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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses
Autoren: Jean (d) Aillon
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le
masque de cuir de Pantalone qui laissait sa bouche découverte, arriva sur la
scène par une découpe du rideau du fond. Désignant d’un bras tendu le capitaine
Spavento, il s’exclama dans un ricanement :
    — Tu es surtout la crainte, la terreur et
l’épouvante des puces et des poux !
    La salle s’esclaffa tandis que Dottore, vêtu
de la longue robe noire des médecins, entrait à son tour suivi de son fils
Zanni, un beau jeune homme aux cheveux bouclés. D’une démarche chaloupée, il s’approcha
de Pantalone pour lui donner un soufflet… avec son pied gauche ! Pantalone
s’écroula dans une cabriole alors que l’assistance riait de plus belle.
    Le marquis et la marquise, au premier rang
avec le vice-podestat et le chancelier, pleuraient tellement de rire que les
comédiens eux-mêmes étaient pris par instants d’un fou rire incontrôlable.
    — Capitaine Spavento, vous avez dû
accomplir des exploits graaaandissimes ! déclara le Dottore, en s’inclinant
avec une emphase servile, pendant que son fils Zanni faisait d’insolentes
grimaces à la marquise de Gonzague.
    — Archigrandissimes, Dottore ! Si tu
savais combien cette main a laissé de spadassins en chemin, tu serais épouvanté !
répliqua l’autre, épée de bois brandie.
    À ces mots, Pantalone se redressa comme un
ressort pour se précipiter sur le Dottore. Les deux barbons roulèrent au sol en
s’écharpant et se donnant quantité de bruyants soufflets, tandis que Zanni
essayait d’aider son père et que le capitaine Spavento, terrorisé par la rixe, reculait
sous les cris et les larmes de rire de l’assistance.
    Comme cette confusion était à son comble, le
rideau de scène s’écarta et des comédiens en habit de valets entrèrent, qui
avec une viole, qui avec une boîte à musique, qui avec un tambour. En chantant
et dansant, ils entamèrent une ronde tourbillonnante autour des deux vieillards
qui continuaient à s’écharper.
    Soudain le silence se fit. D’une fente dans le
rideau, un joli minois venait d’apparaître, l’air inquiet, étonné. Puis le
rideau entier s’écarta et Isabella Andreini – dans la vie épouse de Francesco, le
capitaine Spavento – entra en scène.
    Comme toutes les femmes comédiennes, elle n’avait
pas de masque. Cela aurait été d’ailleurs dommage tant elle était éblouissante.
Brune, ses cheveux négligemment repliés sous un grand bonnet, d’une belle
taille, la gorge plantureuse à peine dissimulée sous deux ou trois aunes de
gaze, des yeux d’une singulière expression. Isabella était d’une perfection qui
provoquait des exclamations d’admiration.
    À vingt-cinq ans, sa réputation n’était plus à
faire, tant en Italie qu’en Espagne ou en France. Non seulement sa beauté était
stupéfiante, mais c’est elle qui écrivait les spectacles des Gelosi et qui en
composait la musique. Elle avait aussi publié plusieurs recueils de poèmes très
réputés. Toutes les cours d’Europe invitaient les Gelosi pour la rencontrer.
    — Capitaine Spavento ! C’est mon
ancien amant qui revient ! minauda-t-elle, alors que les deux vieillards
cessaient leur rixe.
    — Ton amant ? Mais il revient pour
moi ! lança une voix claire.
    Une charmante jeune fille entra à son tour, un
panier au bras. Un air de vierge blonde, de grands yeux bleus pleins d’effronterie,
une peau éblouissante, une taille souple et des dents d’ivoire : c’était
Gabriella Chiabrera, la seconde dame de la troupe, dans le rôle de Zerbinette.
    — Que dis-tu ? Va plutôt t’occuper
de tes marmites ! lui ordonna sèchement Isabella.
    — Vas-y toi-même, fournaise de luxure !
éclata Zerbinette en posant son panier et prenant la salle à témoin.
    — Approche-le, lança fièrement Isabella, en
désignant le capitaine Spavento – qui prit un air avantageux – et je te casse
la caboche !
    — Essaie et je te fracasserai la tête et
la cervelle ! répliqua Zerbinette, les poings en avant, alors que les deux
vieillards simulaient la terreur en se serrant l’un contre l’autre.
    — Que le chancre me mange si je ne te
coupe pas la chair et les os ! menaça Isabella en sortant un grand couteau
de théâtre qui fit rire le public.
    — La putain galeuse me menace ! s’exclama
Zerbinette, les mains sur les hanches.
    — Babillages de femmes, je vous aime
toutes deux, fit Spavento, s’avançant d’une démarche chaloupée.
    — Tu m’aimes vraiment ? lui demanda
tendrement
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