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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses
Autoren: Jean (d) Aillon
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Guglielmo Gonzaga lui avait confirmé
ses instructions. Isabella était coupable, puisque tout le monde l’avait vu
tuer la comédienne. Elle serait torturée pour expliquer son crime et dénoncer
ses complices. Après quoi, ceux-ci seraient jugés par le Sénat et les
exécutions suivraient. Isabella aurait la tête tranchée par la mannaia [2] devant le palais.
    Le marquis avait décidé de refuser toute
indulgence, toute grâce envers la poétesse criminelle.
    Ensuite, le vice-podestat avait fouillé les
bagages des comédiens à la recherche d’épées ou de poignards factices. Les
comédiens étaient hébergés dans un corps de logis, à côté du Castello, où se
trouvaient aussi les écuries du marquis de Gonzague. Dans leurs malles, qu’il
avait fait ouvrir par un serrurier, il avait découvert plusieurs couteaux dont
la lame se repliait ou se détachait mais aucun ne ressemblait à celui du crime.
Dans le coffret aux deux clefs il avait trouvé le contrat de création de la
troupe et une coquette somme : quelques milliers de florins, des ducats, des
pistoles. La troupe des Gelosi était riche. Cette richesse pouvait-elle
expliquer le crime ?
    À Mantoue la procédure des causes pénales était
inquisitoire. C’est le podestat, parfois assisté de juges, qui conduisait l’enquête
à sa guise. Toute preuve, y compris l’aveu obtenu sous la torture, était valide
pour que les magistrats du Sénat se forgent une opinion.
    Beltramino Crema, malgré son physique de
soudard, était un homme habile et un juriste accompli. Il avait longtemps été
chanoine et était toujours abbé de diverses abbayes. Gonzague lui avait confié
cette charge de police et de justice, car il le savait juste et consciencieux.
    Arrivé au Palais du Podestat, Crema trouva le
notaire chargé d’enregistrer les interrogatoires qui l’attendait au pied du
grand escalier à claire-voie, en compagnie d’un clerc et du concierge de la
prison. En quelques mots, le notaire, qui se nommait Giacomo Sabbadini, informa
le vice-podestat de ce qui avait été fait des prisonniers. Ils se rendirent
ensuite à la tour, dans la salle des interrogatoires située au premier étage.
    C’était une pièce carrée, haute de plafond, aux
croisées d’ogives supportées par quatre piliers, avec un anneau scellé, dans la
clef de voûte. Une poulie de bois, soigneusement graissée par un aide du
bourreau, y était accrochée. Quand un prisonnier refusait de répondre, ou quand
il mentait, Beltramino Crema donnait l’ordre qu’il soit tourmenté. Dénudé, les
mains attachées dans le dos, le bourreau le tirait avec la poulie. Il restait
ensuite maintenu dans cette position très douloureuse. S’il persévérait dans
son refus de répondre, soit il était attaché par les cheveux – s’il les portait
longs –, soit on le laissait retomber brusquement par terre pour lui briser
quelques os.
    Dans la salle, les deux tourmenteurs
vérifiaient la corde après avoir longuement graissé la poulie. Beltramino Crema
et le notaire s’assirent à une table couverte d’un drap noir, placée sur une
estrade. Le vice-podestat, en robe noire et bonnet carré, s’installa sur la
plus haute chaise et le notaire, qui avait mis ses besicles, prit la chaise à
sa droite. Parfois un troisième homme de loi assistait aux interrogatoires, mais
Crema avait jugé qu’il était inutile à ce niveau de l’enquête. Le clerc posa
sur la table une liste sur laquelle étaient écrits les noms des prisonniers
avant de s’asseoir à un petit bureau où il noterait les dépositions. Il tailla
ses plumes en attendant que les interrogatoires commencent.
    — Allez chercher Francesco Andreini, ordonna
Crema sèchement, quand il fut certain que tout le monde était en place.
    La nuit tombait. N’ayant pas dîné, il mourait
de faim et était donc de fort méchante humeur. Il avait prévu quelques
questions en cette fin d’après-midi, puis, la nuit ayant porté conseil, des
interrogatoires plus complets, y compris sous la torture, le lendemain.
    Sauf Isabella, jetée dans un cachot, les
prisonniers étaient tous enfermés dans une même salle, au-dessus de celle des
interrogatoires, lui avait confirmé le concierge.
    Le porte-clefs revint avec Francesco Andreini.
Le capitaine Spavento, l’Endiablé, très grand bravache, très grand frappeur,
très grand tueur, dompteur et dominateur de l’univers, fils de la foudre, avait
maintenant un air misérable, toujours dans son
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