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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses
Autoren: Jean (d) Aillon
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éclairait un peu. Il fallut plusieurs heures pour amener les
pièces et les chariots de boulets. À six heures du matin, une faible luminosité
apparut. Les affûts n’étaient pas encore en place et Olivier comprit qu’ils ne
seraient jamais prêts avant le début de la bataille. Un peu plus bas, autour de
lui, il entendait les chevaux hennir et les interjections des soldats qui se
mettaient en place, régiment par régiment, compagnie par compagnie.
    Vers sept heures, comme la brume se déchirait,
la plaine en contrebas lui apparut dans sa totalité. Elle était fort petite, d’environ
cinq cents toises de côté. Ils avaient dans leur dos le village et la
confluence de la Dronne et de l’Isle. En face s’étendaient des bois. C’est de
là qu’était arrivé l’ennemi.
    L’armée catholique était déjà presque
entièrement rangée. Aux premiers rangs paradaient des gentilshommes aux casques
surmontés de bouquets de plumes flottantes. Ils paraissaient chamarrés d’or et
d’argent, avec leurs écharpes multicolores, ou brodées de croix de Lorraine
brillantes sur leurs cuirasses étincelantes. Leurs chevaux pomponnés, richement
harnachés, étaient habillés de housses passementées de toutes les couleurs. Quant
aux armes – épées et lances qu’ils tenaient à la main –, elles étaient souvent
dorées et étincelaient de mille feux. Les drapeaux et les enseignes étaient
innombrables. La plupart de ces gentilshommes étaient en armure ciselée, certains
avec d’inutiles chaînes d’or et médailles. Ils se pressaient, riaient, cavalcadaient
en désordre, tous joyeux d’exterminer des hérétiques. Quant aux fantassins et
arquebusiers, ils étaient excessivement nombreux.
    Par instants parvenaient jusqu’à Olivier les
rodomontades des plus arrogants. Cela lui faisait penser aux Gelosi, à Matamore
et au capitaine Spavento. Seulement, il n’était pas au théâtre et l’ennemi
était vraiment : la crainte, la terreur et l’épouvante.
    Il frissonna d’inquiétude et de froid, et son
regard se porta sur ses propres troupes. Les huguenots étaient vêtus de tenues
grises et ternes, sans aucun apparat. Les officiers n’avaient que des cuirasses
de buffle ou de fer noirci. Les chevaux n’avaient pas de housse, et même le roi
de Navarre, qu’il aperçut vêtu de blanc, entouré des princes, ses cousins, n’arborait
qu’un plastron d’acier cabossé et un casque à visière tout autant bosselé. Sa
seule coquetterie était dans les grands panaches de longues plumes blanches
attachées sur son casque et pendantes sur ses épaules.
    Pour dompter sa frayeur, Olivier entreprit de
caler complètement la couleuvrine sur son affût. L’effort le calma et le
réchauffa, mais il s’inquiétait aussi pour le moral des soldats. Ses compagnons,
un vieux sergent et huit hommes d’armes, observaient le silence. Ils
ressentaient autant d’angoisse que lui. Tous se doutaient qu’il n’y aurait pas
de quartier. Joyeuse avait suffisamment montré sa férocité dans le passé.
    Pourtant Navarre avait rassuré ses troupes :
    — Que pensez-vous de cette troupe dorée ?
avait-il plaisanté avec ses soldats les plus proches. Ne vous réjouit-elle pas ?
Je crois voir la troupe des immortels de Darius… et il me semble que nous
ressemblons pas mal aux Macédoniens !
    À huit heures, les troupes des deux camps
étaient finalement complètement disposées. L’artillerie catholique commença à
tirer cinq ou six volées, mais placée trop bas et mal servie, aucun boulet ne
porta. Le tir s’arrêta et Navarre vit que Joyeuse donnait ordre de déplacer les
canons. Cela prendrait bien un couple d’heures, songea-il avec satisfaction. D’ici
là, la bataille serait terminée !
    Rosny déboula au galop.
    — Où en es-tu, baron ? lui lança le
roi.
    — La grosse couleuvrine est en place, sire.
M. Hauteville calcule les angles de tir, mais il reste encore un canon à
caler solidement. Nous avons dû le déplacer, car il était instable. Il faudra
encore les charger. J’y retourne !
    — À quand la première salve ? Eux ne
nous laisserons pas de répit ! cria Condé, impatient.
    — À neuf heures au plus tard, monseigneur,
je vous le promets !
    — Dis à Hauteville de se surpasser, conseilla
Navarre. Ils sont sacrément nombreux !
    Il n’ajouta pas ce qu’il pensait : Beaucoup
trop pour nous !
    Rosny repartit. En face, un mouvement se
faisait. Les cavaliers étaient impatients
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