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La Fausta

Titel: La Fausta
Autoren: Michel Zévaco
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ainsi jeté produisit sur l’esprit de Claude un effet comparable à celui que le violent révulsif du petit vieux avait produit sur son corps. Il eut une sorte de grondement. Ses poings énormes se serrèrent.
    — Vous dites : Violetta ! fit-il haletant.
    — Oui ! dit Pardaillan dans un souffle. Si vous l’aimez, faites ce que je dis : entrez au
Pressoir de fer
, rejoignez-y le duc d’Angoulême, et tous trois, allez m’attendre à la
Devinière
. Silence ! On nous écoute…
    En même temps, Pardaillan prit une main de Farnèse, une main de Claude et les entraîna :
    — Venez, dit-il, n’avez-vous pas entendu que la glorieuse Fausta vous fait grâce ?…
    Les deux hommes marchèrent. Que leur arrivait-il ? Qu’était-il arrivé ? Où allaient-ils ? Qui était cet homme ? Ils ne savaient plus rien. Dans leur tête, il n’y avait que du vide…
    Quelques instants plus tard, ils atteignaient le grand vestibule, traînés par le chevalier, qui lui-même était guidé par l’homme de Fausta. Toutes ces salles, ces couloirs qui se succédaient semblaient déserts. Mais dans le vestibule, il y avait une vingtaine de gardes. La porte, la grande porte de fer s’entrouvrit. Dans le même instant, Farnèse et Claude se trouvèrent dehors, tandis qu’un homme disait à haute voix :
    — Allez et bénissez la souveraine qui vous fait grâce de par l’intercession de M. le chevalier de Pardaillan !…
    Si peu de temps que la porte de fer eût été entrouverte, le chevalier en eût peut-être profité pour faire ce qu’il appelait une trouée à travers les gardes massés et se précipiter dehors. Il fut retenu par cette réflexion que dans l’état où se trouvaient les deux condamnés graciés, il n’y avait pas de défense à espérer de leur part. Ils seraient poursuivis, rattrapés, et tout ce que venait de tenter Pardaillan serait inutile.
    Il laissa donc la porte se refermer, et suivant le même homme qui l’avait guidé, il se retrouva quelques instants plus tard en présence de Fausta. Il s’inclina devant elle, non sans émotion, et lui dit :
    — Madame, c’est fait : ces deux malheureux sont libres. Vous venez d’acquérir à ma reconnaissance des droits que je n’oublierai jamais…
    Et comme Fausta ne répondait pas, abîmée qu’elle était dans quelque lointaine rêverie :
    — Si peu que je sois, continua-t-il, si puissante et glorieuse que vous soyez, qui sait si cette gratitude du pauvre chevalier ne vous sera pas un jour de quelque utilité ?…
    Fausta tourna légèrement la tête de son côté et dit :
    — Où est le moine Jacques Clément ?…
    — Il est libre, madame, répondit Pardaillan sans hésitation. Aussi libre que le cardinal et le bourreau qui sortent de ce logis. Madame, continua-t-il, et une flamme d’intrépidité et d’audace empourpra son visage, libre à vous de me considérer comme un otage. Mais il ne sera pas dit que je vous aurai trompée après l’acte de générosité que vous avez accordé à mon humble prière. En vous l’avouant je me retire sans doute tout espoir de salut, mais sachez-le : Jacques Clément n’a jamais été en mon pouvoir, et il n’est pas davantage en ce moment au pouvoir du duc d’Angoulême…
    — En sorte, dit Fausta, que je puis donner l’ordre de vous mettre à mort sans que les projets du moine sur Henri III en soient interrompus ?…
    — Vous le pouvez, madame !
    Et Fausta, de cette voix sans expression qui faisait frissonner les plus braves, reprit :
    — Je vais donc donner cet ordre. Apprêtez-vous à mourir, chevalier !…
    Pardaillan, d’un geste lent, tira sa rapière, regarda Fausta en face, et dit :
    — Je suis prêt, madame !…
    Fausta se leva et s’approcha de Pardaillan.
    Celui-ci la reconnut à peine…
    Ce n’était plus la statue glaciale et glacée. Ce n’était plus cette synthèse d’orgueil, cette figuration de majesté qui faisait courber les fronts et inspirait la terreur. Celle qui venait vers lui, c’était une femme dans tout l’éclat de la beauté qui s’exalte, dans toute la magnificence de l’amour qui se déchaîne et qui s’offre !…
    Les yeux de cette femme, ces splendides yeux noirs pareils à des diamants noirs versaient de la passion en jets de flamme. Ces yeux pleuraient. Des larmes lentes, silencieuses et brûlantes qui s’évaporaient au feu des joues.
    Pardaillan, des deux mains, s’appuya sur la garde de son épée dont la pointe
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