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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses
Autoren: Jean (d) Aillon
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vite…
    Il reconnaissait que l’explication n’était pas
totalement satisfaisante, mais elle permettait de comprendre les dépositions
entendues. Il entendit sonner neuf heures au couvent.
    — Ramenez-le, dit-il au geôlier. Déliez
aussi les autres et donnez-leur de l’eau et du pain.
    Quand le Dottore fut parti, le vice-podestat
interrogea le notaire pour connaître son avis.
    — Ces gens paraissent honnêtes, Excellence,
répondit-il. Je ne vois guère qu’un crime de jalousie.
    — Moi aussi, dit Beltramino Crema. Je
questionnerai Isabella Andreini sous la torture, demain, pour connaître la
vérité.

2.
    14 mars 1586
    Précédé de deux
hommes d’armes tenant des torches de résine, à cheval et encore caparaçonné en
guerre, car il ne s’était pas déshabillé de la nuit, le baron Maximilien de
Rosny [3] passa la barbacane construite devant les douves du château de Nérac, puis
franchit le pont-levis avant de traverser la salle des gardes serrée entre deux
tours crénelées. La nuit était profonde, quatre heures venaient de sonner. Il
gelait. Une épaisse couche de neige couvrait la cour.
    Rosny était arrivé quelques heures plus tôt de
Pau avec Henri de Navarre et sa troupe de deux cents cavaliers, tous exténués. Ils
n’avaient pas quitté les armes depuis un mois et n’avaient goûté aucun repos, écorchés
et meurtris par les longues marches sur les sentiers rocailleux.
    Depuis l’automne, la guerre avait repris. L’été
précédent, le roi avait signé l’infâme traité de Nemours avec la maison de
Guise. Tous les édits de tolérance étaient abolis [4] et, dans
le royaume, seule la religion catholique, apostolique et romaine était reconnue.
Le culte protestant interdit, il était licite à tous de courir sus aux
hérétiques.
    En septembre, Navarre avait été excommunié par
le pape Sixte Quint et la formidable armée de Charles de Mayenne – le frère du
duc de Guise – était entrée dans le Poitou avec tous les droits que s’arroge la
soldatesque.
    Depuis, Mayenne était descendu vers la
Saintonge et il ravageait maintenant la Guyenne et le Périgord. Son armée
comptait cinq mille hommes d’infanterie, neuf cents cavaliers – dont quatre
cents albanais –, huit cents reîtres et douze canons. Pourtant elle était
insuffisante pour tenir un si vaste territoire, aussi le duc ne menait-il qu’une
guerre de terreur et de coups de main. La puissance même de son armée était sa
faiblesse, car il fallait nourrir soldats et montures sur un pays hostile et ruiné.
Comme les troupes n’étaient pas payées, elles se dispersaient pour rapiner. Avec
l’arrivée de l’hiver, chaque capitaine menait une guerre privée pour trouver du
fourrage, des vivres et des femmes. Les féroces bandes d’Albanais et de
lansquenets allemands brûlaient villages et châteaux, qu’ils soient protestants
ou catholiques, pillant, violant et torturant les populations. Mayenne avait
donc bien du mal à se concentrer sur les objectifs militaires que son frère lui
avait assignés : prendre les places fortes le long de la Garonne et se
saisir de Navarre en Béarn.
    Nérac était
méconnaissable, songea Rosny en traversant la cour jusqu’à l’écurie. Le château
des seigneurs d’Albret, où Marguerite d’Angoulême [5] avait tenu sa cour, mis au monde sa fille Jeanne, et où son petit-fils
Henri avait passé sa jeunesse, était redevenu une forteresse du Moyen Âge. Deux
des quatre tours extérieures et la façade d’un corps de bâtiment avaient été
munies de hourds. Les douves qui bordaient les bâtiments avaient été nettoyées et
inondées. Le pont-levis de la grande entrée était non seulement protégé par une
barbacane en bois mais le portail avait été renforcé par une herse.
    La ville aussi était transformée. Des années
durant, la petite ville du Béarn avait été le siège de la maison de Margot, l’épouse
d’Henri de Navarre. C’était une cour de galanteries et des honnêtes plaisirs
d’amour, où gentilshommes, poètes et femmes peu farouches se mêlaient dans
les joies de la table, de la chasse et de la volupté. Tous les dérèglements y étaient
autorisés, encouragés même : Margot avec ses amants, et Henri avec ses
maîtresses. L’aise y amena les vices comme la chaleur les serpents, avait
remarqué Montaigne, lorsqu’il s’y était rendu.
    Cette douce période était terminée. Margot
était partie.
    La ville ne dormait pas. Quand Rosny
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