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La Fausta

Titel: La Fausta
Autoren: Michel Zévaco
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se trompait : c’est lui qui avait peur…, peur du silence, de la solitude, de l’inconnu. Brusquement, il fut rassuré. Il venait enfin de pénétrer dans une salle aux murailles nues, sinistre, coupe-gorge ou prison… mais dans cette salle, il y avait des hommes, des gens en chair et os, bâtis comme lui !… Il respira longuement et se mit à rire, tout en tombant en garde.
    — Par les boyaux du diable, j’ai failli avoir peur, dit-il.
    C’était pourtant le moment d’avoir peur : ces gens étaient au nombre d’une trentaine. Ils étaient armés d’épées et de poignards. Ils se tenaient debout, tout autour de la salle, contre les murs. A l’entrée de Pardaillan, aucun d’eux ne fit un geste. Et dans la minute qui suivit, il eut le temps de bien se rendre compte de sa situation. Elle était terrible.
    D’abord, la porte, comme toutes les autres venait de se fermer. Ensuite au milieu, au beau milieu du plancher s’ouvrait un trou carré. Au fond de ce trou, il entendait mugir les eaux de la Seine. Enfin, tout autour de lui, des gens armés. S’il faisait un faux pas en se défendant, il tombait dans le trou. S’il bougeait en avant, en arrière, à gauche et à droite, il se heurtait aux aciers qui luisaient confusément dans cet antre à peine éclairé !… Pardaillan se trouvait en effet dans la salle des exécutions, c’est-à-dire dans cette salle même où maître Claude avait pénétré pour étrangler Violetta et la précipiter ensuite dans le fleuve, dont les flots venaient se heurter aux soubassements du palais avec un murmure confus.
    Il y eut, comme nous l’avons dit, une minute de silence.
    « Si je pouvais seulement m’acculer à un de ces angles ! » songeait Pardaillan.
    Brusquement retentit de l’autre côté des murs un bruit éclatant et prolongé, semblable au bruit que peuvent faire deux cymbales violemment heurtées l’une contre l’autre. Alors les statues adossées aux murs s’animèrent et se mirent en mouvement, les épées en garde : dans le même instant, Pardaillan se vit au centre d’un vaste cercle d’acier.
    Ce cercle se resserra sans hâte. Chacun de ces hommes, l’épée nue en avant, marchait vers le trou noir qui béait. Ils ne semblaient pas voir Pardaillan, ni s’occuper de lui. Seulement, la manœuvre apparut au chevalier d’une admirable simplicité : de quelque côté qu’il se tournât, il avait une pointe sur la poitrine. C’était sûr : il allait être lardé de coups d’épées, et à force de reculer, il lui faudrait bien sauter dans le trou !…
    Tout cela, Pardaillan le vit et le comprit en deux secondes.
    Au moment même où les statues s’animaient et se mettaient en mouvement, il se rua en avant pour franchir le cercle d’acier, et porta devant lui deux ou trois coups de pointe. Et un frémissement de terreur le parcourut cette fois des pieds à la tête : il était sûr d’avoir touché deux de ses assaillants… de les avoir touchés à mort !… Et aucun ne tombait !…
    Il comprit que tous ces hommes étaient vêtus de cottes de mailles qui les rendaient invulnérables, sauf au visage !… Et ces visages, alors, il les regarda. Car il eut le temps de les regarder ?… Car les assaillants avançaient avec une effroyable lenteur… Et cette fois l’épouvante se glissa dans son cœur…
    Car ces visages immobiles » sans un pli, sans expression, pareils à des visages de morts, il comprit que c’étaient des masques… Non, même pas au visage, il ne pouvait atteindre les formidables statues qui marchaient sur lui, lentement, combien lentement !…
    Il jeta un rapide coup d’œil derrière lui. Il était à trois pas du trou carré ouvert pour le recevoir. Une deuxième fois, il se rua, silencieux, haletant, les cheveux hérissés… Et il recula : aucun des hommes n’était blessé, et lui venait d’être touchera l’épaule, au, défaut de sa cuirasse de buffle.
    Il se ramassa sur lui-même…
    Le cercle d’acier se resserra encore un peu… les statues venaient de faire deux pas, et maintenant, le cercle très étroit se composait de deux ou trois hommes en profondeur.
    A ce moment, des mystérieuses profondeurs du palais s’éleva un chant funèbre, comme si un grand nombre de moines ou de prêtres fussent rassemblés pour un
De profundis
. En même temps, une cloche se mit à sonner le glas et les mugissements d’un orgue se déroulèrent en larges volutes d’une musique plaintive et
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