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La Fausta

Titel: La Fausta
Autoren: Michel Zévaco
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qui avait peut-être duré trois secondes, Pardaillan se mettait en marche ! Il ne choisissait pas ! Il allait droit devant lui, ne s’inquiétant pas de frapper, laissant à la masse énorme le soin de choisir des victimes, dans le bondissement échevelé de la bande disloquée, émiettée, éperdue d’épouvante !
    Lorsqu’il atteignit l’autre extrémité de la grande salle, il se retourna et se reposa une seconde sur sa masse, et il apparut ruisselant de sueur, un râle aux lèvres, son large torse soulevé par l’effort précipité de la respiration, sa tête pâle terrible à voir avec le flamboiement d’éclairs, jailli de ses yeux, ses narines dilatées, le rire de silence et de démence, le rire épouvantable qui lui retroussait les lèvres…
    Il se reposa une seconde. Et dans cette seconde, comme à travers un brouillard rouge, il vit sur le plancher une douzaine de corps recroquevillés dans des poses de terreur, il vit le plancher jonché d’épées brisées et de masques en treillis de fer, il vit de larges flaques de sang, et sur les murs, des éclaboussures rouges… Et contre un des panneaux, à l’endroit sans doute où se trouvait la porte, quelques hommes qui furieusement frappaient du pommeau de leurs épées, qui appelaient de leurs voix délirantes d’angoisse !…
    La porte fermée par un mécanisme ne s’ouvrait pas !… Suprême précaution de Fausta qui avait voulu la mort de Pardaillan, sans espoir de fuite… peut-être sans possibilité qu’elle cédât elle-même à la pitié !…
    La porte ne s’ouvrait pas !… Les clameurs de l’orgue et des chants funèbres couvraient le tumulte des appels… Et si on les entendait, ces appels, on supposait que Pardaillan essayait une défense désespérée… et qu’il en tuait quelques-uns avant de mourir !…
    Il comprit cela, lui ! Et ils le comprirent aussi, eux ! Car cessant tout à coup leurs vains appels, ils se réunirent en groupe, et farouches, avec des imprécations sauvages se ruèrent sur lui…
    Deux pas en avant ! Et la masse se lève ! Cette masse que le bourreau a de la peine à soulever pour la laisser retomber une seule fois, la masse énorme recommence à tournoyer ! Impossible d’approcher l’homme !… Ils reculent !… Et lui se remet en marche !
    Il marcha d’un bout à l’autre de la salle et, brusquement, il fut secoué d’un rire nerveux : dans la fuite affolée, entrechoquée, bondissante, trois hommes encore venaient de tomber dans le trou noir !… Ils n’étaient plus que sept ou huit.
    Et ceux-là étaient ivres d’épouvante, sans voix, à force de hurler leur désespoir…
    Par trois fois encore, ils essayèrent de se ruer sur lui, de l’atteindre où ils pouvaient, au bras, au visage, aux jambes… A chaque fois, c’était un crâne qui sautait ! La masse accomplissait sa besogne, tournait, rencontrait une tête, une épaule, un bras, fracassait, broyait… Et tout à coup, Pardaillan vit qu’il était seul debout !… Alors sa masse lui tomba des mains. Il essaya de la soulever sans y parvenir, et murmura :
    — Comment ai-je pu porter cela ?…
    Il regarda autour de lui. Et comme il avait du mal à respirer, il arracha le col de son pourpoint. Alors seulement, il vit l’effroyable massacre, et de pâle qu’il était, il devint livide. Une sorte de haine se déchaîna en lui contre la femme — une femme ! —, la femme qui avait causé ces horreurs. Pendant un laps de temps qu’il ne put apprécier et qui dura peut-être une minute, il fut en proie à une folie de haine, et si Fausta lui fût apparue en ce moment, il l’eût tuée…
    Puis il se calma, essuya de ses mains son visage rouge couvert de sueur, et il murmura :
    — Pauvres gens !
    Il s’essuya encore, croyant qu’il y avait encore de la sueur sur ses joues, et il s’aperçut qu’il pleurait…
    Dans le palais, les voix funèbres psalmodiaient sa mort… Tout à coup, un grand silence se fit. Pardaillan comprit qu’on allait venir, qu’on allait ouvrir la porte et s’assurer que la besogne était terminée, c’est-à-dire qu’il avait été tué et précipité dans le fleuve. Cette pensée le fit tressaillir et lui rendit son sang-froid, en même temps qu’elle lui permit d’apprécier avec plus de justice la situation morale qui lui était faite.
    — Chacun défend sa peau comme il peut, grogna-t-il C’est ici un champ de bataille. J’ai tué pour ne pas l’être. Mais puisque j’ai
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