smith et de Torquil du Chêne. Ils s’attaquèrent d’estoc et de taille avec la même ardeur que si leurs épées n’eussent fait que sortir du fourreau en ce moment. Leur animosité était mutuelle, car Torquil reconnaissait l’infâme sorcier, comme il le supposait, qui avait jeté un charme sur son fils nourricier, et Henry voyait devant lui le géant qui pendant tout le combat l’avait empêché d’exécuter le seul dessein qui lui avait fait prendre les armes. Ils combattirent avec une égalité qui n’aurait peut-être pas existé si Henry, plus blessé que son antagoniste, n’eût perdu quelque chose de son agilité ordinaire.
    Pendant ce temps, Eachin, se trouvant seul, après de vains efforts pour se couvrir de l’armure de son frère de lait, devint animé par un mouvement de honte et de désespoir, et courut en avant
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