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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
Autoren: Walter Scott
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leurs ennemis qui survivaient, en considérant les amis qu’ils avaient perdus.
    Bientôt les spectateurs virent ceux qui avaient échappé à ce combat meurtrier se rassembler sur la rive du Tay, terrain, que le sang répandu rendait le moins glissant, et qui était le moins encombré de cadavres, pour y terminer l’œuvre d’extermination.
    – Pour l’amour du ciel, au nom de la merci que nous lui demandons tous les jours, dit le bon vieux roi au duc d’Albany, mettons fin à ce combat ! Ne souffrons pas que ces infortunés restes de créatures humaines continuent une pareille boucherie ! Sûrement ils écouteront la raison maintenant, et ils accepteront la paix à des conditions équitables.
    – Calmez-vous, sire, lui répondit son frère. Ces montagnards sont une peste pour les basses-terres. Les deux chefs vivent encore. S’ils se retirent sans danger, la besogne de cette journée ne sert à rien. Souvenez-vous que vous avez promis au conseil de ne pas crier : Assez !
    – Vous me forcez à commettre un grand crime, Albany, tant comme roi qui doit protéger ses sujets que comme chrétien qui doit aimer ses frères.
    – Vous vous trompez, sire ; ces gens-là ne sont pas des sujets fidèles, mais des rebelles désobéissans, comme lord Crawford peut en rendre témoignage : et ce sont encore moins des chrétiens, car le prieur des dominicains vous certifiera pour moi qu’ils sont plus d’à-demi païens.
    Le roi poussa un profond soupir. – Faites ce qu’il vous plaira, dit-il ; vous êtes trop savant pour moi, je ne puis lutter contre vous. Je ne puis que me détourner, fermer les yeux pour ne pas voir un carnage qui me perce le cœur, et me boucher les oreilles pour ne pas entendre le bruit qui l’annonce. Mais je sais que Dieu me punira d’avoir permis cet horrible massacre, et même d’y avoir assisté.
    – Sonnez, trompettes ! s’écria Albany : leurs blessures deviendront raides s’ils s’amusent plus long-temps.
    Pendant cette conversation Torquil embrassai et encourageait son jeune chef.
    – Résiste au charme seulement quelques minutes encore, lui dit-il ; console-toi, tu sortiras du combat sans blessure, sans une égratignure. Console-toi, te dis je.
    – Comment puis-je me consoler, répondit Eachin, quand mes braves frères sont morts à mes pieds l’un après l’autre, sont morts pour moi qui ne méritais pas un tel dévouement ?
    – Et pourquoi étaient-ils nés, si ce n’est pour mourir pour leur chef ? répondit Torquil avec sang-froid. Faut-il regretter que la flèche ne rentre pas dans le carquois quand elle a atteint le but ? Console-toi, te dis-je encore. Voici Tormot et moi qui ne sommes que légèrement blessés, tandis que ces chats sauvages se traînent sur la plaine comme s’ils étaient à demi étranglés par les chiens. Tenons ferme encore quelques instans et le triomphe sera pour vous, quoiqu’il puisse arriver que vous restiez seul pour chanter victoire. – Ménestrels, sonnez la charge !
    Le son des instrumens guerriers se fit entendre des deux côtés en même temps, et les restes des deux clans ennemis en vinrent aux mains pour la troisième fois, non plus à la vérité avec la même vigueur, mais avec un acharnement qui n’avait rien perdu de sa violence. Ceux dont le devoir était de garder la neutralité prirent eux-mêmes alors part au combat, trouvant impossible de rester dans l’inaction. Les deux vieux guerriers qui portaient la bannière de leur tribu s’étaient avancés peu à peu des deux extrémités de la lice, et s’étaient approchés du théâtre de cette lutte sanglante. Quand ils virent de plus près cette scène de carnage, ils furent saisis du désir irrésistible de venger leurs frères ou de mourir avec eux. Ils s’attaquèrent furieusement l’un l’autre avec les lances auxquelles les étendards étaient attachés, se saisirent au corps après s’être fait plusieurs blessures, sans abandonner leurs bannières, et continuèrent cette lutte avec une ardeur si aveugle qu’ils tombèrent ensemble dans le Tay, où on les trouva noyés après le combat ; mais encore enlacés dans les bras l’un de l’autre. La fureur des armes, la rage et le désespoir s’emparèrent ensuite des ménestrels. Les deux joueurs de cornemuse qui pendant le combat avaient fait tous leurs efforts pour ranimer le courage de leurs concitoyens, voyant la querelle presque terminée faute de bras pour la soutenir, jetèrent leurs
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