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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
Autoren: Walter Scott
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quand, après avoir donné le signal à ses gens de former leurs rangs, il vit ce formidable auxiliaire rester à quelque distante et se montrer peu disposé à joindre les autres.
    – Qu’as-tu donc ? lui demanda-t-il ; un corps si robuste peut-il être animé par un esprit bas et lâche ? Allons ! prépare-toi à combattre.
    – Vous m’avez dit, il y a quelques instans, que j’étais à votre solde ; si cela est, répondit Henry en montrant le cadavre étendu à ses pieds, j’ai fait assez de besogne pour la solde d’un jour.
    – Celui qui me sert sans compter les heures, dit le chef, je le récompense sans compter ses gages.
    – En ce cas, répliqua Smith, je combats comme volontaire, et je prendrai le poste qui me conviendra.
    – Comme tu le voudras, répondit Mac Gillie Chattanach qui jugea prudent de se prêter aux fantaisies d’un auxiliaire si important.
    – Cela suffit, dit Henry ; et appuyant son épée sur son épaule, il rejoignit le reste des combattans et se plaça en face du chef du clan de Quhele.
    Ce fut alors que pour la première fois la résolution d’Eachin parut chanceler. Il avait long-temps regardé Henry comme le combattant le plus redoutable que Perth et tous ses environs eussent pu envoyer dans la lice. À la haine qu’il avait conçue contre lui comme son rival se joignait le souvenir de la facilité avec laquelle, quoique sans armes, il avait déjoué peu de temps auparavant son attaque soudaine et désespérée ; et quand il le vit les yeux dirigés de son côté, levant son fer ensanglanté prêt à l’attaquer personnellement, le courage lui manqua, et il donna quelques symptômes de crainte qui n’échappèrent pas à l’attention de son père nourricier.
    Il fut heureux pour Eachin que Torquil, en vrai fils de Gaël, fût incapable de concevoir l’idée qu’un individu de sa tribu, et moins que tout autre, son chef, son fils nourricier, pût manquer de courage physique. S’il avait pu se l’imaginer, son désespoir et sa rage auraient pu le porter même à trancher le fil des jours d’Eachin pour l’empêcher d’entacher son honneur. Mais son esprit se refusa à la pensée qui lui paraissait monstrueuse et contre nature, que son fils nourricier pût être accessible à la lâcheté. L’état où il le voyait était une énigme pour lui, et la supposition qu’il était sous l’influence d’un enchantement était la solution que lui offrait la superstition. Il lui demanda donc avec inquiétude, mais à voix basse : – Le charme agit-il maintenant sur ton esprit, Eachin ?
    – Oui, misérable que je suis, répondit l’infortuné jeune homme en montrant l’armurier, et voilà le cruel enchanteur.
    – Quoi ! s’écria Torquil, et vous portez une armure fabriquée de sa main ? – Norman, misérable enfant, pourquoi lui avez-vous apporté cette maudite cotte de mailles ?
    – Si ma flèche s’est écartée du but, répondit Norman an Ord, ma vie sera la seconde que je décocherai. – Tenez ferme et vous me verrez rompre le charme.
    – Oui, tenons ferme ! dit Torquil ; il peut être un habile enchanteur, mais mon oreille a entendu, et ma langue a prédit qu’Eachin sortira de ce combat, sain, libre et sans blessure. Voyons si le sorcier saxon peut y donner un démenti. Il peut être robuste, mais toute la forêt du Chêne {104} tombera, branches, tronc et racines, avant qu’il porte la main sur mon fils nourricier. Placez-vous autour de lui, mes fils ! Bas air son Eachin !
    Les fils de Torquil répétèrent ces mots, qui signifient : Mourons pour Hector !
    Encouragé par leur dévouement, Eachin parut se ranimer, et cria d’un ton ferme à ses joueurs de cornemuse : Seid suas ! c’est-à-dire, sonnez de vos instrumens !
    Les sons sauvages, du pibroch annoncèrent de nouveau la charge ; mais les deux partis ennemis s’approchèrent d’un pas plus lent que la première fois, en hommes qui avaient appris à se connaître et à respecter mutuellement leur valeur. Henry dans son impatience de combattre marcha plus vite que ses compagnons, et fit signe à Eachin d’avancer à sa rencontre. Mais Norman s’élança pour couvrir son frère de lait, et il y eut une pause générale, quoique bien courte, comme si les deux partis eussent voulu tirer de ce combat singulier un augure de la fortune du jour. Le montagnard s’avança l’épée haute comme pour en porter un coup ; mais à l’instant où il arriva à portée de
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