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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses
Autoren: Jean (d) Aillon
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l’avait
traversée, il avait croisé des pelotons de bourgeois en morion et en armes. Des
lanternes à huile de noix et des falots emplis de suifs étaient accrochés à
tous les carrefours. Quelques centaines d’arquebusiers avaient pris position
sur les remparts, ainsi que les servants des quatre couleuvrines. Avec les
torches suspendues un peu partout, on voyait leurs ombres s’activer. Les
batteurs d’estrade de Mayenne étaient à quelques lieues et Henri avait veillé
une grande partie de la nuit, se préparant à repousser l’assaut. Il savait que
les espions guisards l’observaient, un peu plus bas, et il voulait qu’ils
sachent que la ville ne se laisserait pas prendre facilement.
    Rosny était en Béarn depuis quelques semaines.
Arrivé de Paris après avoir traversé la France dans des conditions difficiles, risquant
chaque jour la capture et la mort, il s’était fait souvent passer pour un
catholique, jurant avec aplomb qu’il haïssait les huguenots. C’est que, du
Poitou en Gascogne, ce n’étaient que troupes en armes dont il était difficile
de deviner le parti et la religion. Il y avait des protestants, des catholiques
guisards, des catholiques modérés, des reîtres et des lansquenets… et surtout
des brigands sans foi ni loi. Sans compter les meutes de loups dont l’audace
était telle qu’elles pénétraient dans les faubourgs des villes.
    Rosny avait retrouvé Navarre à Bergerac pour
lui remettre quarante mille livres obtenues en faisant couper des bois dans son
domaine. Ce n’était pas grand-chose, mais le Béarnais n’avait plus rien. Ensuite,
il l’avait suivi à Castets avec deux mille hommes et ils étaient parvenus à
faire lever le siège du château mené par les gens d’armes du maréchal de
Matignon.
    Gouverneur de Gascogne, Navarre avait pour lieutenant
le maréchal de Matignon qui conduisait pourtant une armée contre lui, car
Matignon était aux ordres du roi. Heureusement, soit qu’il estimât son
gouverneur, soit qu’il jugeât prudent de ne pas s’aliéner son prochain
souverain, Matignon manœuvrait avec une excessive lenteur, laissant le champ
libre à son adversaire en évitant le combat.
    Malgré tout, son armée, avec celle du maréchal
de Biron qui tenait le Poitou et la Saintonge, appuyait celle de Mayenne.
    Les relations entre le roi de Navarre et Armand
de Gontaut, maréchal de Biron et premier baron du Périgord, étaient pour le
moins compliquées. Biron, qui appartenait à une famille depuis trois cents ans
fidèle aux rois de France, était catholique mais tolérant – sa sœur était d’ailleurs
protestante. Pourtant, quand il était lieutenant général de Guyenne, il s’était
attaqué à son gouverneur, allant même jusqu’à tirer au canon sur Nérac. Furieux,
le Béarnais avait obtenu du roi qu’il soit remplacé par Matignon. Malgré cette
querelle, les deux hommes s’étaient depuis rapprochés. Plus le temps passait, plus
Biron se rendait compte que Henri de Navarre serait sans doute son prochain roi.
Tout comme Matignon, désormais, il le ménageait.
    Face à ces trois armées, Navarre avait
toujours évité les batailles, car il savait qu’une défaite lui serait fatale. D’ailleurs,
depuis le début des guerres de Religion, jamais les armées protestantes n’avaient
battu les armées du roi, et plus personne n’envisageait que cela arriverait.
    Mais Mayenne, malgré la lenteur de Matignon, malgré
l’hiver, malgré la peste endémique, malgré le manque de ravitaillement, malgré
les loups, malgré le désordre de ses troupes, avait pris Castillon, Monségur, Montignac,
Tulle, et même le château de Saignat appartenant à Turenne. Terrorisant les campagnes,
son avant-garde fonçait à marche forcée sur Nérac pour prendre au piège le
Béarnais. Cerné, Navarre était maintenant acculé, comme le renard dans son
terrier.
    Le froid avait été
extrêmement rigoureux durant tout le mois de février, et il gelait encore très
fort à la mi-mars avec de la neige presque chaque jour. Ayant laissé son cheval
à un palefrenier et envoyé ses gardes se réchauffer aux cuisines, Rosny
traversa la cour jusqu’à la tour d’escalier qui desservait l’élégante galerie
ouverte aux arcs en anse de panier soutenus par des colonnes. La neige crissait
sous ses bottes ferrées.
    Une fois dans la galerie, il pénétra dans une
première salle enfumée par des torches et deux falots de fer suspendus par des
chaînes. Les
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